1. La chasse

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CHARLIE

Je le dévisage depuis le coin sombre de la salle dans lequel je me suis réfugiée. J'observe son corps musclé se mouvoir avec une grâce étonnante. Et je ne sais pas si c'est l'alcool que j'ai englouti ou simplement la vision de cet homme qui fait monter en moi cet appétit puissant, ce désir insatiable. Mon corps entier réclame cet homme sous lui. L'eau me vient à la bouche en imaginant le goût de son corps parfait sur ma langue. Je suis affamée de lui. Je dois l'avoir. J'ai besoin de le posséder.

Je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi, mais ses pupilles captent soudain les miennes. Ma température interne augmente à une vitesse vertigineuse alors que j'étais déjà excitée, je suis à présent au delà. Mon corps l'exige, mon cerveau l'évalue, évalue le poids qu'il aurait en essayant de me résister, de me dominer, sans savoir que cela est impossible.

Je suis LA lionne Alpha, le genre de lionne qui bouffe son mâle quand il lui a donné ce qu'elle voulait, mais pas sans jouer un minimum avec lui avant.

Quel intérêt sinon ?

Un sourire carnivore se répend sur mon visage pendant que ma proie prend toute la mesure de la femme que je suis. C'est décidé. Je l'aurais.

J'avance de quelques pas. La lumière se reflète sur moi comme celle du soleil sur la Lune. Je m'éclaire littéralement. De nombreux regards masculins et féminins se posent sur moi. Tant mieux, la concurrence le fera braver le danger, le rendra audacieux, le fera mien.

Une nouvelle musique commence lente, rythmée, sensuelle. Tel un serpent charmé par le son d'une musique, mon corps, séducteur déterminé, se met à onduler. Le danger exalte par tous les pores de ma peau dorée, ma robe en lamé argent émet tellement de lumière que je sais pertinemment être le centre de l'attention.

Je ferme les yeux, totalement moi-même, flottant sur l'alcool et l'adrénaline de la chasse.

La musique s'infiltre en moi et je la laisse faire. Le rythme change, commence à augmenter. Mon rythme suit, mon ondulation se fait lascive, envoûtante.

Je suis sexy en Diable, il n'existe pas d'autre manière de l'être pour moi, et personne, jamais ne me résiste.

De larges paumes se posent sur ma taille et me confirment mes pensées. Il n'y avait qu'un homme ce soir possédant la capacité de m'éprouver, de m'approcher.

Un léger sourire envahit mon visage. Mon corps s'étire et frémi de satisfaction pendant que je me remet à onduler de plus belle, séductrice. Je me frotte contre lui, lui donnant uniquement accès à mon dos. Je sens son désir pour moi s'enflammer, le rendre fou, plus animal, sauvage et audacieux. Il révèle lentement son aura et en sentant la puissance dans mon dos, je ronronne.

Un homme à ma hauteur, voilà qui est rare, pour ne pas dire unique. Un vrai défi, ses mains remontent le long de mon corps avec une lenteur délibérément provocatrice. Je joue, il me montre que lui aussi sait le faire.

J'ai envie de rire.

J'attrape ses mains alors qu'il arrive au niveau de mes seins. Je les écarte de moi et tourne sur moi-même. Ses prunelles dont la couleur m'est inaccessible, me dévisagent avec langueur, me brûlent comme le soleil en été, me réchauffent comme un alcool fort. Mes yeux lui rendent la pareille. Et un sourire indécent prend place sur mes lèvres avant que je fasse un clin d'œil à ma proie et que je m'éloigne calmement vers le carré VIP.

Oui, définitivement, cet homme est unique. Son regard pèse sur moi pendant tout le temps que dure mon trajet. Il doit se poser des questions. J'espère qu'il se pose des questions. Qu'il se torture de pourquoi et de comment. Qu'il s'imagine me pilonnant. Qu'il est à l'étroit dans son pantalon en sachant pertinemment que je suis la seule à pouvoir calmer son désir. Ainsi que le mien, mais ça il ne le sait pas, pas encore. Je commande un verre en faisant attention de rester dans sa ligne de mire. Il ne doit vivre que par moi, espérer uniquement mon attention. Mais je sais que c'est déjà le cas.

Personne ne me résiste, pas s'ils entrent dans mon orbite. Je suis la lumière, la chaleur, la féminité, tout ce qu'ils désirent sans le savoir. Mais je suis aussi tout ce qu'ils fuient, une femme brisée et qui a le pouvoir de les faire souffrir.

J'inspire profondément avant de descendre mon verre en une fois. Je n'ai pas le temps pour le passé. Ce soir est la dernière fois avant que je ne mette le passé définitivement derrière moi. Peut-être pas pour toujours.

Peut-être que si.

Je commande un autre verre et lui fais un sort aussi sec. La morsure de l'alcool ne me fait même pas frémir.

J'attrape mon téléphone et tape : "Fais venir la voiture".

L'heure est venue de récolter les fruits de ma séduction. En espérant que lesdits fruits soient de très longs, très nombreux et très bons orgasmes. Un homme comme lui ne doit donner que ce genre d'orgasmes d'après mon expérience, si ce n'est pas le cas, je les prendrais moi-même.

Je redescends dans la salle et me dirige vers la sortie. L'homme m'emboîte le pas en se pensant sûrement discret, mais je connais le désir que je créé chez les autres à défaut de chercher à les comprendre eux. Je sais qu'il pousse à l'inconscience, les empêche d'écouter leur instinct de préservation. Ils ont prêts à tout. Et je peux leur donner.

Je passe la porte et me dirige vers l'élégante berline noire aux vitres teintées garée le long du trottoir. La portière s'ouvre mais une voix m'interrompt alors que j'allais m'asseoir sur la banquette en cuir.

- Excuse-moi !

Je me tourne vers ma proie qui s'est trouvée une voix et une détermination.

Tant mieux.

Il s'approche dangereusement près de moi, au point que je sente son souffle chaud s'échouer sur mes lèvres. Je le dévisage et marque dans mon esprit la beauté de ses traits masculins déchirés par le désir. J'arrive enfin à distinguer la couleur de ses yeux. Un magnifique bleu sombre comme le ciel de nuit ou les profondeurs de l'océan insondables.

Je suis une femme de science, une femme de certitudes, mais devant la pureté imparfaite de ce regard je sens toutes mes certitudes s'évaporer, s'envoler, se perdre dans ce bleu profond.

Son aura prédatrice me heurte de plein fouet mais je l'ignore sans répliquer, je suis perdue, totalement perdue dans ces yeux.

- Est-ce que tu veux passer la nuit avec moi ? demande l'homme, lui aussi perdu dans ma contemplation.

Ses paroles me ramènent dans le monde réel et mes certitudes reviennent pendant que mon corps hurle son désir et sa joie d'être bientôt satisfait.

Je lui lance un sourire séducteur et m'efface pour le laisser monter dans la voiture.

- C'est plutôt toi qui va passer la nuit avec moi, je le taquine d'une voix rendue rauque par le désir.

Je me décale et lui fait signe de monter en voiture, il s'exécute. 

Je jette un dernier regard vers le club que je viens de quitter avec nostalgie, avant de prendre place dans la voiture à mon tour.

Give Me MooreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant