/!\ Chapitre du point de vu de Shawn. Certains passages peuvent heurter la sensibilité.
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Je marche lentement, avec des pas peu assurés, sur une planche de bois. Il fait noir autour de moi mais une faible lueur colorée m'indique le chemin. Je ne saurai dire si elle est bleu, verte ou jaune. Elle est juste là, douce, immobile. J'ai beau m'approcher d'elle, elle ne grossit pas. Je sens le bois craquer sous mes pieds nus. De temps en temps, des échardes se logent sous ma peau et m'arrachent des gémissements. Je sens aussi le vent venir d'en-dessous. Ou plutôt, se sont des murmures. Des pensées parasites que j'essaie d'oublier qui mais restent néanmoins là, logées aux creux de mes oreilles. Alors que je continu d'avancer, le chemin se scinde en deux. L'un continu et l'autre bifurque. En face, la faible lueur disparaît peu à peu. Le chemin sur ma gauche est plongé dans le noir complet mais une douce chaleur en émane. J'ai envi de le suivre mais mon instinct me dit que la lumière est sûre, qu'elle ne me fera pas de mal. Alors je continu tout droit, un pas après l'autre, sans m'arrêter. Il fait de plus en plus froid et les murmures deviennent plus fort. Sans que je comprenne pourquoi, la lueur disparaît soudainement et je me retrouve dans un noir profond, incapable d'avancer ou de reculer. Je suis bloqué sur place et les cris deviennent incessants.
- Pourquoi es-tu ainsi ? Pourquoi es-tu bizarre ?
- Embrasser un homme n'est pas normal. Pourquoi n'aimes-tu pas les femmes ?
- Si t'as mère est partie, c'est parce que tu la dégoûtes.
- Elle ne reviendra jamais, elle veut t'oublier.
- Ton père ne t'aime pas. Un jour, il t'oubliera aussi. Il a Marie maintenant.
Je n'arrive plus à les chasser, elles sont là, elles m'entourent, elle m'étouffent, elles m'angoissent. Je me redresse et je cours tout droit mais mon pied ripe et je tombe de la planche. Je tombe en continu, ne touche jamais le sol. Je tombe durant plusieurs secondes, minutes, heures. Ça n'en finit pas. Je veux m'écraser, je veux toucher quelque chose mais il n'y a que le vide, le néant. Un bruit sourd retentit puis plus rien. Plus de voix, plus de pensées parasites, plus un bruit. Je ferme les yeux un instant et quand je les rouvre un visage apparaît. Il n'a plus de peau, plus de chaire, plus rien. C'est juste un squelette mais j'ai l'impression qu'il me parle.
- Tu dois répondre à trois questions avec honnêteté. Si tu me mens, je te détruirai.
J'avale difficilement ma salive mais lui dis d'une voix faible que je vais le faire. Il esquisse un sourire, même si cela semble bizarre étant donné qu'il n'a pas de lèvres, et il commence.
- Qu'éprouves-tu envers ton père ?
- Je l'aime mais je suis en colère. J'aimerai qu'il me comprenne, qu'il m'accepte. Je veux qu'il me voit à nouveau comme son fils.
- Qu'éprouves-tu envers ce garçon qui t'héberge ?
- De l'amitié, de l'amour. C'est confus. Je lui serais éternellement reconnaissant pour tout ce qu'il a fait pour moi. Lui et sa famille sont vraiment des gens géniaux.
- Qu'éprouves-tu envers toi-même ?
Les mots se bloquent un instant avant que quelque chose n'explose dans ma poitrine. Ça ne fait pas mal, au contraire, tout semble beaucoup plus fluide et logique. Je l'accepte.
- Je me déteste. Je ne suis pas capable d'être le fils parfait, l'ami parfait, le petit-ami parfait. Je ne fais que susciter la pitié chez les autres. Je suis un incapable, doublé d'un menteur et d'un lâche. Parfois, j'aimerai mourir et renaître. J'aimerai être un enfant doux, calme obéissant. Une fille studieuse, entourée d'amies, avec un petit-ami sportif et attentionné. Tout serait simple. Mes parents me regarderaient avec amour, on vivrait heureux. Une famille normale, une vie normale. Je serais normal.
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La vie d'un chat
Novela Juvenil/!\ Cette histoire est sujette à de nombreuses modifications (correction des fautes, réécriture de passages). L'histoire que vous allez lire actuellement est donc susceptible d'être modifié sous peu. Je demande donc votre indulgence. Un monde paral...