La pluie dégoulinait sur mon visage. J'avais les yeux fermés, le front baissé vers le sol. J'étais seule au milieu de la rue, trempée et sans parapluie. Cette eau qui dévalait sur mes épaules, me collait les cheveux aux joues et faisait couler mon maquillage, se mêlant à mes larmes.
Je lui avait promis d'être forte, pourtant.
Je râlais en silence, appuyée contre un lampadaire.
Cela faisait maintenant 5 mois qu'Elena avait quittée le monde des vivants, et 5 mois que ma vie était devenue un torrent de larmes et de dépression.
J'ai appuyé un bras sur le lampadaire glacé, et ai regardé mes pieds, complètement perdue. Dès l'instant où j'avais vu la pluie tomber au dehors, je m'étais précipitée dans la rue sans vraiment m'en rendre compte.
" Maintenant, je ressemble à une clodo, quelle idiote ! "
J'ai changé de position et me suis mise dos au lampadaire. Je me laissa glisser au sol, et me suis assise dans une énorme flaque. Je sentis le froid de l'eau pénétrer dans mon pantalon, mais je n'en avais rien à faire.
Je réfléchis pendant de longues minutes en contemplant le ciel en colère. Mes paupières sont peu à peu devenues lourdes et, chose paraissant totalement inconcevable, je me suis endormie.
~~
Une grande vallée aux herbes hautes jaunies se tenait devant mes yeux. Tout n'était que silence, mais je n'étais pas seule.
Il y avait un garçon, d'environ mon âge, que je repérais toute de suite. Il était planté au milieu de la clairière, ses cheveux bruns courts ébouriffés à cause de la brise légère qui régnait en ces lieux. Il avait d'étranges yeux dorés, et son visage était à couper le souffle. Il portait un t-shirt noir moulant et un jean simple.
Il était seul, au milieu des herbes, et il n'y avait rien ni personne d'autre. J'avais l'impression qu'il avait les yeux fixés sur moi.
Puis, soudain, il fit un pas dans ma direction et se retrouva à un mètre de moi, alors qu'il se tenait à une bonne vingtaine il y a quelques minutes. Surprise, je reculais d'un pas, fixant ses yeux dorés comme hypnotisée.
Il me tendit sa main, sous mon regard intrigué, et parla d'une voix masculine et mature.
- Viens avec moi Wendy.
- Que... Quoi ? Mais... euh... ai-je bégayé, en continuant de fixer sa main.
J'étais définitivement surprise qu'un de mes rêves se déroule de cette manière.
- Suis-moi, et je te dirai tout.
Et il me sourit, en me touchant l'épaule. J'essayais de me dégager, mal à l'aise, mais il me força d'une main sous le menton à le regarder dans les yeux.
- Viens, et ta vie pourra redevenir comme avant.
~~
Je me suis réveillée subitement. J'étais toujours dans la rue, contre le lampadaire.
Un homme qui devait avoir la quarantaine, vêtu d'un long manteau et d'un chapeau melon noir, était agenouillé devant moi, une main posée sur mon épaule. Je ne distinguais de son visage qu'une petite moustache rousse, le reste étant caché par son chapeau. Il tenait un parapluie au dessus de ma tête avec son autre main.
Il me regardait, l'air inquiet.
- Ça va Mademoiselle ? a t-il demandé avec un accent anglais très prononcé. J'ai cru que vous êtiez morte.
J'ai secoué la tête et je me suis redressée légèrement.
- Oh non, ne vous inquiétez pas, je faisais un petit somme.
Je savais que mon excuse était minable, mais que pouvais-je répondre ?
- Sous la pluie ? Tu as fugué ?
- Non non, mes parents sont au courant. Mais je dois y aller, il vont s'inquiéter. J'y vais !
Je me suis relevée, le forçant à faire de même, et je me suis éloignée en lui faisant un rapide signe de la main.
- Merci de m'avoir réveillée, Monsieur !
Pressée d'être à nouveau seule, je me suis mise à trottiner, en repensant au curieux rêve que je venais de faire.
****
L'homme se retourna, et suivi la jeune fille du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse de sa vue.
Il redressa son chapeau sur son front, dévoilant de magnifiques yeux bleus océan. Il sourit, faisant remonter sa moustache.
- It's good ! Ça a commencé, Wendy.
Puis il ramena son manteau sur ses épaules, et se mit en marche dans la direction opposée, en sifflotant.
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Le Deuxième Monde
Fantasy" La pluie dégoulinait sur mon visage. J'avais les yeux fermés, le front baissé vers le sol. J'étais seule au milieu de la rue, trempée et sans parapluie. Cette eau qui dévalait sur mes épaules, me collait les cheveux aux joues et faisait couler mon...
