Chapitre 1

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8h26.

Mes talons blancs martèlent les rues pavées de Paris déjà noires de monde alors que je ressers mon trench beige contre moi. Je regrette de ne pas avoir mis ma doudoune fourrée ce matin, mais elle ne s'accordait pas avec mon pantalon fluide couleur crème et ma chemise en soie blanche. Je sais, ça peut paraître extrêmement stupide de préférer le style au confort et de risquer au passage de tomber malade, mais que voulez-vous ? J'ai le goût du risque !

Nous sommes mi-février donc techniquement encore en hiver même si le temps a été relativement agréable ses derniers jours. Ce qui n'a fait que renforcer mon choix de mettre mon nouveau trench acheté à peine quelques jours plus tôt en solde aux célèbres Galeries Lafayette au lieu de ma doudoune douce et chaude grâce à son intérieur en moumoute qui m'aurait été bien utile ce matin. Mais déjà trop excitée de pouvoir le mettre, je n'ai pas pensé à vérifier la météo avant de sortir de chez moi ce matin.

8h34.

Je me dirige vers mon café habituel pas trop loin de mon travail, dissimulé dans une petite ruelle dans laquelle seuls les habitants des immeubles voisins ou les habitués qui viennent chercher leurs cafés avant d'aller travailler circulent. Je pousse la petite porte en bois massif noire au-dessus de laquelle plane une petite enseigne "Fredy's" qui frétille et clignote avec peine avant de s'éteindre complètement.

La chaleur rassurante de ce petit café à l'ambiance intime, aux lumières tamisées et à l'odeur de café chaud emplit déjà mes narines et m'apaise instantanément comme d'habitude. Ce lieu est en quelque sorte devenu mon havre de paix, ma safe place dans ce monde de brutes.

Je retire mes gants en cuir et les glisse dans mon sac à main en m'avançant vers le comptoir. Frédo est déjà là en train de me préparer mon grand café viennois bien corsé avec une touche de cannelle sur le dessus. Touche de cannelle dont je ne peux me passer aussi bien pour son goût incroyable que pour son odeur qui me rappelle tant de souvenir. Frédo a l'habitude que je passe toujours à la même heure en semaine avant d'aller au travail alors il me le prépare juste avant que je n'arrive pour que je puisse le récupérer rapidement sans avoir besoin de faire la queue quand il y a du monde. Un des nombreux avantages à être amie avec le patron.

Je suis tombée complètement par hasard sur ce café, il y a déjà plus de deux ans de ça un jour de forte pluie. L'un de mes talons venait de se casser après avoir couru pour rattraper mon bus. La définition même de la poisse. J'avais cru pouvoir l'attraper au prochain arrêt en coupant par cette petite ruelle que je n'avais encore jamais vue, mais j'ai vu mon bus passer de nouveau devant moi au bout de la ruelle. Il était hors de question que je rentre à pied dans cet état et avec ce temps alors j'ai fini par appelé un taxi et en voyant l'enseigne du café, je me suis tout simplement dit que j'allais venir m'y réfugier en attendant.

J'avais peur de tombé sur un café mal famé vu la ruelle où il se trouvait, mais j'ai été très surprise en y découvrant simplement des canapés en cuir marron, des lumières aux ampoules jaunes ou oranges comme si elles avaient survécu aux années, des personnes détendus affalés dans les canapés qui riaient et surtout le meilleur café de tous les temps ! J'ai rapidement délaissé le Starbucks qui à côté ne vaut plus rien pour moi.

En plus de deux ans, j'ai bossé sur mon ordinateur dans un coin jusqu'à pas d'heure, pris certains de mes déjeuners et pauses ici, pris mon café tous les matins sans déroger une seule fois à la règle ou presque et j'y ai également fait de merveilleuses rencontres. Frédéric aka Frédo ou Fred qui est en train de préparer ma dose de boost matinale et qui est aussi le patron de ce petit endroit de paradis fait maintenant partie de mes plus proches amis ainsi que ses collègues Rosie et Alex.

The p̶e̶r̶f̶e̶c̶t̶ weddingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant