Qu'est-ce qu'on est ?

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4 avril 2021

Les couloirs de l'internat étaient vides à cette heure-là, surtout ce jour-là. Vendredi soir, il ne restait que quatre internes au lycée à vivre l'enfer d'avoir cours le samedi matin. Maxime marchait sans un bruit vers les douches communes. Il avait besoin de décompresser, de réfléchir sous l'eau chaude.

C'était l'anniversaire de William aujourd'hui, il avait enfin dix-huit ans. C'était le blond qui lui avait offert un cadeau, enfin, il croyait lui en faire un. Il allait partir. Partir à Paris jouer au football dans un club renommé. Il avait enfin fini par réaliser son rêve, il était enfin devenu footballeur international après des années de galères, de travail et de sacrifices. Maxime ne l'avait jamais vu aussi heureux. Alors pourquoi lui ne l'était pas ?

Il ne lui avait toujours souhaité que le meilleur, l'avait soutenu dans tous les moments de sa vie et William avait fait de même. Aujourd'hui, alors que tout se concrétisait, il refusait de le laisser partir.

En passant les portes des douches, il s'arrêta en entendant l'eau couler, déçu. Lui qui espérait être seul... Il hésita à faire demi-tour puis fini par entrer dans la pièce. Maxime s'approcha des murs en carrelage. Sa déception s'en alla immédiatement quand il découvrit l'occupant des douches. William était de dos, la tête relevée vers le jet, l'eau caressant son corps désirable et glissant le long de la cambrure de ses reins. La condensation formait des volutes de vapeur qui donnait un air intimiste à l'endroit.

Une pointe de tristesse lui enserra la gorge.

— Je pensais que tu étais dans ta chambre, dit-il pour attirer l'attention de son meilleur ami.

William sursauta et se tourna vers lui, l'air inquiet. Il soupira de soulagement en le reconnaissant.

— Maxime tu m'as fait peur !

— Je sais.

Un sourire franchi ses lèvres pour la première fois depuis l'annonce de William. Le brun s'approcha de lui, retira ses vêtements un par un et se glissa sous le pommeau de douche. Le blond rougit quand Maxime glissa ses mains sur sa taille de guêpe.

— Tu veux ? demanda le plus âgé.

— Oui.

Le brun sourit et déposa ses lèvres au coin de sa bouche. Ils ne s'étaient jamais embrassés, William fuyait toujours ce moment. Il plongea sa tête dans le cou du blondinet et le mordilla. Depuis la quatrième, il devait avouer que son corps n'avait plus aucuns secrets pour lui.

Ses mains glissaient sur le corps mouillé du cadet, caressant ses courbes avec douceur. Il avait tellement changé et à la fois si peu. Son visage avait gardé son aspect enfantin alors que son corps était sorti de l'enfance. Il avait définitivement en face de lui un ange. Les cils blonds de William se confondaient avec les mèches de cheveux tombant sur son front. Son visage était resté ovale, ses traits doux et fins.

William se colla contre lui et Maxime le prit dans ses bras.

— Qu'est-ce qu'on est tous les deux ? fini par demander le blond.

— Pourquoi on aurait besoin de se définir ?

Il remonta ses lèvres le long de sa nuque et colla leurs fronts. Le terminal se perdit dans les deux océans de William. Il allait partir. Laisser mourir une histoire qui n'avait jamais vraiment commencé. Des gouttes salées se mélangèrent à celles qui coulaient sur leur deux corps. Le blond le fixait sans rien dire, se mordillant la lèvre.

— Je veux pas que tu partes, avoua Maxime la voix brisée par les sanglots. Je veux pas te perdre.

— Moi non plus Maxime. Je... tout est allé si vite et... putain je veux pas rester loin de toi.

Des larmes roulaient silencieusement sur ses joues pâles et le brun les regarda disparaître au milieu des gouttes d'eau. Cela devrait être le jour le plus heureux de sa vie et il pleurait devant lui. Maxime inspira longuement. L'année était bientôt terminée, William allait le quitter et ils ne se verront plus autant qu'avant. Alors pourquoi ne pas le tenter ? Au moins pour se dire on a essayé.

— J'ai jamais aimé quelqu'un comme toi, confia le brun.

— Moi non plus.

— Alors qu'est-ce qu'on attend ?

William détourna le regard.

— Je... je ne sais pas...

Maxime effleura ses croissants de chair et le blond se cambra contre son corps. William soupira de désir et avança ses lèvres vers lui doucement, comme redoutant le moment où leurs peaux se rencontreraient. Alors que Maxime pensait que rien ne pourrait briser ce moment, la porte des douches claqua contre le mur et ils se séparèrent à contre-cœur.

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