Chapitre 5 ~ Laurie

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Sans m'en rendre compte, je me suis endormie, enveloppée dans l'ancienne couverture d'Elena. Bizarrement, je n'ai pas refait ce rêve. Ce fameux rêve qui hantait mon sommeil depuis quelques jours.

Le seul endroit où je pouvais encore voir Elena, comme en vrai.

Au lieu de cela, j'ai donc rêvé de mon arrivée chez la psychologue. Je me suis imaginée une belle jeune femme aux grands yeux verts innocents. Une femme sans problème, avec une famille complète. 

C'est seulement en entendant la porte d'entrée s'ouvrir que j'ai ouvert les yeux, en émettant un léger sursaut.

La télé tournait encore, et elle diffusait une émission de cuisine, dans laquelle un pâtissier amateur était en train de faire des cookies.

-  Tu n'écoutes donc jamais ce que je dis ?!

J'ai tournée la tête, les yeux vitreux et le cerveau en bouillie, vers ma mère qui s'égosillait dans l'entrée.

-  Ah ouais, la psychologue...

Je me suis levée mollement du canapé et j'ai passé la main dans mes mèches bouclées pour les remettre un peu en place.

-  Dépêche toi un peu Wendy, on va être en retard ! m'a crié ma mère en sortant démarrer la voiture. Je ne tiens pas à donner une mauvaise impression dès le premier rendez-vous !

-  Ouais ouais j'arrive.

J'ai mis mes converses noires et suis sortie à mon tour, d'un pas un peu traînant, pour rejoindre ma mère dans la voiture.

~~

Le trajet se passa en silence. Je suis restée la joue collée sur ma vitre, regardant le paysage de campagne défiler. Ma mère a tentée à plusieurs reprises de lancer une conversation des plus quelconques - comme par exemple la météo - mais devant mon silence, elle s'est ravisée à chaque fois.

Les relations que j'entretenais avec ma mère étaient assez froides ces temps-ci. Elle me reprochait de ne pas passer à autre chose et d'avoir laisser ma vie de côté. Moi, je lui reprochais de ne pas me comprendre.

Je venais de perdre ma jumelle, et tout ce que je souhaitais c'était qu'on me foute la paix.

~~

Après une demi-heure environ, nous sommes arrivées devant une maison de briques totalement banale. Je suis descendue de la voiture après que ma mère ait coupé le moteur, et nous nous sommes dirigées vers la porte. Sur celle-ci, était fixée une petite plaquette en bois indiquant

" Cabinet de Psychologie ", suivit d'un numéro de téléphone fixe.

En entrant, nous avons été accueilli joyeusement par une jeune femme positionnée derrière un bureau, juste à l'entrée.

Pendant que ma mère discutait avec elle de notre rendez-vous et des derniers informations nécessaires à fournir, j'ai pris mon temps pour l'observer. Elle avait de beaux cheveux châtains ramenés en un chignon serré sur le haut de son crâne. De petits yeux bleus-gris ornaient son visage, de chaque côté d'un nez légèrement retroussé. Sa peau était très pâle, et par endroits parsemée de taches de rousseurs. Quand elle parlait, ses fossettes gonflées la faisaient un peu ressembler à un bébé. Un rouge à lèvre rouge foncé barbouillait ses lèvres.

Elle a dû se rendre compte que je la regardais, car elle a soudain levé les yeux vers moi et m'a sourit gentiment. Elle était rayonnante. Une femme sans problème, avec toute la vie devant elle, sans doute. Quel intérêt de travailler ici, et de voir des gens déprimés toute la journée ?

Elle nous a indiqué la salle d'attente adjacente au bureau de la psychologue avec laquelle nous avions rendez-vous. J'ai remarqué juste en passant, le petit badge accroché à la poitrine de la jeune femme : " Laurie ".

Elle a de nouveau surpris mon regard, et j'ai sursauté lorsqu'elle a chuchoté :

- À plus tard, Wendy !



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