idéales (2)

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sur la plage
tu regardes ton reflet dans les vagues dansantes,
ton visage se déforme, et ton image tremblante
n'est qu'une meilleure version de la réalité,

de ta
réalité

mais tu sembles n'être plus que mirage.

il fait noir, il fait nuit et la Lune
ne regarde plus les hommes depuis qu'ils l'ont déçue,
depuis qu'ils sont comme toi :
nous sommes tous semblables au final.
tu n'es qu'un fardeau pour chacun d'entre eux, tu l'as réalisé
tes traces de pieds timides sur le sable forment comme des dunes,
de minuscules tas qui s'envolent en silence,
dont les grains s'éparpillent, et toi tu restes en transe.
tu pleures des débris de cristal
qui rejoignent les nuages et font porter ta voix,
tes pensées jamais prononcées,
et ton visage s'étire en une expression triste, ridé comme une prune.

et tu te souviens de ton enfance,
tu as grandi dans l'indifférence,
des bouteilles aux poings serrés, en passant par l'immense,
la gigantesque peur de jamais n'être personne
aux yeux de qui que ce soit.
tu n'as jamais eu d'importance,
tu regrettes quand tu ne comprenais jamais le sens
des choses qui t'arrivaient, maintenant que tu le vois.

sur la plage
tu regardes ton reflet dans les vagues pensantes,
tes pensées se déforment et deviennent si pesantes
que tu cries, comme si elles allaient s'effacer
s'envoler
rejoindre le ciel aux teintes passées

oublie
le passé

le son des flux d'eau claire ne couvre pas
tes sons de l'intérieur,
le son de ton orage.

synesthésiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant