10. Ta proximité

3 0 0
                                    

CHARLIE

Je saisis une frite entre mes doigts et la porte à ma bouche tout en écoutant l'homme qui me fait face déblatérer sur un sujet dont je n'ai cure. C'est souvent comme ça avec les hommes, ils parlent, ils parlent, souvent pour ne rien dire, la plupart du temps parce qu'ils ont peur de perdre la privauté de la parole. Ça aurait pu m'amuser, mais la vérité c'est que je n'en ai rien à foutre. Sa discussion m'ennuyant passablement. 

Ça fait plusieurs jours que je réfléchis à la résolution d'un problème particulier dont le nom est Aden. Bien sûr plusieurs solutions m'ont traversée l'esprit mais toutes me semblaient un brin trop extrêmes. Alors je tente une autre façon d'agir. Et c'est pour cette raison que je suis là où je suis actuellement, à écouter le discours pontifiant d'un vieux type en dégustant une des plus importantes parties du patrimoine culinaire de ce merveilleux pays. Le pire dans l'histoire ? C'est que j'ai des centaines d'autres choses à faire. Mais non je me retrouve sur un campus universitaire sans raison apparente. 

Mon téléphone vibre et je regarde la notification, surprise. Ma surprise se transforme en froncement de sourcils préoccupé. Bon sang c'est incroyable. Comment est-il possible d'avoir autant d'emmerdes en même temps ? Je ne sais même plus où donner de la tête. 

- Vous allez devoir m'excuser monsieur le Président. Il faut à tout prix que j'y aille, une affaire requière ma présence. 

L'homme se confond en politesse et me fait promettre au moins quatre fois d'être présente pour le discours de remise des diplômes d'ici quelques semaines ce qui m'agace encore une fois. Ne voit-il pas que je suis pressée ? Ah les hommes, c'est incroyable comme ils pensent que tout ce qui les concerne a plus d'importance. 

Je grogne en m'éloignant, scotchée à mon téléphone. Mon environnement immédiat m'importe peu. Je n'aurais pas dû sacrifier du temps comme cela pour venir jusqu'ici c'était stupide et je m'en veux.

Ça fait plusieurs jours qu'Aden a été enlevé et relâché et depuis il ne s'est rien passé. Certes, je cherche des réponses mais cette histoire ne semble pas représenter un danger immédiat et j'ai bien trop de préoccupations pour continuer à m'obstiner dans une voie sans issue. Il faut que je passe à autre chose, c'est vital.

J'envoie un message et au moment de l'envoie je ressens une sorte de frisson, de vibration, me parcourir toute entière. Je lève lentement les yeux de mon téléphone pour que mes prunelles soient immédiatement captées par les yeux sombres de cet inconnu finalement pas si inconnu.

Sans comprendre pourquoi, mon cœur se met à battre plus fort et je sens un sentiment de joie inexplicable m'envahir.

Soudainement, son regard s'assombrit et je ressens une émotion violente l'envahir. De la colère ? De la peur ? Je ne comprends pas son changement d'humeur, ou plutôt je comprends ce qu'il implique. J'avais raison de redouter sa trahison.

Il s'approche de moi à larges enjambées pendant que je le regarde faire, totalement immobile. Alors qu'il est tout proche je tends la main devant moi.

- Ne me touche pas.

Il s'arrête à deux pas de moi mon ordre l'ayant totalement pris au dépourvu.

Il grogne et me dévisage avec insistance. Je n'arrive pas à percevoir les émotions qui le traverse. Il est bien trop énigmatique.

- On ne peut pas rester là. Suis-moi.

Je fronce les sourcils.

- J'aimerais beaucoup discuter, mais je n'ai pas le temps.

Il me dévisage.

Give Me MooreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant