L'enquête commence

5 0 0
                                    


Jean-Paul pénétra dans le commissariat du Mistral, son ancien lieu de travail, où il trouva Ariane, comme il l'espérait.

- J'ai un petit service à te demander, dit-il à voix basse en regardant nerveusement autour de lui si personne ne les écoutait.

Il sortit une clé USB de sa poche et poursuivit, toujours aussi discrètement.

- J'ai une capture de vidéosurveillance du hangar, et j'ai un visage.

- Euh, ouais, et ? lui demanda son amie, ne voyant pas pourquoi il lui disait cela alors qu'ils ne travaillaient plus ensemble.

- J'aimerais bien que tu le passes sur le TAJ (Traitement d'Antécédents Judiciaires), peut-être que le mec est fiché.

- Mais ça va pas ou quoi ? Déjà que Cissé ne peut pas me saquer, s'il découvre que je fais un truc comme ça il me vire direct !

- Tu passes ça sur une enquête en cours, ni vu ni connu, lui suggéra-t-il.

- Non mais tu délires ou quoi ?! On est chez les flics, on n'est pas à la municipale !

- Je comprends, soupira-t-il avant d'abattre son dernier argument qui, il le savait, ferait céder la jeune femme. C'est pour Lucie, elle réclame tout le temps sa mère et j'ai aucune réponse à lui donner.

Comme prévu, elle céda en pousant un profond soupir.

- Tu fais chier ! Tu sais très bien que quand tu me parles de Lucie, je fais n'importe quelle connerie. Vas-y, donne !

- C'est gentil, merci.

Il lui tendit la clé USB et la suivit jusqu'à son bureau. Après avoir jeté de multiples regards autour d'elle pour vérifier que personne ne leur prêtait attention, elle brancha l'objet sur son ordinateur, puis fit passer le visage de l'individu sur le TAJ.

- Putain j'ai un match ! s'exclama-t-elle. Dis-donc, joli pedigree ! Bryan Jarmouni.

- Tu le connais ?

Elle secoua la tête et lut son casier judiciaire.

- Il a été serré plusieurs fois pour braquage, braquages bien organisés à chaque fois, au nitrate d'amonium. Il veut faire quoi le gars, il veut faire péter la banque de France ou quoi ?

- J'en sais rien, répondit Jean-Paul, pas plus avancé qu'elle.


Du côté de la police municipale, les policiers n'avaient, quant à eux, pas l'ombre du moindre indice et ne savaient pas s'y prendre aussi bien que leur chef.

- On se fait marcher sur la gueule par des cambrioleurs, on passe pour des guignols putain, faut les retrouver ! s'emporta Machet.

- Super idée, tu proposes quoi ? rétorqua Berger, peu convaincu.

- Déjà, on met la pression sur nos indics.

- Perso je t'ai pas attendu pour ça, y a rien qui remonte. Et si nos copains de la police avaient une piste, ils nous l'auraient dit, déjà.

Jean-Paul, qui les observait discrètement par la fenêtre du couloir, entra à ce moment-là.

- Moi j'ai l'identité d'un des mecs, c'est un braqueur.

- Mais non ?! Comment vous avez fait, lui demanda son nouvel ami, admiratif et impressionné, le sourire aux lèvres.

- Flic un jour, flic toujours. Et puis on va dire que je sais mener une enquête, dit-il en se tournant vers Machet.

- Zorro est arrivé les gars, on est sauvés, ironisa celui-ci.

- On a failli crever dans cet entrepôt, reprit leur chef. Alors on fait quoi ? On laisse le commissariat du Mistral faire le boulot à notre place ou on lave notre honneur, tous seuls, comme des grands ?

- C'est nous qu'ils ont attaqués, c'est à nous de nous venger !

- Voilà ! Et on fait ça bien tous ensemble, en suivant mes règles. C'est à prendre ou à laisser.

Les bras croisés sur sa poitrine, Machet se mit à ricaner.

- Une objection, Machet ? lui demanda Boher en s'approchant de lui.

- Non, c'est vous le chef, concéda-t-il.

Boher sentait qu'il gagnait cette partie, et pour appuyer sa domination, il tendit son oreille en faisant mine de ne pas avoir bien entendu.

- Chef, répéta son collègue à regret, le détestant encore plus à cause de cette provocation.

Machet n'en pouvait plus. Face à la sympathie et la reconnaissance que vouait son ami Stéphane à leur chef, et le fait que ce dernier prenne sa place, il décida que cela ne pouvait plus durer, il devait agir pour mettre fin à cette situation. En se débarrassant de Boher, il reprendrait son autorité, et bientôt le passage du lieutenant à la municipale serait oublié. Il avait une idée pour se débarrasser de lui...


En cette fin d'après-midi, Jean-Paul, heureux de cette journée durant laquelle il avait gagné le soutien de deux de ses collègues, et récolté une information majeure dans son enquête contre l'attaque de la veille dans l'entrepôt, alla chercher Léa à la mairie. Ils discutèrent joyeusement en descendant les marches.

- T'aurais vu la tête de Machet quand j'ai débarqué dans le bureau avec mes infos, exulta Jean-Paul. Je suis en train de me mettre toute son équipe dans la poche !

- En parlant de ton équipe, j'ai comme l'impression de me faire draguer, l'informa Léa.

- Ah oui ? Par qui ? lui demanda son ami, intrigué.

- Angélique Prigent !

- Non ?! La nana de la surveillance ? Ah parce qu'elle est... tu vois... elle aime les femmes ?

- Je pense , ou alors elle est myope, plaisanta Léa.

- Et tu vas donner suite ? Non parce que je me disais que tu pourrais peut-être lui faire avouer qu'elle a trafiqué la vidéo avec Samia ? ajouta-t-il, ne pensant qu'à son enquête, mais aussi pour savoir si la femme qu'il aimait allait entamer une relation avec quelqu'un d'autre. Cette pensée lui fit mal au coeur.

- C'est intéressant ça, comment je suis censée m'y prendre pour lui faire avouer ?

- Oublie ce que je viens de te dire.

- Oui, ça vaut mieux !

Caché non loin de là, Machet les observait. Pendant que son collègue était à l'intérieur en train d'attendre sa belle, il avait trafiqué les freins de sa voiture sans que personne ne le voit. Dès qu'ils voudraient freiner, les freins ne répondront plus et c'était l'accident assuré. Il n'en était pas à son premier meurtre, il n'avait donc aucun scrupule à organiser l'accident, qu'il espérait mortel, de son chef. Celui-ci démarra le moteur, sortit de son stationnement et s'engagea dans les rues de la cité phocéenne, loin de se douter des manigances contre lui...

Disparition au MistralOù les histoires vivent. Découvrez maintenant