Prise au piège

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Ça y est, c'était officiel : Samia venait d'annoncer sa démission lors de son dernier conseil municipal. Son ennemi Barrault s'en était réjoui mais elle s'en fichait, elle ne voulait plus entendre parler de politique. Avant le conseil, il n'avait pas manqué de l'humilier devant le maire et Léa, en lui disant que les administrés ne pouvaient pas faire confiace à une girouette. Comme s'ils s'intéressaient à sa vie privée... Elle avait toujours été au bout de ses projets politiques et n'avait jamais confondu sa vie privée et sa vie professionnelle. Lassée, fatiguée, cette démission lui ôta un poids. Elle préférait donner la place à d'autres, qui auraient plus d'énergie et d'envie, même si les alliés de Barrault allaient essayer de prendre le pouvoir, mais cela ne la concernait plus.

Elle descendit une dernière fois les marches de la mairie avec Léa, qui était de son bord politique, mais qu'elle ne supportait plus depuis que Jean-Paul l'avait rejetée pour elle. Léa ne comprenait pas sa décision et tenta de lui faire entendre raison, ce qui accentua le mal-être de l'ancienne première adjointe. Comment osait-elle lui dire ça, elle qui doit être bien contente de la tournure des évènements pour pouvoir profiter de Jean-Paul ? La voie est libre à présent. Elle ne supportait pas de les imaginer ensemble : lui, son ex mari, le père de sa fille, et elle, son amie, qui a pourtant soutenu tous ses projets. Les trahisons font mal, surtout quand elles proviennent des personnes de qui l'on est le plus proche.

Ce qu'elle ne savait pas, c'est que Léa, qui n'éprouvait que de l'amitié pour Jean-Paul, ignorait ce qu'il ressentait pour elle, et était persuadée qu'il avait prononcé son prénom parce qu'elle était dans son champ de vision, ce que pensaient aussi tous les invités. Elle ne comprenait donc pas les reproches de Samia, qui semblait en vouloir à la terre entière. Au moment où celle-ci tourna les talons, un coup de feu retentit. Elle fit volte face et vit Léa s'effondrer, blessée au niveau de l'abdomen. Sous le choc, elle ne sut que faire ni que dire : elle s'accroupit auprès de son ancienne collègue et mit sa main à l'endroit d'où provenait le sang, en signe de soutien et en pensant inocemment qu'elle allait empêcher le sang de s'écouler plus que cela. Impuissante, elle la regarda perdre peu à peu conscience.

Jean-Paul arriva sirènes hurlantes dans la cour de la mairie. Il sortit en courant de la voiture et se précipita auprès de Léa. C'était elle la femme de sa vie, elle ne pouvait pas mourir, surtout à cause de lui ! Un peu plus tôt, il marchait tranquillement dans la rue quand Samir, le bras droit de Pavel, lui colla son téléphone à l'oreille.

- Vous vous rappelez de ce que je vous ai dit la dernière fois qu'on s'est parlés ? Que je m'occuperai personnellement de vous si vous merdiez avec ma fille ? Bah finalement j'ai changé d'avis, martela Pavel dans le téléphone. Je vais m'occuper de vos proches, plutôt. Les personnes à qui vous tenez le plus. C'est important la famille, vous trouvez pas ?

Le coup de feu retentit à l'autre bout de la ligne. Ariane et Eric, ses amis et collègues, étaient en planque non loin, et se précipitèrent pour arrêter Samir, qui ne faisait rien d'autre que de prêter son téléphone pour lui faire entendre la terrible décision de son patron.

- C'était Pavel, il va sûrement s'en prendre à Samia et à Lucie, leur explique Jean-Paul.

Il s'était encore une fois trompé de personne et se tenait désormais aux côtés de Léa en attendant l'arrivée des secours.

- Léa ! Léa écoute moi, écoute ma voix, la supplia-t-il. Putain tu peux pas me laisser ! Regarde-moi, s'il te plaît mon amour, reste !

Il disait cela devant Samia, qui était restée auprès d'elle. Elle qui était au plus mal, ses paroles lui firent encore plus de mal que la veille quand il l'avait rejetée. Non seulement il aimait Léa, mais il l'avouait devant ses collègues, et tous ceux qui auraient été présents. Léa perdit conscience. Pendant ce temps, Pavel s'était échappé, et Eric et Ariane arrivaient trop tard pour espérer l'arrêter.

Disparition au MistralOù les histoires vivent. Découvrez maintenant