Chapitre XXIII - La Bataille de Poudlard

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Un éboulement de pierre la fit reculer de quelques pas précipités. Elle trébucha en arrière et se retrouva assise au sol, à fixer la montagne de roche d'un air abasourdi. Quelques secondes auparavant se tenait Dolohov à cet endroit même. Avalé par l'écroulement, il était mort.

Elle l'avait tué.

Elle avait tué Dolohov.

Un sort frôla son oreille. Elle se jeta au sol pour en éviter d'autres. Un coup d’œil dans son dos lui permit de reconnaître les Carrow qui avançaient avec menace. Pourquoi devait-elle avoir à faire avec les mangemorts les plus expérimentés ?

Elle alla pour se relever précipitamment afin de les affronter quand ils passèrent à côté d'elle sans même lui adresser un regard. Prise de court, elle se retourna et pointa sa baguette sur eux, mais vit alors un élève de Poufsouffle reculer avec peur face à leur silhouette. Ainsi, c'était lui qu'ils avaient cherché à tuer.

-Hey ! apostropha-t-elle.

Alecto se retourna d'un air las.

-Qu'est-ce que tu veux Parkinson ?

-Laissez-le tranquille.

Il éclata d'un rire machiavélique. Avant qu'elle n'ait pu prononcer un seul mot de plus, le sortilège de la mort frappa le jeune homme en pleine poitrine. Il s'écroula à terre, mort.

-Tu disais ? demanda innocemment Alecto.

Pansy serra ses lèvres. Des pulsions meurtrières menacèrent de la faire craquer à tout moment mais soudain, un cri déchirant empli les murs du couloir. Le sourire du Mangemort s'étira plus encore.

-On t'a réservé une petite surprise, traîtresse. Pour des Serpentards, vous avez beaucoup déçu le Maître.

-Que votre Maître aille se faire voir, lança-t-elle avant de partir en courant vers l'origine du son.

Elle ne tarda pas à découvrir qui avait poussé ce cri. Son cœur sembla s'arrêter quelques secondes.

-Non !

Elle se jeta aux côtés d'une Millicent en pleurs pour observer avec horreur le corps qui s'étendait devant elle. Camille. Ses yeux étaient grands ouverts, fixés sur un point invisible au dessus d'elle. Sa baguette gisait quelques mètres plus loin, ses doigts étaient tendus vers elle. Elle ne les tendrait pas plus loin.

Millicent éclata en sanglot et posa son front sur son ventre, s'accrochant à ses vêtements de toutes ses forces. Calmement, Pansy avança sa main et ferma les paupières de son amie.

Elle se rendit alors compte qu'un miroir brisé reflétait la scène contre le mur d'en face. Ses sourcils se froncèrent lorsqu'elle se rendit compte que son maquillage avait coulé. Elle porta un doigt sous son œil et fixa la trace noir qui avait coloré sa peau. Quand avait-elle pleuré ? Pourquoi pleurait-elle ? Pourquoi ne s'en rendait-elle même pas compte ?

Puis une question surpassa toutes les autres et la fit frissonner au plus profond de son être. Plus qu'une question, il s'agissait d'une affirmation. Elle ne ressentait rien. Absolument rien. Elle se battait par pur mécanisme, parce qu'elle devait le faire. Elle fixait le corps de son amie comme on fixerait un vulgaire livre posé sur une table. La surprise s'était emparé d'elle en premier lieu, mais aussitôt repartie, il ne restait plus rien. Le néant. Insensible à toute douleur, elle se tenait au milieu d'une guerre mortelle sans le moindre pressentiment.

Qu'avait-on fait d'elle par Merlin ? Était-elle un monstre pour ne pas ressentir de peine ? Pourquoi même les larmes coulaient sans la prévenir ?

Ce fut grâce au reflet qu'elle vit Marcus arriver. Elle se releva précipitamment pour lui faire face. Ses yeux s'écarquillèrent à la vue de sa sœur. Il cria quelque chose mais Pansy ne l'entendit pas. Tous les sons sonnèrent loin, très loin. Elle ne comprenait pas pourquoi. Le corps de Camille lui revenait à l'esprit comme un flash incessant. L'éboulement, le rire de Carrow, le jeune homme s'écroulant au sol, ses yeux vides, les doigts de Camille tendus vers sa baguette, tendus et mous, sans vie, le miroir brisé, ces larmes invisibles, son doigt, cet effroi, ces questions, cette guerre, cette mort, ces cris, un hurlement.

Il se répercuta avec violence entre les murs de l'école. Il emplit son cœur, son âme comme un ouragan balayant tout sur son passage. Il lui arracha les cordes vocale et vida ses poumons. Dépourvue d'air, de vie, d'oxygène, elle tituba sur quelques mètres avant de se rattraper au mur de justesse. Il s'était évanoui. De cet tempête intérieur, il ne restait que des ruines. Des souvenirs de bonheur éclatés en morceaux, un sentiment d'amour et de tendresse oublié. Une mélodie déformée par le désespoir et la tristesse. Celle de Chopin. Celle que Drago jouait.

Un sanglot aurait pu naître là, entre les débris de son âme écorchés, mais rien ne vint. Rien ne pourrait venir si rien n'existait à l'intérieur d'elle. Elle se laissa glisser contre le mur et continua de fixer son reflet derrière le corps de Camille. Ses yeux s'emplirent de larmes au souvenir d'un moment qu'elle ne pourrait jamais oublier. Une robe rouge tombait gracieusement sur ses hanches, décorées de roses pourpres épaisses. Les rayons de vêtements s'alignaient autour d'elle, plongés dans une faible obscurité. Drago se tenait à ses côtés et la dévorait du regard. Sans prévenir, il plaça une couronne de fleurs toutes fraîches sur sa tête. 

-Ce n'est pas moi ça, chuchota-t-elle d'une voix tremblante.

-Bien sûr que si c'est toi, lui souffla-t-il dans l'oreille.

Une détonation résonna des kilomètres plus loin. Un faible sourire étira les lèvres de Drago.

-Ça a toujours été toi.

Elle papillonna les yeux, la ramenant à la réalité. Les sons parvinrent à ses oreilles comme à la normal, toujours aussi forts et déchirants. Son maquillage avait teint ses joues en noir.

-Tu avais tort, parvint-elle à articuler, les yeux toujours plongé dans son propre reflet. Ce pantin déguisé en princesse n'était pas moi. C'était ce que tu voulais que je sois, mais ce n'était pas moi.

Une larme laissa un sillon noir sur sa peau jusqu'à son cou. Elle ferma les yeux et balança sa tête en arrière. L'arrière de son crâne vint toucher la pierre froide de la façade. Avachie à l'angle du couloir, personne ne lui prêtait attention. Elle était devenue un fantôme, un spectre ruminant ses erreurs à longueur de journée. Aujourd'hui, elle avait trouvé la paix. Le calme avait empli son corps, son esprit et son cœur. Tout son être était un abyme paisible, dans lequel nageait par ci par là les débris de son ancien « elle ». Un « elle » attaché à Drago Malefoy, un « elle » dépendant de lui, de ses regards, de ses sourires. Un « elle » répondant aux principes débiles de sa famille, un « elle » pliée sous ses devoirs et les choses que l'on attendait d'elle. Un « elle » au sourire hypocrite, proie à une tristesse profonde. Ce « elle » était parti dans son hurlement. Il s'était échappé, envolé, pouf. « Elle » avait cessé d'exister. Comme ça.

À la place était née Pansy. Une Pansy Parkinson construite par ses erreurs, renouvelée. Indépendante. Brisée, mais indépendante. Vide, aussi. Une Pansy Parkinson faite de larmes, de maquillage coulé et de silence.
Plus de sourire hypocrite. Plus de Drago Malefoy. Échappé, envolé. Pouf.

Comme ça.

-Pansy !

Elle rouvrit les yeux non sans difficulté et tourna la tête vers l'origine de la voix. Dorian se précipita vers elle et s'accroupit en face, la détaillant pour savoir si elle allait bien.

-Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle d'une voix cassée.

Elle se surprit elle-même de l'effort à parler. En même temps, après le hurlement monumental qu'elle avait sorti, ses cordes vocales pouvaient bien être enterré six pieds sous terre.

-Je suis venu te récupérer, annonça-t-il après s'être assuré qu'elle allait bien.

-Ah.

Elle ne protesta pas, parce qu'au fond d'elle, se battre ne lui donnait plus envie. Elle avait trop donné. Trop subi, trop participé. Il y avait eu trop de « trop » en une nuit.

-Allez, viens. On rentre à la maison.

Il l'aida à se relever, en fronçant les sourcils devant son attitude indifférente. Le corps de Camille reposait à quelques mètres et pourtant, elle n'y prêtait pas la moindre attention.

-T'es sûre que ça va ?

-Ouais, lâcha-t-elle. Ça paraît bizarre de dire ça maintenant, mais ouais.

Même sa manière de parler était différente. Outre sa voix totalement détruite, son ton était complètement dénué de sentiments, comme si elle avait construit un mur invisible qui empêchait quiconque de percer à jour ses sentiments. Ses yeux divaguèrent quelques instants sur ce qui s'étendait devant elle, puis elle se libéra de l'emprise de son cousin et marcha en direction de Marcus. Ce-dernier était assis à côté de Camille, la fixant comme s'il prétendait pouvoir la ramener à la vie. Elle tapota son épaule avec son doigt. Il se retourna vivement, surpris.

-Je sais qui l'a tuée, se contenta-t-elle de dire.

Puis elle approcha ses lèvres de son oreille et lui chuchota le nom de Alecto Carrow. Ses pupilles s'emplirent de fureur mais il hocha calmement la tête. La dernière chose qu'elle lui donna fut son sourire. Un sourire qui semblait dire « merci ». En partant, elle sut qu'il allait la venger. Marcus était comme ça. Une tornade prêt à tout pour protéger son honneur et sa famille. Et comme il n'avait pas pu protéger une de ses sœurs, il ferait en sorte qu'elle repose en paix.
Dorian et Pansy traversèrent le dédale de couloirs en courant. Les sortilèges fusaient tout autour d'eux, des élèves tombaient, un par un, comme des pions vulgairement sacrifiés. Du côté Mangemort, ce n'était pas mieux. Ils disparaissaient tous les uns après les autres, tués par des éboulements comme Dolohov ou par des professeurs. Des mères aussi, qui venaient de perdre leur enfant. Des frères, des sœurs, comme Marcus et Leila. Des anciens élèves prêts à tout pour protéger l'école qui les avait accueilli durant sept longues années.


Tous mourant à petit feu sous un lever de soleil lent et éclatant.

𝓝𝓸𝓼 𝓯𝓵𝓮𝓾𝓻𝓼 𝓸𝓷𝓽 𝓯𝓪̂𝓷𝓮́ [Dransy] - 𝔒𝔲𝔯 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant