Mon réveil sonnait pour la dernière fois de la semaine. Je l'éteignis avec fainéantise avant de sortir de mon lit et de m'étirer. Aujourd'hui, nous avions notre premier cours d'arts plastiques. Cinq heures d'affilées. Puis nous aurons la pause déjeuner et une heure d'Eldrois. Nous devions également avoir deux heures de littérature Eldroise mais apparemment le cours ne commencerait que la semaine prochaine.
Comme tous les jours depuis le début de la semaine, Claire vint toquer à ma porte, me signalant que je devais me lever maintenant si je ne voulais pas être en retard. Je soupirai légèrement, me préparant mentalement au brouhaha qui aurait lieu ce matin. L'an dernier, j'avais déjà pris l'option facultative d'art. Nous n'avions que trois heures le mercredi après-midi mais à vrai dire, c'était celles que je redoutais le plus. Ce cours était comparable à une grande récréation. Peu d'élèves travaillaient, des inconnus s'incrustaient et retournaient la pièce. Une vraie cacophonie. Je priai intérieurement pour que cette année soit plus calme même si il y avait peu de chance que ça arrive. Paresseusement, je me mis sur mes pieds et me dirigeais vers mon armoire. J'en sortis mes vêtements, mon précieux ras-de-cou et refermais la porte coulissante. Comme d'habitude, lorsque j'entrais dans la salle de bain, la buée me frappa au visage. Je posai mes affaires sur la cuvette fermée des toilettes et me mis face au grand miroir mural. Je regardai mes yeux, un instant, et lentement, je descendis mon regard. Mon nez, mes lèvres, mon menton, mon cou. Je m'arrêtai. Mes doigts vinrent se poser dessus, délicatement, et retracèrent les contours de l'immonde cicatrice qui le ornait. Une plaie longue, fine, nette. Une fissure indélébile qui était là pour me rappeler que je n'étais pas désiré. Qu'elle ne m'aimait pas. Qu'elle me retrouvera et qu'elle finira ce qu'elle avait commencé autrefois. Je retins de justesse un renvoi et secouai la tête avant de la prendre dans mes mains. J'inspirai longuement par le nez, gonflai le ventre, expirai par la bouche. Je comptai les secondes, de plus en plus lentement, me forçant à respirer en suivant la mesure. Marc m'avait appris à le faire. Au début j'avais du mal, c'était mécanique, pas naturel. Aujourd'hui, j'arrivai à le faire seul. Pratique. J'attendis cinq bonnes minutes avant de me redresser et de me décider à me préparer. Lavage de dents, douche, habillage. Une fois près, je rejoignis mère dans la cuisine. Je fis claquer un bisou sur sa joue, elle fit de même, et comme chaque matin je piquai un fruit dans la corbeille avant d'aller mettre mes chaussures. Sur le chemin, une pêche plate en bouche, j'écoutai les oiseaux gazouiller. Les arbres commençaient à perdre leurs feuilles, bientôt les couples abandonneraient leurs nids et ils se cacheront. Je devrai sans doute racheter des boules de graines avant la fin du mois. Et peut-être un peu de laine. Marc m'aidera sûrement à tout accrocher dans le noisetier, au fond du jardin, lorsqu'il aura un peu de temps. Presque arrivé au lycée, je fis un rapide inventaire de mon sac pour voir si je n'avais rien oublié. Appareil photo : check. Marqueurs : check. Papier à dessin : check. Carnet : check. J'avais tout. Je sortis mon carnet de mon sac, le montrai aux surveillants en passant la grille et pris le chemin de la salle d'art. Elle se situait dans le même bâtiment que la cantine, juste au-dessus, et malheureusement, nous finissions à 13heures. Ce qui signifiait que nous aurions les odeurs, le bruit, les intrus qui ne voulaient pas manger leurs sandwichs dehors. Je soupirai d'exaspération. Arrivé devant la lourde porte étroite, je la poussai et m'engageai dans la cage d'escaliers. A l'étage, seule la lumière de la salle éclairait le couloir. Aucun bruit. Cela indiquait que j'étais le premier arrivé. J'entrai dans la salle, saluant le prof au passage et allai m'asseoir à ma place habituelle. Les grandes tables formaient un rectangle au centre de la pièce. Tout autour, il y avait des poufs, des tables plus petites, une grande armoire. Dans un coin, des ordinateurs et une imprimante étaient mis à disposition. Dans un autre, il y avait deux vieux lavabos crasseux, de grands chevalets et du matériel de peinture. Sous les tables, certains élèves avaient rangés leurs vieilles pochettes à dessin. Ici et là étaient disposés des projets, des œuvres, aboutis ou à peine commencés. Une vraie salle d'artistes.

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La vie d'un chat
Fiksi Remaja/!\ Cette histoire est sujette à de nombreuses modifications (correction des fautes, réécriture de passages). L'histoire que vous allez lire actuellement est donc susceptible d'être modifié sous peu. Je demande donc votre indulgence. Un monde paral...