J'avais décidé de sortir à 5 heures du matin. Je marchais dans le couloir le plus discrètement possible compte tenu du sol sur-grinçant de l'orphelinat. Je descendais les escaliers, une marche après l'autre. J'en étais sûre, c'était la dernière fois que mes pieds touchaient ce bois froid et que mes mains effleurées le papier peint déchiré du mur.
J'eu un léger pincement au cœur en sentant sous mes doigts une petite gravure. Elle était là depuis des années, Léo avait inscrit une croix à peine perceptible pour signifier que la prochaine marche craquait plus fort que les précédentes, afin qu'on puisse l'éviter lorsqu'on allait chercher à manger la nuit, même si Mme. Wald savait pertinemment que le stock de biscuit ne se vidait pas par magie.
J'évitai tout de même cette fameuse marche et tendis l'oreille. J'entendais des bruits dans la cuisine, des couverts s'entrechoquaient de temps à autre. Comme je l'avais prévu Mme. Wald était réveiller, à part elle, normalement, tout le monde dormait.
J'eu une soudaine envie d'aller dans la cuisine pour rejoindre la directrice, faire comme si de rien n'était. Comme si je n'étais pas restée éveillée toute la nuit les yeux rivés sur l'heure en chiffres rouges de mon réveil matin. Comme si je n'avais pas réuni mes affaires dans mon sac la veille pour disparaître avant que les autres soient réveillés, et juste lui dire que j'avais fait un cauchemar. Elle m'aurait sans aucun doute fait signe de m'asseoir puis elle m'aurait préparé un délicieux chocolat chaud. Elle se serait mise près de moi pour me rassurer en me racontant que les cauchemars viennent de créatures farceuses qui s'en vont aux premières lueurs du soleil. Je ne croyais plus à ces histoires de créatures extraordinaires bien sûr mais les écouter était toujours aussi merveilleux que dans mon enfance. Puis elle m'aurait proposé de rester avec elle si je ne me sentais pas capable de me rendormir, pour l'aider à faire le petit déjeuner ou à finir un mot-croisé en me laissant trouver tous les mots faciles.
Mais je ne pouvais plus rester ici. J'avais besoin de réponses. A contrecœur je continuais à m'avancer en silence quand soudain, sans même avoir le temps de réaliser que quelqu'un était tapi dans l'ombre, je me retrouvai dans le placard à balais entre les chiffons et les bassines enfermée entre les deux bras tendus d'un garçon au regard accusateur. En plus d'être dans une situation ambiguë aux yeux de n'importe quelle personne extérieure j'étais extrêmement mal installée et une serpillère goutait sur ma tête. Génial.
-Léo tu fais un boucan d'enfer, j'essaye d'être discrète !
Murmurai-je avec mauvaise humeur.
-Tu comptais partir où comme ça ?
De pire en pire, j'avais le droit à un interrogatoire maintenant. Il ne manquait plus qu'une lampe de poche braquée sur moi et des menottes à mes poignets pour imiter un film de détective d'une qualité douteuse.
-Nulle part.
Feignis-je alors que je savais pertinemment qu'il finirait par obtenir les réponses qu'il souhaitait. Ce n'était qu'une question de temps. Il avait toujours été très doué au jeu de « je te fais cracher le morceau ».
-Tu pense vraiment que je vais croire que tu allais te balader au clair de lune et revenir seulement une ou deux heures après ?
-J'avais une folle envie de me promener, me dégourdir les jambes avant d'aller en cours.
- En plein mois de décembre ? Et, il pleut au cas où tu ne l'aurais pas remarqué.
-C'est triste un hiver qui commence comme ça, tu ne trouves pas ?
-Ne changes pas de sujet ! Où est-ce que tu vas ?
Impossible de lui faire oublier que je m'apprêter à partir, premièrement parce qu'il n'était pas complètement stupide, deuxièmement parce qu'il se serait forcément rappelé à un moment ou à un autre qu'il devait avoir une raison valable de discuter d'hiver pluvieux dans un placard à balais à 5 heures du matin. Donc j'avais le choix entre lui dire la vérité ou l'assommer avec une bouteille de récurant pour toilette. Loupé la bouteille était trop loin. Bon, première option.
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FantasiaEncore une version de cette histoire, mais cette fois terminée ! Philaé et Léo sont deux amis qui vivent depuis de nombreuses années dans le même orphelinat jusqu'au jour où un inconnu vient les chercher à 5h du matin sans avoir de problèmes avec la...