équivoques

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à moi de deviner où commencer

quand la lumière embaume ta pièce, et que tu ne la discernes plus
parce qu'il arrive dans l'existence de rencontrer comme des élus,
qui brillent plus que le soleil et t'en arracheraient même la vue ;
seigneur ! je me demande si j'aurais poursuivi si j'avais su.

alors,
statue de pierre dans un monde de sable chaud,
[instable
c'est comme si j'étais tailladée au ciseau.
ici se trouvent les catacombes des sentiments inexpliqués,
de tous les mots conservés tristement dans nos esprits embrumés
qui se soustraient aux oreilles de ceux qui se trouvent autour de toi,
tu titubes sur ton chemin vers une manière de demeurer courtois.

quand la douceur devient amère,
que ce goût déplaisant se mélange à ta salive épargnée ;
il arrive que l'on n'ose plus s'exprimer, par cruelle angoisse de faire trop de manières ;
quand les tympans ne discernent plus ce que tes pupilles perçoivent très bien,
tu sais sans l'entendre dire que tu es comme la prunelle des yeux de quelqu'un ;

« il arrive que les non-dits parlent plus que les mots ! »

écoute ces non-dits, ces implicites à l'énergie très claire
déduis-en ce que tu veux
le client est roi et la nuit fait parfois voir le jour
à des offres confuses que le client ne veut pas toujours accepter ;
entends ce que tu souhaites entendre, accepte ce qui te convient
je suis responsable de ce que j'exprime mais tu es libre de ta façon de l'interpréter

***
mes tourments dénués de sens m'arrachent métaphoriquement la chair, je cherche à comprendre ce qui me taraude ainsi, ce qui taillade mon âme et ses recoins surpris

certaines présences anesthésient cette peine,
à commencer par la tienne

je me tiendrai debout, sur ton paillasson taché du sang de mes erreurs
et je ferai résonner la sonnette, je te réciterai des sonnets rempli de mes sentiments confus, de mes pensées et d'une étrange fraîcheur,
peut-être que ces derniers feront sens à tes oreilles,
peut-être te donneront-ils sommeil

ou peut-être seront-ils une traduction pour toi de mon infinie confusion,
elle-même progéniture de ma réflexion longue
aux desseins mortels - messages silencieux conçus par mes soins avec ardeur - ou bien

[peut-être te seront-ils représentation imagée de mon cœur, mon âme et mes poumons en combustion
mes tremblements de voix qui sonnent comme des diphtongues
je suis colombe volant parmi les pigeons voyageurs

aucun de ces mots précédents n'a réellement de sens
je fatigue ma langue à répandre mensonges de bonne mesure
et mes yeux à faire de même avec les larmes
dont mes cils sont couverts - et que ne saurais taire même si ma vie en dépendait - comme si mes sens étaient à vif, mon corps ouvert,
mes émotions sont cousues d'un fil de fer les unes aux autres, toutes semblables et indifférenciables
profusion de mes opinions malléables.
interrupteur, je change d'avis comme les feuilles d'automne revêtent de nouvelles couleurs
indécise, incertaine, je suis fardeau et fonctionne sans douceur,
sans souci de demeurer constante, je suis en haut du monde puis mécontente
je te donnerais ma vie puis trouverais ensuite que l'existence n'a aucune saveur

j'oscille entre euphorie et douleur

versatile, lunatique
rien n'est agréable dans ma mécanique

et puis la lumière embaume ma pièce, tandis que je ne la discerne plus
je suis preuve qu'il t'est arrivé dans l'existence d'être perçu comme un élu,
autour duquel je suis en rotation, tu es astre, soleil et je suis ange déchu ;
seigneur ! j'aurais sûrement poursuivi même si j'avais su.

synesthésiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant