Chapitre 2 : Léo : un père-noël low cost nous aide à faire le mur

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Je n'y croyais pas à cette lettre. Quand je l'ai trouvé sur mon oreiller j'ai de suite pensé « Philaé me fait une blague ». J'avais finalement découvert que ce n'était pas elle mais ce n'est pas pour autant que j'avais donné plus de cachet à ce qui était écrit dedans. Jusqu'au dernier moment, quand on a tourné la poignée, je refusais de croire qu'il allait se passer quoi que ce soit. Ou plutôt je tentais de me persuader que rien n'allait se produire, mais le cartable remplit d'affaires jetées en vrac prouvait bien qu'au fond de moi je croyais un tant soit peu aux mots que j'avais lu. Cependant je ne m'attendais pas à ça. Je dois bien avouer que j'étais impressionné : quelqu'un poireautait vraiment dans le froid face à l'orphelinat.

Le traineau à sa droite et sa chemise rouge faisait de lui une réincarnation vas de gamme du père-noël, qui, à mon grand désarroi, ne devait pas avoir de cadeaux. Quand il se tourna vers nous je pu aussi remarquer qu'il ne possédait pas l'emblématique barbe blanche. Décevant. A vrai dire il avait l'air jeune, peut-être 25ans. Ses sourcils étaient tellement fournis qu'ils faisaient de l'ombre à ses yeux marron et ses cheveux, de la même couleur, étaient coupés court. Ses joues rebondis lui donnaient un petit air enfantin, alors que son corps paraissait longuement entrainé au combat. Sous sa chemise on pouvait apercevoir des bras fins mais musclés, cependant je décelai dans son expression une certaine nervosité à être ici.

Dans tous les cas il n'avait pas l'air méchant, mais je préférais tout de même rester sur mes gardes. De son côté Phil, qui était d'habitude très prudente (Alors que moi pas du tout, les rôles s'inversaient), n'avait pas autant l'air sur ses réserves. Je voyais qu'elle analysait la situation avec soin mais elle ne semblait pas réellement dérangée par le paramètre « un homme bizarre attend deux adolescents à la sortie de leur orphelinat ». Normal.

Pour le moment personne ne bougeait, on se jaugeait juste du regard. L'homme paraissait à la recherche de la meilleure façon d'aborder la conversation (S'il pouvait trouver vite ça m'arrangerait, on se caillait). Enfin il se leva. Il soupira puis s'avança vers nous d'une démarche rigide. Supposition 1 : son corps avait commencé à devenir un mister freeze ambulant. Supposition 2 : nous étions face à un robot. Supposition 3 : la situation l'angoissait énormément au point de ne plus savoir plier ses jambes. Philaé esquissa un geste de recul à l'approche de l'homme. Il se positionna droit comme un i devant nous. Malgré l'apparente finesse de sa chemise il ne frissonnait pas dans le froid. Je sentis, comme si elle émanait directement de lui, une sorte de brise tiède et agréable. Philaé s'impatientait face au silence de l'homme et trépignait sur place d'un pied sur l'autre. Il finit par se décider à parler, d'un ton maladroit, en se grattant la tête.

- C'est moi qui vous ai déposé les lettres.

- Sans blague

Rétorquai-je, même si j'avais du mal à imaginer cet homme réussir à se faufiler dans l'orphelinat en toute discrétion. Philaé me lança un regard assassin qui voulait clairement dire « Léo soit poli avec monsieur sinon tu finiras enterré vivant » mais que je préférais interpréter comme « oh Léo tu es si beau et intelligent ». Quant à Santa il sembla se détendre un petit peu. Philaé, pour faire oublier ma remarque sûrement, prit la parole.

- Vous êtes Mason Vick Jefferson ?

Demanda-t-elle. L'homme secoua la tête avant de se présenter.

- Non, je m'appelle Jospin. Et j'aimerais que vous veniez avec moi.

- Où ?

S'enquit Philaé. Il bafouilla, en guise de réponse, un « je ne peux pas trop vous expliquer ». Ses pommettes rougissaient de gêne alors qu'il semblait réfléchir au meilleur moyen de nous faire monter, de notre plein gré et sans nous assommer, dans son traineau. Soudain il remonta sa manche gauche, d'un geste beaucoup plus rapide et vif que ce dont je le pensais capable, découvrant ainsi une petite marque en forme de pentagramme. Puis il dit, d'une voix qui se voulait confiante :

Le dernier élémentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant