C'est quoi ton prénom ?

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13 septembre 2006

Le soleil jouait à cache-cache dans le ciel avec les nuages. La pelouse du terrain de foot brillait encore sous la rosée du matin. Il faisait frais. Un temps de septembre où on ne savait jamais vraiment comment s'habiller ; au risque de mourir de chaud ou de froid.

Des rires et des cris d'enfants commençaient à se faire entendre, l'heure du premier entraînement de l'année -où de toute une vie- était arrivé. Le terrain, entouré d'arbres donnait à l'endroit l'impression d'être coupé du monde. Un étang était situé un peu plus loin et des familles venaient profiter des derniers jours de beau temps avant l'automne.

Des chaussures à crampons foulèrent pour la première fois de la journée la mer verte aux lignes blanches. Maxime, haut comme trois pommes, était émerveillé. L'air sentait la pluie et la terre, le vent caressait sa peau caramel couverte d'un maillot de foot floqué au nom de Zidane, d'un short blanc et de chaussettes bleues qui ne faisaient que glisser. Ses cheveux bruns reflétaient le soleil de discrets reflets cuivrés.

— Papa, ze veux être footballeur ! s'exclama-t-il avec un sourire où il manquait quelques dents.

Charles sourit et ébouriffa les cheveux de son fils, laissant glisser son regard noisette sur la dizaine d'enfants accompagnés de leurs parents.

— Très bien champion. Je reste aujourd'hui d'accord ? Je ne serai pas loin, promis.

— Papa z'ai trois ans, ze suis grand !

Maxime bomba le torse et leva le menton, ce qui déclencha un éclat de rire chez son père.

— Bien sûr que tu es grand ! Le plus grand des footballeurs de trois ans.

Un sourire radieux apparut sur le visage carré de l'enfant. Il fit courir ses yeux chocolat sur les personnes présentes et remarqua un blondinet accroché aux jambes de sa mère ; qui ne voulait visiblement pas la lâcher. La femme s'accroupit face à lui et déposa un baiser sur son front. Maxime pencha la tête sur le côté, intrigué. Pourquoi est-ce qu'il ne voulait pas venir jouer avec eux ?

— Papa, pourquoi il vient pas ? demanda-t-il en pointant du doigt l'enfant.

— Il doit être timide, expliqua Charles en se baissant à la hauteur de Maxime.

— Et c'est grave d'être timide ?

— Non, il a juste besoin de se sentir protégé et aimé.

Plissant les yeux comme s'il ne parvenait pas vraiment à comprendre le concept, Maxime observa le jeune garçon secouer la tête et se pelotonner contre sa mère.

— Si tu allais le chercher ? proposa le père du brun, qui avait suivi son regard.

— Oui !

Maxime courut jusqu'à être à la hauteur du blondinet et sa maman. Il attrapa la main de l'autre enfant et lui sourit de toutes ses dents.

— Salut ! Moi c'est Maxime et ze vais te protéger !

Des rougeurs apparurent sur les joues pâles du blondinet qui regardait sans rien dire leurs mains entrelacées, une moue étonnée sur le visage.

Sans lui laisser le temps de réagir, le brun tira son nouvel ami vers la pelouse. Le blond jeta un regard inquiet à sa mère qui lui sourit avec encouragement.

— Tu vas voir, ze vais devenir footballeur ! Comme à la télé ! Dis, c'est quoi ton prénom ?

— William, murmura le blondinet.

— Moi c'est Maxime.

Pour la première fois de sa vie, le regard de William croisa le sien. Il avait timidement levé les yeux vers lui et Maxime se figea sur place. De grands yeux d'un bleu aussi infini que l'immensité de l'océan –trop grands pour son visage poupon aux joues rebondies– étaient plantés dans les siens. Son souffle se coupa et le rouge lui monta aux joues, se colorant de la même teinte que celles du blondinet.

Il retrouva l'usage de la parole au bout de quelques secondes :

— Dis William, tu veux être mon ami ?

Le blondinet sourit et ses yeux se plissèrent, aveuglant le brun au passage. Il lui semblait que son cœur allait s'échapper de son corps et il posa la main dessus pour éviter que ça n'arrive. Les battements de l'organe vibraient dans ses petits doigts boudinés. Maxime cligna plusieurs fois des paupières pour essayer de calmer la drôle de sensation. C'était le sourire de William qui avait fait ça ?

— Oui, je veux être ton ami, répondit William sans s'arrêter de sourire.

Ils se dirigèrent main dans la main vers le groupe d'apprentis footballeurs et le brun serra les petits doigts de William entre les siens.

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