Jour de pluie

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3 septembre 2018

Le vent balayait la cour du lycée. Tout semblait si démesuré. Les trois bâtiments encerclaient la cour dont les deux lampadaires brillaient faiblement à la nuit tombée. Quelques rayons de soleil essayaient encore de percer sans trop de succès le ciel orageux.

William était assis sur le lit de sa chambre d'internat, au quatrième étage du bâtiment B. Ses pieds balayaient l'air de manière aussi régulière qu'un pendule, frôlant le sol à chaque coup de jambes. Il fixait les fins doigts de ses mains qui serraient un ours en peluche. Ses cheveux de blé tombaient sur son front, caressant ses yeux océans où nageait de l'inquiétude.

La seconde lui faisait peur. Être loin de chez lui toute une semaine lui faisait peur. Ses yeux se posèrent sur sa valise, ses vêtements étaient jetés pêle-mêle à l'intérieur. Il avait commencé à déballer ses affaires quand il s'était assis, pris soudain d'un doute qui le rongeait. Doute qui était arrivé en tombant sur ses crampons.

Il était dans ce lycée loin de chez lui rien que pour le foot. Et si ça se passait mal ? S'il n'était pas à la hauteur ? Si personne n'allait l'aimer ? S'il n'y arrivait pas ? Si... Les larmes lui montèrent aux yeux. Il secoua la tête pour les chasser et essaya de penser à autre chose. Mais plus il s'efforçait d'ignorer sa peur, de la museler, plus elle prenait de la place et hurlait plus fort.

Le lycéen leva la tête vers le ciel noir, il allait pleuvoir très bientôt. Des éclairs zébraient déjà le ciel et le tonnerre grondait au loin. Il sera plus fort son ourson entre ses mains, il était sûr que les garçons qui partageaient sa chambre allaient se moquer. Ils avaient l'air tellement serein. Était-il vraiment le seul à avoir peur ? À douter ? À redouter tous ces changements ?

— William, tout va bien ?

Quelque chose de chaud entra en contact avec son dos et le cadet senti ses mauvaises pensées disparaître. Maxime le serrait doucement contre lui. Le blond ne l'avait même pas entendu entrer, perdu dans ses pensées.

— J'ai peur... avoua-t-il du bout des lèvres.

— Tu n'as pas à avoir peur, je suis là. On est ici tous les deux et je vais te protéger.

Le petit blond frissonna quand les lèvres de Maxime se posèrent dans son cou. Il suçota sa peau de lait et William soupira d'aise, se laissant aller contre son torse. Depuis quand avaient-ils cessé d'agir comme de simples meilleurs amis ? Il ne s'en souvenait plus. Le jeune homme savait que de simples amis ne faisaient pas ce qu'ils faisaient tous les deux. Pourtant ils n'étaient pas un couple, il ne savait pas lui-même mettre des mots sur leur relation.

— Je serai toujours là, promit Maxime contre son oreille.

Le souffle tiède du brun s'abattait dans son cou, lui arrachant un frisson. William lâcha son doudou pour serrer les mains de Maxime entre les siennes. Les morsures glissaient le long de sa peau d'albâtre qui se colorait de rouge. Il avait terriblement chaud. Il arqua inconsciemment sa nuque vers les lèvres fines de son meilleur ami, à la recherche de l'apaisement que lui procuraient ses morsures.

— Je sais.

Maxime le fit basculer sur le lit et se glissa au-dessus de lui. William se perdit dans son regard chocolat pétillant de joie et de malice. On aurait dit des orbes de cacao qui n'attendaient qu'à être dévorés. Son visage perdait petit à petit l'aspect enfantin qu'il avait connu toute sa vie pour des joues plus creusées et une mâchoire carrée. Le blondinet suivit des yeux sa pomme d'Adam bouger sous sa peau caramel quand il dégluti. Maxime devenait un adulte et William ignorait si cela lui plaisait. Il n'était plus mignon, il était beau. Une beauté simple, sans artifice, un brin sexy et charmeuse. Un sourire amusé s'étira sur ses lèvres tentatrices.

— Je sais que je suis beau mais on dirait un psychopathe à me fixer comme ça, rit Maxime en lui faisait un clin d'œil.

— Rêve pas trop, t'es toujours aussi moche que quand on avait trois ans.

William détourna le regard, embarrassé et rougissant.

— Mais oui, je te crois.

Il glissa avec douceur sa main sur sa joue et un frisson traversa William. Il se mordit la lèvre en espérant que Maxime ne l'ait pas senti. Le blond ne se sentait pas prêt pour voir la vérité en face. Il avait si peur de ses sentiments et de ce que cela impliquait. Ils grandissaient chaque jour un peu plus dans sa poitrine. Leurs puissances l'effrayaient. Pouvait-on vraiment ressentir toutes ces choses aussi violemment ? Aussi nettement ? Comment leur couleur aussi aveuglante et vives devenaient-elles aussi ternes certaines fois avant de reprendre leur couleur pastel originelle ? Il avait pourtant tout pour être heureux. Il était d'ailleurs parfois trop heureux. Mais Maxime n'avait jamais eu peur, même s'il ignorait les sentiments que William essayait tant bien que mal de refouler.

Maxime s'allongea près de lui, le prit dans ses bras et, quand la pluie se mit à tomber avec force contre les fenêtres de la chambre, William n'avait plus peur.

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