Le dernier élément

Chapitre 4 : Léo : La pause chocolat chaud de toutes les révélations.

J'avais envie de vomir sur les chaussures du mec en face de nous. Ce n'était évidemment pas de sa faute, c'était la sorte de « transfert » que je venais de faire (correction : subir) qui me soulevait l'estomac. Phil, qui arriva après moi, était-elle aussi un peu pâle mais ne semblait pas prête à rendre son petit-déjeuner. Jospin apparut à notre suite, accompagné des deux pégases et de son air tout à fait détendu. Devant ma grimace due à la nausée il tenta de me rassurer.

- Seul le premier voyage fait ça, ensuite on s'habitue.

L'impression que les pégases étaient plus doués que moi pour la téléportation me laissait un goût amer de honte dans la bouche, ils étaient tout aussi frais qu'ils l'étaient dans le jardin de Myriam.

Les haut-le-cœur plus ou moins finis je pus enfin m'intéresser à l'inconnu qui jusqu'à présent attendait en silence. Il s'agissait d'un homme à la peau d'ébène et aux cheveux grisonnants. Il portait un costume très classe et se tenait bien droit. Ce mec en envoyait. J'avais envie de me prosterner à ses pieds, à cause de son aura de grandeur flagrante, mais en même temps il semblait tellement bienveillant et amical que j'étais tenté de lui faire un câlin. Un peu comme un papi gâteau que l'on admire quand il nous partage son expérience de la vie. Avec sa présence extraordinaire je n'avais même pas réalisé qu'un autre homme se tenait un peu en retrait à sa droite. Beaucoup plus jeune que le premier, au maximum la trentaine, il était aussi plus petit. Ses cheveux noir et désordonnés retombaient sur son front. Un sourire accueillant éclairait son visage et ses yeux, derrière des lunettes en métal, reflétaient une grande intelligence.

Jospin s'avança et après un léger « Bonjour Rafaël » à l'égard du plus jeune, qui hocha la tête en guise de réponse, il se tourna vers le premier.

- Bonjour Monsieur Jefferson.

Dit-il d'un ton respectueux. Cet homme charismatique était donc l'auteur de la fameuse lettre. Aucun doute que s'il était venu nous la déposer en personne je l'aurais suivi les yeux fermés.

- Bonjour Jospin. Vous avez fait bon voyage ?

- Oui.

M. Jefferson se tourna alors vers Phil et moi pour que nous aussi nous répondions à sa question. On balbutia simultanément un « oui » timide. Il s'approcha alors de nous, d'un pas assuré, puis nous serra la main d'une poigne puissante l'un après l'autre.

- Bienvenue au camp des enchanteurs, nous sommes ravis de vous accueillir. Je m'appelle Mason Vick Jefferson, j'espère que ma lettre ne vous a pas trop perturbée. Je suis le chef du camp, je m'occupe de la gestion du lieu avec l'aide de Rafaël, le sous-chef.

Ce dernier vint nous saluer à son tour.

- Philaé et Léo c'est bien ça ? J'attendais avec impatience de vous rencontrer.

Révéla-t-il chaleureusement. Malgré l'accueil enthousiaste, Philaé avait sa mine de « je comprends pas tout et j'aime pas ça ».

- Qu'est-ce que le « camp des enchanteurs » exactement ?

S'enquit-elle alors. M. Jefferson ouvrit largement les bras pour nous présenter l'espace derrière lui.

- Vous êtes des cas un peu spéciaux, naturellement ça va être difficile pour vous de tout assimiler. Le camp des enchanteurs c'est tout ce qui se trouve derrière l'arche d'entrée, si vous voulez bien me suivre vous en apprendrez un peu plus. Ce n'est pas une saison pour discuter dehors.

Rajouta-t-il avec un petit air malicieux. Il nous fit signe de le suivre. A sa suite on s'introduit dans le camp. A l'entrée une foule était agglomérée et conversait à voix basse en scrutant notre passage. J'avais la désagréable impression d'avoir une tâche de moutarde recouvrant la moitié de mon visage et qui, par conséquent, attirerait toute l'attention. Les regards curieux à notre égard étaient plus que dérangeant. Je n'osais même pas lever les yeux pour distinguer les visages qui constituaient la foule et préférais les garder rivés sur le sol.