Chapitre 3: Décision

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Kaeya et Diluc avaient passé l'entière journée dans le jardin viticole.

L'enfant aux cheveux rouges lui avait d'abord fait le tour du jardin, lui présentant les différents plants de raisins, puis les autres jardins qui servaient plus de faire valoir qu'autre chose. Puis ils s'étaient installés derrière le manoir, Diluc ayant soudain eu l'idée de jouer avec un plant de terre qui lui évoquait Mondstadt. Il voulut reconstruire ce qui s'apparentait à une maquette de la ville avec des pierres et des feuilles, tant pour montrer ses talents d'architecte, que de présenter la ville à son compagnon de jeu. Au début, le garçon à la peau mate fut assez nerveux, ne sachant pas réellement ce que "jouer" voulait dire, et chercha un moment un sens à ce que Diluc voulait faire.

Cependant, il l'aida sans broncher, et trouva l'activité aussi intéressante qu'agréable.

Chaque petit élément de décor était accompagné d'un commentaire de Diluc qui lui servait malgré lui de source d'information, bien que ce qu'il apprit fût assez peu pertinent. Il apprit l'emplacement de la fleuriste, qui avait une fille "bizarre qui le regardait tout le temps" ainsi que celui du Cadeau de l'ange, une taverne tenue par son son père en ville. Diluc fut assez généreux en matière de taille, car l'amas de bâtons et de feuilles censé représenter l'établissement prenait un quart de la place. Il montra également la grande statue dédiée à Barbatos, leur Dieu, en face de l'Eglise, et le QG de l'Ordre Favonius qui n'était pas très loin.

"Un jour, je serais chevalier Favonius, je défendrais Mondstadt et papa sera fier de moi!"

Kaeya haussa les sourcils à cette affirmation, mais n'osa poser de questions.

Diluc continua sa présentation, en plaçant au hasard divers bâtiments. Cela leur prit une bonne partie de la matinée, pendant laquelle Diluc était intarissable sur Mondstadt. Il n'allait pas si souvent que ça en ville, mais le vivait à chaque fois comme un évènement, et il s'instruisait à côté sur l'histoire du pays, bien au-delà de ses cours conventionnels. Kaeya voyait ses yeux briller à chaque anecdote, chaque commentaire sur certains aspects de la ville. Il aimait sincèrement cet endroit, alors même qu'il ne devait pas connaître la moitié des habitants de la ville.

Quelque part, l'étranger eut du mal à comprendre.

Bien sûr, lui-même était attaché à ses origines et connaissait l'histoire de son défunt peuple par coeur, mais cet attachement qu'il avait pour Kahenri'ah n'avait rien à voir avec celui de Diluc. Cela ressemblait plus à un devoir de mémoire envers des inconnus, dont certains n'étaient plus vraiment humains. Il n'y avait rien de joyeux ou charmant dans son pays d'origine, bien au contraire. C'était juste une terre désolée et maudite de ténèbres éternelles, où l'espoir se faisait rare. Kaeya avait certainement vu plus de preuve d'affection ces dernières heures que durant sa vie entière là-bas.

Il enviait sincèrement Diluc d'avoir grandi dans un cadre pareil.

Plus loin, Adelinde les observait d'un oeil intransigeant.

Crépus étant parti en ville pour mener son enquête quant à l'identité du jeune étranger, il avait ordonné sa surveillance aux domestiques. Jamais Diluc n'avait autant été ennuyé par leur présence, notamment celle d'Adelinde qui veillait toujours à ce qu'ils restent dans son champ de vision. Elle n'était pas d'ordinaire aussi collante, et laissait même le jeune maître s'aventurer à la lisière de la forêt pour rejoindre sa "base secrète" comme il aimait l'appeler. Mais cette fois-ci, impossible de s'éloigner sans se faire réprimander, et donc d'y accéder pour la montrer à son compagnon de jeu. Dans son monde encore teinté d'innocence, le garçon aux cheveux rouges ne comprenait pas pourquoi elle était si stricte.

La chaleur de tes brasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant