Rapprochements

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Sur le chemin du retour pour déposer Léa chez elle, les deux amis discutaient joyeusement, quand soudain un signal d'alarme se déclencha dans la voiture. 

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Léa, inquiète.

- C'est les freins.

Étant sur l'autoroute, il prit brusquement la sortie sans freiner.

- Jean-Paul !!!

Leurs souvenirs depuis le début lui revinrent en mémoire : quand ils étaient restés une semaine sous le gymnase suite à son effondrement (c'est d'ailleurs à cette occasion qu'ils s'étaient vraiment rencontrés, jusque là Jean-Paul n'était qu'un collègue du beau-père de Léa), quand il s'était évanoui, semblant rendre son dernier souffle, quand ils ont trouvé la sortie ensemble, sauvant ainsi les cinq autres survivants qui se trouvaient dessous avec eux, quand Jean-Paul s'était trompé de prénom à son mariage et s'était retrouvé seul dans l'église, quand la petite Lucie jouait gaiement dans le parc avec son ballon volant au vent avant de se faire enlever par le terrible Jacob, les moments d'inquiétude pendant sa disparition, puis le soulagement immense quand elle a réussi à s'échapper.

Tel un cascadeur, Jean-Paul tourna le volant pour braquer à fond et réussit à immobiliser le véhicule. Ayant repris ses esprits, il sortit en courant pour ouvrir la porte à Léa, qui était sous le choc. Heureusement, il y eut plus de peur que de mal et ils s'en sortirent indemnes. Réalisant qu'ils auraient pu y passer et ayant vu leur vie défiler devant leurs yeux, ils cédèrent à leurs sentiments et s'embrassèrent.


Une heure plus tard, s'étant remis de sa peur et ayant déposé Léa chez elle, Jean-Paul entra dans le commissariat. Il savait ce qui s'était passé : ne supportant de le voir se rapprocher de Berger, Machet avait trafiqué ses freins. Il était à l'origine de cet accident et le message était clair : il n'était toujours pas le bienvenu. Mais il en fallait plus pour le décourager : il avait fait la promesse à sa fille de retrouver sa mère et il la tiendrait, coûte que coûte. Son objectif était de se rapprocher de Berger, et il avait réussi, même si cela ne plaisait pas à Machet : la réaction de ce dernier prouvait bien qu'il avait quelque chose à se rapprocher et qu'il avait peur que Jean-Paul le découvre. Ses certitudes furent renforcées par ce qu'il vit en arrivant à hauteur de son bureau. Il observa ses deux collègues, qui étaient en grande discussion.

- Pourquoi tu fais pas confiance à Boher ? Il a prouvé qu'il était de notre côté, demanda Berger à Machet.

- T'es con ou tu le fais exprès ? lui répondit froidement celui-ci.

- Non mais c'est vrai, avec lui on a au moins une chance de remonter sur les connards qui nous ont canardés.

- Mais arrête avec ça ! Il bluffe, il a aucun piste, que dalle !

- Et nous non plus, on n'a rien à perdre ! Si on reprend la main les flics arrêteront peut-être de nous prendre pour des tocards !

Boher, qui surprenait toujours les conversations au moment opportun, apparut à la fenêtre à ce moment et les observa sans qu'ils le voient.

- On en a rien à foutre de ce que pensent les flics !

- C'est pas toi qui t'es fait allumer en interrogatoire, maugréa Berger en repensant à ce moment désagréable.

- Eh ! Boher est venu fouiller chez moi, t'as oublié ça ?! Ce type est juste venu foutre le bordel entre nous et nous renifler !

- Pourquoi il m'a sauvé la vie, alors ? S'il voulait nous la faire à l'envers, il m'aurait laissé crever. On devrait apprendre à le connaître, ça se voit que c'est un mec bien !

Disparition au MistralOù les histoires vivent. Découvrez maintenant