Chapitre XXII - Nous sommes des Serpentards

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26 février 1996,
Cher journal
Cela fait trois mois que j'aurais du écrire dans ce journal, mais je n'en avais pas la force. J'ai perdu un enfant que j'étais prête à quérir et aimé, j'ai déshonoré une famille que je hais. Pourtant je continue de vivre sous leur toit. Je n'ai nul part d'autre où aller. Théo m'a pourtant proposé de m'installer chez lui, mais claquer la porte de mon Manoir me demande un courage que je n'ai pas. Dorian est là, pour le moins. Il a toujours été là.
Mes parents ont maintenu les fiançailles avec Blaise, qui avaient été faites avant ma fausse couche. Je suppose que c'est une sorte de vengeance pour toutes mes accusations. Au final, j'accepte mon sort. Mon avenir est détruit, ma vie est détruite, mon âme est salie alors pourquoi lutter contre quelque chose qui reviendra forcément vers moi ? Je crois que je suis maudite.


5 mai 1996,
Cher journal
L'année touche à sa fin. Mes parents s'absentent souvent pour se retrouver dans de absurdes réunions de sang pur. Pour le moment, ils ne semblent pas s'intéresser à mes fiançailles.
Parler de Drago me résulterait trop dur, alors je me contente de l’omettre de ma vie. C'est ce qu'il a fait avec moi des années, alors pourquoi se gêner.
Je crois que j'ai voulu être quelqu'un sans lui. J'ai voulu prouver que j'étais Pansy Parkinson, avec ou sans sa compagnie. Je suis en train de me rendre compte qu'en fait, je ne suis rien. Il était moi. Il était ma vie, mes espoirs. Depuis que j'ai mis un point final à notre histoire, j'ai l'impression de n'être rien d'autres qu'un pion que l'on bouge par plaisir.
C'est peut-être ce que je suis au final.


1 septembre 1996,
Cher journal
Notre héros Harry Potter ne s'est pas pointé à Poudlard cette année. Rogue est notre directeur de maison. Je suis contente que ce soit lui, il n'y aura plus de discrimination envers notre maison à présent. Les Carrow se chargent de nous donner cours de Défense contre les forces du Mal. Ils peuvent être divertissants quand ils veulent. Au moins, je n'ai pas à faire des efforts. Ils me laissent tranquilles, même si Alecto aime bien me bassiner à propos de mon futur mariage. Souvent, il s'arrête sous le regard noir de Drago.
Pour moi, aucun regard. Je ne demande pas mieux. J'ai même oublié comment ça faisait de détailler ses iris grises.
Merde. Je n'étais même pas censé parler de lui.


5 février 1997,
Cher journal,
Cinq mois que je n'ai pas écrit dans ce journal. Je crois que je n'en ai plus besoin. Désespérer devient une habitude. Une fois que la tristesse s'est emparée du corps, elle ne le quitte plus jamais. On s'y fait. Ça fait mal au début, puis les larmes disparaisse quand les yeux se rendent compte que pleurer est la chose la plus inutile du monde. Le contact des gens devient désagréable, la solitude remplace les amis. Daphné et Théo filent le parfait amour, Camille et Millicent sont devenues inséparables. Je me demande même s'il n'y a pas quelque chose d'autres derrière leur regard en coin et leur sourire empli de sous entendu. Plus que l'amitié. Je suis peut-être fatiguée d'enquêter mais je n'ai pas oublié de réfléchir non plus. Enfin. Tant qu'elles sont heureuses.
Comme ça, je me retrouve seule.
J'ai l'habitude, à force.

26 avril 1996,
J'ai pensé abandonner ce journal un moment puis je me suis dit qu'il était le seul témoin de ma chute infernale. Un jour quelqu'un tombera dessus et s'en inspirera pour écrire une histoire, qui sait. J'ai lu un roman comme ça. Il était bien.
Cela fait une semaine que je suis retournée à Poudlard. Camille m'a avouée que elle et Millicent c'était pour la vie. J'ai compris. J'ai souri pour elle puis je me suis couchée. Je pense qu'elle a deviné que mon sourire était la seule chose que je pouvais lui donner.
Il m'arrive de penser à Drago. Un peu. Je ne devrais pas, sachant que je me marie cet été. Mes parents se sont enfin penché sur la question, sans grand enthousiasme. Ils ont la tête ailleurs ces derniers temps. Dorian est occupé par son travail, et moi par mes pensées sombres.
Pourquoi vivre une vie comme ça. Un jour je vais craquer. Tout envoyer en l'air, me tailler les veines et mourir sur le beau tapis persan de mon père. Plus les jours passent et plus cette envie devient forte.
Un jour je le ferai. Quand, je n'en sais rien, mais un jour. D'ici là, ce qu'il me reste à faire, c'est me lever le matin. C'est le seul effort qui requiert ma volonté. Le reste, je laisse les autres le gérer.
C'est ce que font les pantins après tout.



Quelques semaines plus tard...


La foule s'était faite dense et paniquée. Rusard avait mené tous les Serpentards en dehors de la Grande Salle mais ne contrôlait plus rien à présent. Potter avait fait son show, le Seigneur des Ténèbres s'était manifesté. La guerre avait commencé.
Pansy devina que le mieux à faire était se rendre dans la Salle Commune. Elle se fraya un chemin dans un groupe de Serdaigle hystérique, n'hésitant pas à pousser quelques premières années au passage. Drago n'était pas revenu depuis les vacances de Pâques, Daphné non plus mais beaucoup de personnes était retourné à Poudlard ce soir là. Il n'y avait plus de doute. Tout ce déciderait cette nuit. Pansy avait quelques heures pour décider dans quel camp elle se battrait.
Elle arriva près des cachots en sueur. Warrington se tenait à l'entrée, sa baguette à la main.

-Parkinson, s'exclama-t-il en la voyant arriver. Passe vite avant que Rusard ou un des professeurs ne débarquent. Descend, tous les Serpentards sont dans la Salle. Je vais fermer l'entrée après m'être assuré que tout le monde est là.

-Combien en manque-t-il ?

-Seulement les jumeaux Fawley, maintenant que tu es là.

-Mais les jumeaux sont parti l'année dernière, affirma-t-elle en fronçant les sourcils.

-Ils reviennent pour nous aider. C'est la guerre.

Elle hocha gravement la tête et passa à ses côté. Au moment où elle passait à ses côté, il lui attrapa le bras.

-Drago est revenu lui aussi.

Déjà que son visage était pâle, le peu de couleur qui lui restait disparut.

-Bien, fit-elle froidement.

-Tu es une sorcière douée. Ne laisse pas cet idiot te déconcentrer. Serpentard a besoin de toi.

Elle se dégagea de son emprise et descendit les escaliers humides sans avoir pris la peine de lui répondre. Visiblement, Warrington avait déjà fait son choix. Il allait se battre aux côtés des Mangemorts.
Dans la Salle Commune, les murmures se propageaient comme des poignets de poudre. Les préfets maintenaient le calme entre les élèves, ainsi que les plus âgés qui étaient venu épauler leur maison. Pansy salua plusieurs connaissance avant d'apercevoir Daphné un peu plus loin. Le visage de sa meilleure amie s'illumina dès l'instant où leurs yeux se rencontrèrent.

-Comme tu m'as manquée !

Elle se jeta sur elle, à la limite de l'étouffer. Pansy eut un rire forcé puis la força à s'éloigner. Les contacts n'étaient plus trop son truc.

-Ça va ? demanda-t-elle innocemment.

-Quelle question.

-Je ne suis même pas censée être ici. Mes parents m'ont interdit de sortir du Manoir depuis septembre déjà.

-Alors qu'est-ce que tu fais là ?

-Je ne pouvais pas vous laisser combattre seuls.

Pansy lui adressa un sourire reconnaissant puis se dirigea vers Théo un peu plus loin. Ce dernier observait les élèves de sa maison avec un air inquiet.

-Protège-la, lui ordonna-t-elle dès qu'elle arriva à sa hauteur.

-J'aurais préféré qu'elle reste chez elle, annonça-t-il d'un air sombre.

-C'est pour ça. Fais en sorte qu'elle puisse y retourner.

-Et toi ? Qui va te protéger ?

Mais ce n'était pas Théo qui avait parlé. Pansy fit volte face et se retrouva nez à nez avec Drago, la bouche ouverte de surprise.

-Moi-même, trancha-t-elle finalement sur un ton cassant.

-Je ne rigole pas, Pansy. C'est dangereux.

-Si je meurs ce soir ce ne sera une perte pour personne.

Elle alla pour se retourner quand il la força à lui faire face. Ses doigts s'agrippaient à son bras avec nervosité.

-Je t'interdis de dire ça.

Elle se dégagea avec violence.

-Fou moi la paix, tu seras gentil.

Il la regarda partir tristement. Pansy sentit son regard lui brûler le dos jusqu'à ce qu'elle puisse se réfugier derrière un groupe d'anciens élèves pour souffler un peu. Plus loin, elle aperçut Blaise se diriger vers le blond d'un air préoccupé. Elle détourna sa tête aussitôt. Lui ne l'avait même pas remarquée.
Un tintement étrange résonna entre les murs des vert et argent pour imposer une fois pour toute le silence. Warrington se dressa sur la table principale, en chef face aux élèves de Serpentards.

-Ce soir, nous devons choisir pour qui nous allons nous battre, déclara-t-il avec une voix forte.

-Ce n'est donc pas évident ? demanda Marcus Flint, alors debout aux côtés de ses deux sœurs, Camille et Leila.

Là où était Camille ne se trouvait jamais loin Millicent. En effet, après un rapide coup d’œil, elle la vit quelques mètres plus rien, le visage livide.

-Pour certains non. Mais je suppose que l'on finira tous d'accord sur le fait que nous avons tous bien plus à gagner du côté du Seigneur des Ténèbres.

Tous hochèrent la tête, certains allant même jusqu'à clamer l'auteur de ces paroles. Pansy lâcha un petit rire qui fut entendu par ce-dernier.

-Un problème Parkinson ?

-Ouais.

Tous se tournèrent vers elle mais cela ne la perturba pas. Elle fixait yeux dans les yeux Warrington avec un air de défi.

-Vous êtes tous misérables. Vous ne voyez que votre propre bien, qui serait plus probable de gagner ou non.

-Évidemment. C'est ce que tout le monde fait dans une guerre, non ?

-Pauvre idiot, il n'y a que toi pour penser ça. Les gens se battent pour une cause, une vraie, toi tu n'en as aucune, ni aucun de vous !

-Parce que toi tu en as ? Quelle est ta cause, dis-moi ?

Le silence qui suivit fut un des plus respectables qui puissent exister. Elle releva le menton, prête à exploser à la moindre provocation de plus.

-L'existence d'un monde où mon enfant aurait pu grandir en paix.

Sa réponse sembla avoir touché Warrington. Il perdit son attitude supérieur et parla plus bas :

-Je suis désolé.

-Ne le sois pas.

Puis elle s'avança pour s'élever elle-même sur la table, à ses côtés. Tous les yeux étaient fixés sur elle, mais ceux qui avaient plus d'intensité furent ceux de Drago. Il se tenait raide au milieu de Théo et Blaise.

-L'avenir de notre monde dépend de ce soir, commença-t-elle d'une voix posée. Tout semble pencher en la faveur du Seigneur des Ténèbres, mais n'oubliez pas que la fin est souvent différente de la prévision que nous avions faite d'elle. Quoi qu'il en soit, ne choisissez pas votre camp en fonction de la victoire. Choisissez-le sans regret. Que nous a offert le Seigneur des Ténèbres, toutes ces années ? Il nous avait promis la gloire, la puissance, la supériorité de la race sorcière. Pourtant, nous avons été tout sauf cela. Je sais que certains d'entre vous portent déjà la marque, mais cela ne veut pas dire que vous êtes condamnés à lui obéir. Vous pouvez encore choisir un monde où vos enfants ne seront pas menacés. Un monde où vous pourrez vivre en paix, sans peur de devoir mourir le jour d'après.

Des chuchotements parcoururent la foule mais elle les fit taire en reprenant son discours.

-Nous sommes des Serpentards. Nous avons été dénigrés pour le passé de notre maison, traités de tous les noms pour tenter de nous défendre contre les préjugés. Ce soir est l'occasion de prouver notre valeur. Serpentard n'est pas la maison des méchants. Serpentards est la maison des ambitieux, des fiers, de ceux qui savent quand il est bon de s'engager et quand il ne l'est pas.

Des cris d'exclamation commencèrent à accompagner ses paroles. Pansy en eut presque le sourire aux lèvres.

-Et cette nuit, cette bataille sera notre ! N'offrez pas aux autres maisons ce qu'ils veulent voir de nous ! Offrez leur notre persévérance, notre fierté de nous battre de leur côté, de nous battre pour l'école ! Que ceci soit notre cause, notre vraie cause !

Un tonnerre d'applaudissement et de cris noyèrent ses derniers mots.

-Tu as su me convaincre, Parkinson, lui chuchota Warrington dans l'oreille.

Pansy lui adressa un sourire et descendit de la table. Elle chercha des yeux les garçons mais ne trouva que Théo qui avait rejoint Daphné. Drago et Blaise brillaient par leur absence. Elle avait espéré que son ancien meilleur ami se range de son côté, change d'avis, mais il avait visiblement fait son choix. Le mystère restait néanmoins complet pour son fiancé. Soupirant d'exaspération, elle sortit de la Salle Commune, suivie par d'autres élèves. L'air frais balaya quelques mèches de sa frange au dessus de ses yeux. Son maquillage noir autour de ses yeux assombrissait son regard déjà obscur.
Ses doigts se crispèrent autour de sa baguette.

La bataille venait de commencer.

𝓝𝓸𝓼 𝓯𝓵𝓮𝓾𝓻𝓼 𝓸𝓷𝓽 𝓯𝓪̂𝓷𝓮́ [Dransy] - 𝔒𝔲𝔯 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant