Chapitre 4: Intégration

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Cela faisait un mois que Kaeya était arrivé au manoir Ragnvindr.

Crépus, comme tous les autres adultes présents, avaient pensé que la patience et la générosité de Diluc, aussi gentil soit-il, se soit épuisée après avoir partagé autant de temps avec Kaeya. Et pourtant, force est de constater que ce fut l'inverse. Il se décalait de lui-même à table pour faire de la place au jeune homme, il avait aidé à déplacer ses affaires afin qu'ils puissent construire le lit de Kaeya de l'autre côté de la chambre et il avait même fait du tri dans ses jouets afin de donner ceux qui l'intéressaient le moins à son compagnon de chambre. Une distinction bien inutile puisqu'ils avaient finit par mettre en commun étant donné qu'ils jouaient ensemble la plupart du temps.

Bref, loin de s'en être fatigué, Diluc avait totalement intégré Kaeya à sa vie actuelle, comme s'il en avait toujours fait partie.

Ils avaient également été plusieurs fois à Mondstadt afin d'acheter des vêtements à Kaeya. Le jeune homme se souviendrait toujours de sa première visite de la ville. Il était monté à l'intérieur de la calèche qu'ils prenaient de temps en temps pour se déplacer dans la région. Diluc adorait être dedans, car c'était pour lui synonyme de sortie en ville, et donc forcément d'une journée inoubliable. Le simple fait de ne pas avoir à marcher pour se rendre d'un point à un autre suffisait déjà au jeune étranger à sentir qu'il vivait quelque chose de spécial. Il se tint sage durant tout le voyage, contrairement au garçon aux cheveux rouges qui passait son temps à faire des allers retours aux fenêtres pour guetter le moment où ils arrivaient. Il réussit à convaincre Kaeya de le rejoindre lorsqu'ils s'approchèrent du grand portail.

Kaeya comprit alors pourquoi Diluc louait la grandeur de la ville.

Un chevalier de Favonius gardait l'entrée, mais se contenta de les saluer poliment en reconnaissant le transport de maître Crépus. Quand l'enfant aux cheveux bleus posa le pied sur le sol urbain, tous ses sens se mirent en alerte. La vue des grandes maisons, l'odeur de la viande cuite qui lui ouvrit l'appétit, le son du fer et des gens qui marchent sur le pavé, le toucher de la pierre. Ses premiers moments à Mondstadt aux côtés de ceux qui l'avaient recueilli. Il se laissa guider jusqu'aux différentes boutiques de vêtements accessoires, et même de jouet pour les féliciter, lui et Diluc, d'avoir été sages pendant la journée. Kaeya ne comprit pas tout de suite en quoi son bon comportement méritait une telle récompense, lui habitué plus au bâton qu'à la carotte, mais il accepta avec gratitude.

En revenant ce soir-là, Adelinde l'avait remarqué lorsqu'il s'était présenté à elle accompagné du jeune maître Diluc, son visage abordant une expression aussi pareillée que leurs vêtements: celle d'un enfant heureux.

Et au fur et à mesure du temps, cette expression devint de plus en plus courante, parfois imitation des expressions de Diluc, et parfois un sincère bonheur, même s'il était passager. Car malgré tout, Kaeya ne pouvait oublier si facilement, ni son abandon, ni les raisons de ce dernier, et ils étaient encore la cause de cauchemars fréquente. Pendant ces nuits-là, il rejoignait à pas de loup le lit de son compagnon de chambre pour y chercher autant de réconfort qu'une simple présence rassurante. Parfois il réussissait à rester assez discret pour ne pas le réveiller, et parfois il n'y arrivait pas, et il était accueilli par une petite voix douce qui lui faisait une place.

Dans tous les cas, il se réveillait le lendemain avec des bras pâles qui entouraient son corps, une source de chaleur collée contre lui. Et la sensation d'avoir eu un sommeil paisible où ses démons intérieurs furent temporairement chassés. C'était sans doute pour cela que le matin était son moment préféré de la journée. Un moment où il était tout seul avec le garçon aux cheveux flamboyants, plus proche physiquement de lui qu'il ne pouvait l'être le reste du temps. C'était un moment intime et privilégié qui lui donnait le courage et une raison de tenir jusqu'au soir malgré son futur incertain.

La chaleur de tes brasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant