Chapitre 10 : Léo : Aux yeux de Philaé, je suis une allumette.

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Alors que mon dernier souvenir était d'avoir regardé la mer avec Léo, et les quelques étoiles qui bravaient les nuages, lorsque je sortis peu à peu de ma torpeur je senti immédiatement la sensation des draps. Je me réveillais en douceur, dans ma chambre. J'avais donc désormais passé une nuit dans ce camp pour le moins surprenant. J'eus à peine le temps de m'habiller que trois coups retentirent contre ma porte. J'attachai mes cheveux sans vraiment les coiffer et partis ouvrir.

- Je me suis dit que passer par le centre des portes pour venir te chercher serait mieux que d'utiliser le passage.

Déclara Léo à voix basse. Sans le décider clairement on avait l'air d'accord sur le fait de ne révéler à personne cet étrange phénomène. Après tout ça ne faisait pas de mal.

- On va petit déjeuner ?

Proposa-t-il. Je le suivis. Cette fois on retrouva la cantine plus facilement. Robin nous y attendait. Quand on eut fini de manger, il fallut se dépêcher de nous rendre à notre premier cours, nous n'étions pas en avance. Robin nous guida jusqu'à l'école puis il dû s'éclipser, nous laissant devant le bâtiment.

À peine entré dans l'école on réalisa que ce ne serait pas simple de trouver notre salle. Des dizaines de portes identiques défilaient au fur et à mesure qu'on avançait.

On se concentrait sur les rares indications, dans l'espoir de trouver une sorte de vie scolaire ou, mieux encore, un panneau avec écrit « Vous êtes perdu ? La réponse est ici ! ». Evidemment la solution la plus plaisante ne se présenta pas, cependant on finit par tomber sur une petite plaquette dorée où il était inscrit « Bureau de Mme. Aubery ». Tout en croisant les doigts pour qu'elle soit là, cette directrice qui semblait si énergétique et peu encline à rester assise sur sa chaise, je toquai.

- Entrez !

Aussitôt qu'elle nous aperçut plusieurs émotions traversèrent son visage en un instant : d'abord la bonne-humeur, puis la curiosité suivie de la compréhension pour finir par un embarras profond.

- Oh ! Je suis sincèrement désolée ! Vous ne trouvez pas votre salle c'est ça ? Je vous y accompagne.

Elle sauta de son siège sans nous laisser dire un mot. Personne n'aurait pu croire qu'elle était capable d'aller si vite sur ses petites jambes perchées sur de hauts talons.

Elle se confondu en excuses sur le chemin tout en nous assurant qu'elle était, cependant, absolument ravie de nous voir. Elle nous questionna sur notre soirée d'hier, si elle s'était bien passée, et nous écoutait parler avec grand intérêt. Enfin, après s'être arrêtée devant une salle, elle nous rappela que nous avions cours avec des avertis. Eux aussi suivaient des cours, ou plutôt des sortes de stages pour se familiariser avec la magie. Mais surtout pour connaître les situations où il était nécessaire de faire appel à l'aide des enchanteurs.

La directrice ouvrit ensuite la porte et nous invita à entrer, sans oublier de s'excuser de notre léger retard et du dérangement auprès du professeur. Un nom que je considérai être celui du professeur, M. Cyriel, était inscrit à la craie sur le tableau. Ce dernier était squelettique et son dos était un peu tordu. Il possédait un nez plutôt gros et des lèvres presque inexistantes. Du reste il portait une chemise délavée mais avait, contre toute attente, une chevelure grise absolument impeccable. M. Cyriel marmonna à notre égard qu'il serait notre professeur d'histoire des camps avant de reprendre son cours d'une voix monotone et soporifique.

Je sortis de quoi prendre des notes mais, compte tenu de la voix excessivement lente du professeur, je pus profiter d'un instant pour observer la classe. Il s'agissait donc d'humains, sans pouvoirs. À vrai dire je doutais encore moi-même d'en avoir, tout cela pouvait être une vaste erreur après tout. Les élèves étaient tous plus vieux que moi. Les plus jeunes semblaient avoir vingt ans et les plus âgés la soixantaine. Leur principal point commun : une difficulté certaine à ne pas piquer du nez à l'écoute du cours. Ce dernier portait sur la séparation du camp unique.

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