Chapitre 1: Tempête

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Diluc se souviendrait toujours de sa première rencontre avec Kaeya.

C'était un soir de pluie, son père revenait de Mondstadt après avoir travaillé au Cadeau de l'Ange pour gérer quelques affaires. Son fils d'à peine 6 ans était resté au domaine en compagnie des domestiques, Crepus estimant qu'un bar n'était pas un endroit approprié pour un enfant. Le jeune garçon était donc resté dans l'immense manoir à s'occuper comme il le pouvait. Il n'était pas un enfant difficile, mais parfois, il se sentait seul, et aussi gentils qu'ils soient avec lui, les personnes qui s'occupaient de lui restaient des adultes. Des adultes qui avaient en plus d'autres choses à faire que jouer avec lui. Le temps était donc long malgré l'immensité du jardin viticole qu'il avait pour lui. Parfois, il souhaitait avoir un compagnon de jeu, quelqu'un de son âge, avec qui partager ces moments de son enfance.

C'est comme si les Dieux l'avaient entendu lorsqu'en rentrant, son père se retrouva accompagné d'un autre garçon à peine plus jeune que lui.

Ses pauvres vêtements étaient trempés de haut en bas, et son expression semblait dénuée de joie, ou même de vitalité. C'était comme si cet inconnu était seul au monde, et cela pinça le coeur de Diluc, bien plus que son aspect douteux. Les autres domestiques le regardèrent avec méfiance, mais l'héritier Ragnvindr n'en tint pas compte. Ses yeux carmin se posèrent sur son père avec simplement une vive interrogation. Crépus prit le temps de refermer la porte et d'ordonner à ce qu'on ramène une serviette afin de sécher l'enfant étranger. Puis il s'exprima enfin sur ce dernier:

"Diluc, je te présente Kaeya. Je l'ai trouvé dans les vignes en rentrant de Mondstadt. Il dit que son père est parti sans lui, sans donner d'explication, et qu'il est resté longtemps sous la pluie. Il est encore sous le choc, alors soit gentil avec lui."

Le garçon aux cheveux flamboyants acquiesça, comprenant malgré son jeune âge le sens des paroles de son père. S'approcha doucement du garçon et, voyant qu'il ne faisait aucun geste pour se sécher, prit la serviette pour l'aider à frictionner ses cheveux couleur nuit. Il se laissa faire sans réagir. Perdu. Abandonné. Il n'y avait pas d'autres mots pour décrire Kaeya. C'était triste, et c'était à eux de lui donner du réconfort. Alors pourquoi tous les adultes ne s'approchaient pas de lui, murmuraient entre eux des choses étranges? L'un d'eux s'approcha de Crepus pour une discussion à part, mais Diluc put entendre des mots comme "dangereux", "étranger" et "méfiance". Rien qui ne faisait sens pour l'enfant qu'il était.

Il laissa tomber la serviette sur l'épaule Kaeya pour lui sourire timidement et lui déclarer avec une voix douce:

"Je m'appelle Diluc, et mon papa, c'est le chef ici! Bienvenue chez moi!"

Cela semblait maladroit, mais Diluc crut voir en l'espace d'une seconde une lueur de vie dans le regard terne de Kaeya.

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Crepus avait conscience que cet enfant était louche.

Il n'avait pas besoin des conseils d'Elzer pour savoir qu'on n'abandonnait pas son fils comme ça, encore moins sur les terres d'un des plus riches propriétaires de Mondstadt. Ce qui rajoutait de la suspicion à cette coïncidence était les origines clairement étrangères du garçon, autant que le fait qu'il ait pu expliquer sa condition aussi clairement à l'adulte qui l'avait retrouvé. Presque comme s'il avait préparé en avance son explication. Mais quand bien même, que pouvait-il faire? Le maître Ravingrind n'était pas un homme assez cruel pour laisser un enfant mourir de froid sous la pluie, aussi étrange que soit sa présence.

De toute façon, il était trop tard pour revenir en arrière.

"Pour le moment, laissons le rester ici, et demain, nous enquêterons pour savoir d'où il vient, et retrouver sa famille." Décida-t-il. "Diluc. Peux-tu lui prêter une de tes chemises de nuit, et l'amener dans la chambre d'amis?"

La chaleur de tes brasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant