La vie d'un chat

Chapitre 2

     J'attendis dans la cour, devant le grand gymnase, que les profs arrivent. Les classes s'étaient mélangées, certains élèves se retrouvaient, d'autres s'amusaient comme ils le pouvaient. Le brouhaha était insupportable. Des cris d'animaux se mêlaient à ceux des humains. Un vrai zoo. Je fus seul dans mon coin durant une dizaine de minutes. Lorsque les profs arrivèrent, ils réunirent tout le monde dans la grande salle du gymnase, divisé en deux, et demandèrent le silence. Ils étaient au nombre de trois. Je n'écoutai pas leur présentation, trop occupé à focaliser mon attention sur une meute de loup. Leur alpha, un garçon assez grand et musclé aux cheveux bruns, déployait son odeur dans toute la salle. Une odeur qui incitait à la soumission, à l'obéissance. Le petit mamba noir, pas loin de moi, se ratatinait de plus en plus sur lui-même, rentrant sa tête dans ses épaules et fixant le sol. Pourtant, son gabarit était quasiment identique à celui du loup. De mon coté, j'essayai de l'ignorer. Je ne suis pas de nature soumis, mais pas dominant non plus. Les chats ont pour habitude de suivre leur instinct et de ne rentrer dans aucune case. Je vérifie cette généralité. Un coup de sifflet retentit, invitant chaque classe à suivre un professeur. Dans le vestiaire, chacun posa ses affaires et prit place sur les vieux bancs crasseux. Le prof, un quarantenaire aux cheveux grisonnant, se présenta à nouveau comme étant Mr. Hamilton. « Pour ceux qui n'auraient pas été attentifs » ajouta-t-il.

- Bien. Je suppose que vous connaissez déjà le programme mais je préfère le réexpliquer pour les nouveaux arrivants. Je vais vous distribuer cette petite feuille qui contient trois programmes. Ces programmes contiennent les trois disciplines sportives que vous effectuerez cette année. Vous ne devez en choisir que deux, celui que vous préférez et un de secours. N'oubliez pas le deuxième ! Ne le choisissez pas au hasard ou vous finirez déçu. Je vous aurai prévenu. Bon, je vais à présent passer à la distribution. Si il y a des questions, n'hésitez pas.

Lorsqu'une feuille atterrit dans mes mains, je m'empressai de lire les programmes.

- 3 fois 500, Danse, Boxe. Non

- Relais, 3 fois 500, Handball. Pourquoi pas.

- 3 fois 500, Basketball, Volley. Idem.

     C'est donc sans hésiter que je cochai le second et le troisième. Bien sur, je mis le deuxième en premier. Courir ne me dérangeait aucunement. En revanche, je n'étais pas fan des sports en équipe se jouant avec une balle. Et encore moins des sports en équipe se jouant sans balle, comme la danse et l'acrosport. Pas que je vois ça comme étant des sports de « fille ». Non. Je n'aime juste pas me contorsionner sans raison. Je n'avais jamais vraiment trouver d'utilité à ses activités si ce n'est gagner en agilité et en souplesse, ce que j'avais déjà. Le prof laissa cinq minutes aux élèves pour remplir leurs fiches avant de passer dans les rangs. En effet, il ne s'agissait pas seulement de cocher un programme. Il fallait mettre nom, prénom, classe, établissement où nous étions l'an dernier pour ceux qui venaient d'arriver et maladie si il y en a. Je ne remplis que les trois premières cases avant de rendre ma feuille. Le brouhaha reprit rapidement, mais heureusement il ne dura pas longtemps. Le prof redemanda bien vite le silence pour nous annoncer que nous devions reprendre nos affaires et retourner dans la grande salle. Comme l'an dernier, ils allaient dépouiller les fiches et constituer les groupes d'élèves, mélangeant les classes et les filières. Des ballons furent mis à disposition. Certains élèves constituèrent des équipes et un match de foot commença. L'un des prof ouvrit la seconde salle, plus petite, et sortit des tables de ping-pong pour ceux qui le souhaitaient. Les filles aussi constituèrent des groupes. Elles discutaient, regardaient leurs téléphones, riaient comme des oies. Insupportable. Je regardai un peu partout, essayant de trouver un endroit où me mettre à l'abri des ballons et du bruit. Par chance, il restait un coin isolé. Enfin presque. Le fameux mamba noir y était. Cependant, il avait l'air concentré sur son cahier de dessin, faisant de temps en temps une moue assez adorable qui exprimait son mécontentement. Sans plus me poser de questions, j'allai prendre place à ses côtés, évitant au passage une balle de ping-pong de justesse. Une fille vint la récupérer et s'excusa pour « son manque de rapidité » avant de retourner à sa table. Sans vraiment chercher à comprendre ce qu'elle voulait dire, je m'assis à même le sol, dos au mur. Je soupirai un coup, sachant que nous allions attendre ici jusqu'à la fin du cours, soit une bonne heure et demi. Le jeune serpent à ma droite sursauta, et je sursautai à mon tour. Nous nous regardâmes, à la fois surpris et amusés par la situation. Le jeune mamba pouffa avant de me dire de sa voix douce, efféminée :