Avant même que ma mère n'ait eu le temps de garer la voiture dans notre allée pour me déposer à la maison, j'ai ouvert ma portière à la volet, et j'ai sauté de la voiture. Au lieu de rentrer dans la maison, comme s'y attendait ma mère, je me suis mise à courir en direction du centre ville, ignorant les cris de celle-ci.
Je n'avais pas envie de rentrer, pas maintenant.
J'avais besoin d'être seule, et de réfléchir.
Je me suis cachée derrière une clôture en bord de route, et je suis restée à observer quelques minutes, pour m'assurer que ma mère ne me suivait pas.
Elle avait arrêté de crier, lassée. Elle savait que j'allais revenir, comme à chaque fois.
Confirmant mes pensées, elle a redémarré la voiture et s'est petit à petit éloignée en direction de son travail.
J'ai soupiré bruyamment, toujours accroupie derrière la haie.
- Comme on se retrouve Miss Wendy !
J'ai sursauté, puis me suis retournée. Je me suis retrouvée nez à nez avec une moustache rousse, qui ne m'était pas étrangère.
- Oh, ce n'est que vous ! Vous m'avez fait peur, ai-je dit en me relevant.
- Comment ça " ce n'est que vous " ? Je pourrais être vexé tu sais !
Cette fois-ci, il n'avait pas de chapeau comme à notre première rencontre. D'autant plus qu'aujourd'hui était une journée ensoleillée, ce qui me permis de détailler entièrement son visage. Il avait de grands et étranges yeux bleus océan. Il souffrait d'un début de calvitie, et ses cheveux roux - comme sa moustache - prenaient une légère teinte blanchâtre par endroits. Il avaient quelques petites tâches de rousseurs sur les joues.
En le regardant comme ça, je lui aurait donné la cinquantaine, voir plus.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
J'avais prononcé cette phrase de manière polie, mais je rêvais de le laisser en plan et d'aller marcher seule pour me vider la tête. Mais l'expression qui se dessinait sur son visage m'appris qu'il ne comptait pas me laisser partir si vite.
- J'aimerais que l'on discute, just you and me.
Il m'a fait un clin d'œil, mais je suis restée de marbre. Il faut dire que la dispute avec ma mère dans la voiture m'avait quelque peu irritée, et je n'avais pas du tout envie de rire. De plus, venant d'un inconnu que j'avais seulement croiser une fois par hasard, cette remarque n'avait rien de très rassurant - bien au contraire. J'étais assez renseignée sur le harcèlement de rue pour ne pas avoir envie de le vivre moi-même. J'entrepris donc de répondre calmement, tout en réfléchissant à un moyen de m'extirper de la conversation qui s'annonçait, au cas-où.
- On ne se connaît pas Monsieur, pourquoi discuter ?
- Moi je te connais Wendy.
- Ah oui ? Eh bien pas moi.
- Je suis Monsieur Drake, enchanté !
Il m'a tendu sa main, et j'ai hésité un instant avant de la lui serrer. Qui était donc ce fameux... Mr Drake ? Il m'avait déjà semblé étrange lors de notre première rencontre, ce jour de pluie où je mettais endormis contre un lampadaire, mais là ça en devenait carrément flippant.
Pouvais-je lui faire confiance ? Je n'en étais pas totalement convaincue.
Ou devrais-je dire, pas du tout convaincue.
- Comment connaissez-vous mon nom ?
- Je le connais.
- Ça ne répond pas à ma question.
Si il avait décidé de jouer au jeu des énigmes, je n'allais pas le supporter longtemps.
- Il vaut mieux ignorer certaines choses de la vie.
- Et certaines choses méritent d'être sues.
- Good !
Il s'est mit à rire, tout seul. Je l'ai regardé impatiemment et j'ai croisé les bras sur ma poitrine en m'adossant à la clôture derrière moi, et j'ai attendue en levant les yeux au ciel. J'ai immédiatement regretter ma position : et s'il tentait quelque chose ?
Il s'est arrêté quelques secondes après, subitement, puis m'a demandé :
- Assez ri, marchons tu veux ?
" Assez ri ? " Il avait été le seul à rire.
Et puis, non je ne " voulais pas " marcher avec lui. Mais, d'un côté, je voulais des réponses à certaines questions, et j'étais curieuse de savoir ce qu'il avait à me dire.
Sans attendre de réponse, il s'est retourné et s'est mit en route.
Il était bien sûr de lui, ce Mr Drake.
Non sans quelques instants d'hésitation, je lui ai emboîté le pas tout en restant cependant sur mes gardes. Nous avons commencé à marcher dans les rues de la ville, sous un soleil de plomb, entouré d'un silence assez frustrant.
Bon et puis après tout, je n'avais pas grand chose à perdre.
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Le Deuxième Monde
Fantasy" La pluie dégoulinait sur mon visage. J'avais les yeux fermés, le front baissé vers le sol. J'étais seule au milieu de la rue, trempée et sans parapluie. Cette eau qui dévalait sur mes épaules, me collait les cheveux aux joues et faisait couler mon...