Chapitre 31

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-Je t'aime toujours, dis-je.

Elle ne réagissait pas, c'est à peine si elle respirait.

-Je t'aime toujours, répétais-je.

Elle a ris et a levée les yeux au ciel:

-Tu ne comprendras donc jamais? Tu ne sais pas ce qu'est l'amour, Tricia! Ce n'est pas aussi simple que tu le crois, ce n'est pas avoir le bégin pour quelqu'un ou désirer une source de défis. Mon passé n'est pas un défi! N'essaie pas de vivre avec ça, n'essaie pas de m'aider. Et surtout, n'essaie pas d'accepter mon passé. Tu dois apprendre, ton coeur est si jeune. Je suis plus difficile à supporter que tu prétends le croire. Je suis bordélique, ma vie elle-même est très désordonnée! Et non, ne me dis pas que tu peux vivre avec le fait que j'ai un passé difficile, je suis un fardaut. Je vais t'empêcher d'avancer. Je suis très négative, je m'emporte pour rien. Et je ne pardonne jamais. Où peut bien se trouver ton seuil de tolérance, Tricia? Si tu pouvais naïvement croire que tu étais amoureuse d'une ''meutrière'', il doit être infini, non?

Ysoline s'est arrêtée de parler. Elle a dû remarquer que je pleurais. Elle me prenait pour une gamine innocente. Une fille qui ne pouvait éprouver de réels sentiments. J'en avais marre qu'elle me prenne de haut, comme si elle valait mieux. Elle s'est gentiment approchée de moi, je me suis reculée.

-Non, c'est toi, qui ne comprendra jamais! commençais-je. Cesse de te prendre pour une femme mature et invincible. Cesse de penser que tu connais tout à la vie! Ce n'est pas parce que tu as eu une vie merdique et que Pam a agis comme une vraie salope avec toi que tu dois me le faire payer. Je t'aime, et je sais ce que je ressens. Penses-tu vraiment que je serais partis en fugue avec toi sinon? Ou bien que je t'aurais hébergée chez moi? Je ne suis pas Pam, je ne te briserai pas le coeur et je ne tuerai pas ma mère, tu comprends ça? Ma vie est bien évidemment plus simple que la tienne, mais ça ne m'empêche pas de ressentir quelque chose de vrai et de fort à ton égard. Et puis, penses-tu que je serais encore ici à me justifier si j'en avais rien à foutre de toi? Ça ferait longtemps que je me serais cassée. Tu es impossible, et tu vois le mal dans tout ce qui t'arrives. Mais je suis encore là, tu vois? Et malgré ton putain de caractère, je suis toujours là, ça te prends quoi de plus?!

Elle a baissée les yeux et s'est prise la tête de ses mains. Elle semblait ne plus supporter cette conversation. Étrangement, je n'éprouvais pas de compassion à son égard. Malgré tous ce qu'elle devait avoir vécu, je ne pouvais me résoudre à avoir pitié d'elle. Elle se servait de son passé pour démontrer qu'elle pouvait en supporter bien plus que la plupart des gens et elle s'en ventait pour prouver qu'elle connaissait beaucoup plus la vie que quiconque. C'était ridicule, cette façon qu'elle avait de se renfermer dans son passé. Elle leva les yeux, et figea son regard éternellement dans le mien.

-Es-tu prête à endurer des querelles de ce genre pendant, très, très longtemps?! dit-elle. Es-tu prête à m'entendre me lamenter, à vivre avec moi? Pourras-tu me supporter éternellement, Tricia? C'est ce que j'ai besoins d'entendre, et j'ai besoins que tu sois sincère. Mon âme a beaucoup endurée, et je ne suis pas prête à encaisser une autre perte. Pourras-tu t'habituée à mon ''putain de caractère''? Et malgré tous ce que l'on risque de traverser, m'aimeras-tu toujours?

-Je t'aimerai toujours.

Elle s'approcha de moi et agrippa mon cou.

-Putain c'que tu m'fais... dit-elle.

Et elle m'embrassa.

C'était le baiser le plus intense que je n'avais jamais partagée avec quiconque. Mes mains caressaient son dos brûlant, nos langues se mêlaient l'une à l'autre. J'avais chaud. J'avais des frissons. Nos corps se fondaient parfaitement l'un dans l'autre. Je l'aimerai toujours, pensais-je. Et je l'embrassai de plus belle.

I'm not gay.. Am I ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant