Chapitre V - Je crois qu'on s'est tout dit

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-La terre appelle Pansy Parkinson ! hurla Daphné qui commençait à s'impatienter.

-Je t'entends, pas la peine de gueuler à pleins poumons, grimaça l'intéressée qui gardait les yeux attachés à sa contemplation.

-Et tu peux me dire ce que la porte a d'intéressant ?

-Et tu peux la fermer un moment ? Merci bien.

Camille Flint éclata de rire sur son lit tandis que Millicent pouffa un peu bêtement. Pansy voulait juste la paix, c'était trop demandé ? Elle devait penser. Réfléchir à ce qui venait de se passer. Se perdre dans un point fixe et se plonger dans sa conscience était le meilleur moyen d'y arriver, mais des amies aussi insistantes, c'était peine perdue.

-Laisse-la, elle médite, dit Camille entre deux fous rire.

-Ouais, c'est ça, murmura la brune en détachant son regard de la porte et s'emparant de son sac.

Elle se leva et se dirigea vers la sortie quand Daphné lui attrapa le poignet et la retourna de force.

-C'est Drago qui te met dans cet état ?

-Occupe-toi de tes affaires, la rembroua-t-elle et elle se dégagea de son emprise avec véhémence.

Une lueur de déception se refléta dans les iris bleues de la jeune fille. De toute évidence, elle l'avait vexée. Elle claqua la porte derrière elle sans même prendre la peine de s'excuser.
Pansy remonta les escaliers humides des cachots à grands pas et prit le chemin de la bibliothèque sans y croiser personne. Là-bas, au moins, elle serait sûre d'y trouver la tranquillité. Mais c'était sans compter sur sa chance toujours légendaire de voir ses projets s'écrouler au moment le plus critique.

-Pansy !

-Vous pouvez me foutre la paix un peu, merde ! s'écria-t-elle en se retournant, une envie de tout détruire la saisissant brutalement.

Elle regretta immédiatement sa réaction lorsqu'elle vit Blaise hésiter entre s'avancer vers elle ou s'enfuir en courant. Quelle idiote, mais quelle idiote, mais quelle idiote. Au moins, elle était sûre de ne plus recevoir de poèmes pendant au moins trois jours.

-Quoi ? lâcha-t-elle finalement, rouge de honte mais toujours aussi agacée.

Évidemment, elle devait le croiser lui. Le destin se jouait d'elle.

-Je... je voulais te redonner la plume que tu as laissé en classe l'autre jour.

Il lui tendit son instrument et elle la saisit, touchée par la douceur de sa voix. Elle ne s'était même pas aperçue de l'absence de l'instrument.

-Merci.

Elle se sentait bien plus calme à présent. Espèce de bipolaire.

-Et euh... tu savais qu'il y avait une sortie au Pré-au-Lard bientôt ?

Pansy se mit à le dévisager. Il avait enfoncé les poings dans ses poches et déviait le regard chaque fois que ses yeux tentaient de rentrer en contact avec les siens.

-Oui, et ?

-On pourra y aller ensemble ?

Il aurait rougi si sa peau chocolat ne dissimulait pas sa gêne. Quant à elle, et bien... elle s'était attendue à tout sauf à ça. Elle avait prévu d'y aller avec Drago, Théo et Daphné mais ne leur avait encore rien promis. Y aller avec Blaise, c'était... bizarre. Vraiment très bizarre. Non pas que lui soit bizarre, ou un autre truc du genre, c'était juste leur relation qui était bizarre. Et si on rajoutait les poèmes et la rose, ça devenait carrément excentrique.

-Euh... ben...

Elle passa une main dans ses cheveux déjà bien emmêlés et poussa un soupir bruyant. Elle pensa à l'opportunité de le questionner sur le pourquoi des poèmes mais se demandait si elle allait avoir assez de courage pour le faire. Et puis... qu'avait-elle à y perdre, au final ?

-Ok.

-C'est vrai ?

Un sourire radieux éclaira son visage. Elle hocha la tête et se força à sourire.

-Super, du coup on se rejoindra aux Trois Balais ?

Elle n'était pas particulièrement fan de cet endroit, le jugeant trop bruyant et nid à Gryffondors mais accepta puisque rien d'autre ne lui venait à l'esprit.
Il partit plus heureux qu'il n'était venu. Pansy se trouva dans l'incapacité à réfléchir correctement et se tint là, au milieu du couloir, ne trouvant rien de mieux à faire que fixer le recoin où Blaise avait disparu.

Un rendez-vous avec Blaise Zabini. Elle se sentait prête à s'évanouir.

-Les Trois Balais, sérieusement ?

Elle se retourna vivement, le regard prêt à découper tout ce qui passait devant elle. Sauf que, devant elle, il y avait justement Drago Malefoy. Un Drago Malefoy au visage fermé et sévère. Un Drago Malefoy qu'elle n'aimait pas voir. Elle, elle préférait l'autre version. Celle souriante, heureuse.

-Tu sais que ça ne se fait pas d'écouter les conversations des autres ?

Elle se dit qu'elle n'était peut-être pas la meilleure pour dire ça, mais de toute manière, il ne pouvait pas savoir.

-Et puis d'abord, qu'est-ce que ça te fais ? reprit-elle en ne lui laissant pas le temps de répondre.

Elle ne savait pas pourquoi, mais aujourd'hui, il l'énervait. Ses mains dans ses poches, sa beauté naturelle, les cernes sous ses yeux, tout l'énervait. Ses lèvres aussi, qui lui donnaient envie de se jeter sur lui pour les embrasser. Sans compter son attitude de « tu m'as dit que tu m'aimais mais je fais comme si je n'avais rien entendu. »

-Je me rappelle juste la fois où tu as piqué une crise parce que j'avais invité Flint à passer une journée avec moi.

-Camille est une traînée, c'est une vérité générale. C'était différent et tu le sais.

-La mère de Zabini était une prostituée autrefois, peut-être que c'est de famille, dit-il avec un sourire mauvais.

-Une de tes tantes est une traîtresse et l'autre est une folle dingue emprisonnée à Azkaban depuis quatorze ans, tu tiens de qui tu crois ?

Son sourire se décomposa immédiatement. Elle sut qu'elle était allée trop loin quand il s'approcha, menaçant. Son ombre la recouvrit.

-Tu veux qu'on parle de ton cousin et ses idées en défense des moldus ?

-Laisse-moi te faire une petite piqûre de rappel et prononcer le nom de Sirius Black. Tu as de son sang, c'était le cousin de ta mère après tout.

La gifle partit. Une vive douleur se propagea sur la joue de Pansy, comme des millions de petites aiguilles transperçant sa peau, mais elle resta sur pied, la tête légèrement inclinée sur le côté. Heureusement qu'il ne l'avait pas frappée fort ou il l'aurait projetée de l'autre côté du couloir.

-La prochaine fois que tu salis le nom de ma mère, je te jure que cette gifle ne sera rien à côté de ce que je te ferai.

Elle se redressa et le fixa avec des yeux emplis de mépris.

-Ah oui ? Tu feras quoi ? Me frapper encore et encore ? Tu veux ressembler à ton père ?

Du coin de l’œil, elle vit son poing se serrer mais il se retint de faire le moindre geste. Il était à bout, mais elle voulait gagner cette bataille. Lui montrer qu'elle ne lâcherait rien et que ce n'était pas lui qui la soumettrait.

-Je pense qu'on s'est tout dit, cracha-t-il.

Cette phrase lui brisa le cœur en millions de petits morceaux. Il lui lança un dernier regard de haine et partit.

Voilà. Elle avait tout gâché.

Encore une fois.

𝓝𝓸𝓼 𝓯𝓵𝓮𝓾𝓻𝓼 𝓸𝓷𝓽 𝓯𝓪̂𝓷𝓮́ [Dransy] - 𝔒𝔲𝔯 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant