Ophiucus, L'éveil T1

Chapitre 8 (4/4)

Quand il prononça son nom, les frissons que ressentaient la jeune femme s'intensifièrent et son souffle s'accéléra. C'était la première fois qu'il lui adressait la parole en utilisant son prénom et sans un air hautain ou moqueur. Toute trace de colère contre le garçon qui était penché sur elle avait disparu, et seules les sensations qu'elle éprouvait à ce moment présent lui importait.

La bulle des deux sélectionnés éclata soudainement quand Dynami lâcha d'un air amusé :

— Il y a des chambres pour ça ! Mais par contre vous allez devoir attendre, car je doute qu'Alkar accepte cette excuse pour justifier votre absence dans ses cours.

Tha et Lyana s'écartèrent alors précipitamment tandis que leurs camarades s'esclaffaient. La jeune femme se releva rapidement en rougissant, et jeta un discret coup d'œil au Leo, qui lui semblait trop plongé dans ses pensées pour éprouver une quelconque gêne. La tête basse pour ne pas croiser le regard amusé de Malis, Tarya ou Chara, elle alla ramasser son épée qui jonchait le sol quelques mètres plus loin et la reposa sur les tréteaux de bois. Spathi s'adressa alors à elle et à Tha :

— J'ai été impressionnée par votre combat tous les deux. Il est rare que des premières années se débrouillent aussi bien.

Les compliments de la professeure réchauffèrent le cœur de Lyana et elle la remercia. Spathi réunit ensuite tous les sélectionnés et leur annonça :

— Vous avez bien travaillé aujourd'hui, je ne vous donne donc pas de devoirs !

Epistimi s'exclama alors :

— Je crois que le sport est en train de devenir ma matière préférée !

Tous ses camarades s'esclaffèrent alors, et même Spathi sourit légèrement.

— Tu ne m'as pas laissé finir ma phrase Epistimi. Je disais donc que je ne vous donnais aucun devoir, mis à part celui de survivre aux courbatures que je vous ai infligé aujourd'hui.

Epistimi poussa alors un soupir de désespoir et de nouveau tous les sélectionnés furent pris d'un fou rire. Lyana remarqua toutefois que Tha ne participait pas à l'allégresse générale, car il semblait toujours plongé dans ses pensées, comme s'il cherchait à résoudre un problème insoluble. Sentant qu'elle l'observait, il tourna la tête vers elle et c'est un regard, non plus haineux mais interrogateur, qui la contempla de la tête au pied.

La jeune femme ne savait pas si elle devait se réjouir de ce changement d'attitude, ou si au contraire cela n'augurait de bon. Elle n'avait en effet pas oublié ce que le marchand d'Afelaï lui avait dit sur son collier, et tant qu'elle ne serait pas fixée, elle continuerait de se méfier de Tha. Elle n'eut pas le loisir d'approfondir sa réflexion davantage, car Malis lui attrapa le bras pour la conduire jusqu'au cours de magie.

C'est fatiguée que la jeune femme arriva devant la porte de la salle de classe. En effet, l'énergie physique qu'elle avait dépensé lors de son combat commençait à se faire ressentir, et sa vision se brouillait par moment. De plus, la situation dans laquelle elle s'était retrouvée avec Tha l'avait profondément troublée, sans qu'elle sache réellement pourquoi.

— Entrez !

La voix d'Alkar coupa son flux de pensées et la jeune femme suivit ses camarades qui pénétraient dans la salle de classe de magie, qui offrait une vue magnifique sur le lac bleuté à l'arrière de l'académie, grâce aux grandes fenêtres qui laissaient entrer la douce lumière de la fin d'après-midi. Lyana aperçut des enfants jouer aux abords de l'étendue d'eau, et elle en déduisit que cela devait certainement être les élèves d'Afelaï qui avaient fini leur journée de cours.