vénus moqueuse

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elle est belle, elle est belle, elle est belle !
elle criait fort, un peu sûre d'elle
vivace et acide dans un monde de plomb
elle éteignait les braises de ceux qui brûlaient debout, aux enfers, au fin fond

idyllique, idéale,
[idéaliste aussi,
ses mains parsemées d'or cachaient son visage gris
de cendre et poivre amer dont elle s'entachait
elle ne savait rien de ce à quoi elle s'engageait

promesse auriculaire articulée lentement,
ses messes et ses prières ne changeaient plus vraiment
ce qu'il adviendrait elle, le jour fatidique
où un peu trop sûre d'elle, et un peu trop cynique,
elle serait emportée loin de son paradis ;

au lieu de s'accrocher aux vagues de la vie
elle s'était retenue aux rochers sur le bord
jusqu'à ce que ses mains en saignent et la mènent à sa mort

où est-elle, où est-elle, où est-elle ?
elle criait fort, s'efforçait d'être celle
à qui on porterait secours, elle avait trop d'importance
pour qu'on la laisse à son tour dans cette incandescence
elle était bien trop belle pour être délaissée ; elle avait bien trop plu pour se voir oubliée

aphrodite aux joues claires se voyait se mourir
elle aurait dû se taire, elle n'aurait pas dû rire
face aux échecs d'autrui, elle était belliqueuse,

vénus avait été moqueuse.

synesthésiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant