Jayne.
Que faisait-elle ici ?
Jayne était ma meilleure amie, depuis mon entrée au lycée. Enfin, notre meilleure amie, car elle était aussi celle d'Elena. La plupart des messages et appels manqués que j'avais reçu sur mon téléphone était d'elle. Mais elle n'était jamais passée me voir, jusqu'à aujourd'hui.
Je vais sûrement paraître mauvaise, mais je n'avais pas du tout envie de la voir. De plus, je pense que toutes les personnes présentes dans la pièce l'avaient compris aussi, car mon ton était froids, et mes sourcils étaient froncés d'énervement.
Les épaules de Jayne s'étaient rédies, et elle a un peu hésité avant de me répondre.
- Je voulais savoir... comment tu allais.
J'ai hoché la tête, un peu durement, puis je suis passée à côté d'elle, sans même la regarder, en direction de la cuisine.
- Excusez-la, elle est tout le temps comme ça en ce moment, s'est justifié ma mère auprès de celle de Jayne, que je connaissais bien également.
- Je vais bien.
- Comment ?
Tout le monde s'est retourné vers moi, alors que je me servais de l'eau dans un verre. C'est ma mère qui avait prononcé ce mot. Mon père n'a encore rien dit, mais son regards parlait pour lui.
Il était en colère, et visiblement, il se retenait de me crier dessus. Mais, la raison de ce comportement m'était pour le moment inconnue. Je pense que je ne tarderai pas à le savoir.
- J'ai dis que j'allais bien, ai-je répété. Ça répond à ta question ?
J'ai relevé les yeux vers Jayne, et elle a émit un petit sursaut en comprenant que je m'adressais à elle. Elle avait l'air gênée.
Elle a secoué vivement la tête avant de baisser les yeux vers ses cuisses.
J'ai pris le verre d'eau dans une main, puis je me suis dirigé rapidement vers l'escalier, en direction de ma chambre. Mais une voix m'arrêta. C'était celle de la mère de Jayne.
- Et alors, c'est tout ?
J'ai pivoté sur mes pieds, un sourcil levé. Ma main agrippait la rampe de l'escalier, et l'autre tenait toujours le verre.
- Nous avons fait le déplacement simplement pour entendre ça ? Tu étais bien plus agréable avant ! Jayne s'inquiétait seulement pour toi !
- Ça va Maman, c'est pas grave...
- Jayne, enfin, ça ne te désole pas ?
Cette dernière s'est tournée vers moi, changeant de position sur sa chaise. Dans ses yeux, de la tristesse et de l'inquiétude.
- Si, ça me désole, mais je n'y peux rien.
Elle a soupiré, puis s'est levé, sous les regards étonnés des trois adultes, ainsi que le mien.
- Maman, on peut partir.
- Tu es sûre ?
- Oui, Wendy n'a rien à me dire, et j'ai eu la réponse à ma question.
La mère de Jayne a haussé les épaules, puis s'est apprêté à se lever. J'ai réfléchi quelques seconde, avant d'aller me placer derrière elle. D'une main sur l'épaule, je l'ai maintenu assise, calmement. Elle m'a jeté un regard chargé d'incompréhension que j'ai ignoré.
- Qu'est ce que tu... a commencé mon père en serrant les poings.
J'ai posé mon verre d'eau sur la table. Je n'avais pas eu le temps d'en boire, et j'avais la gorge sèche, mais tant pis.
- Jayne, je peux te parler cinq minutes ? Viens dehors avec moi.
Sans qu'elle ait le temps de réagir, je l'ai attrapé par le bras et je l'ai entrainé sur la balustrade, en prenant soin de fermer la porte d'entrée derrière nous.
Je suis restée un instant le front appuyé contre la porte et la main sur la poignée. Les voix de mes parents s'élevèrent depuis l'intérieur et j'ai soupiré en reculant.
Je ne tenais pas à ce qu'ils entendent notre conversation.
Je suis allée m'appuyer contre la clôture du jardin, les avant-bras au contact des planches de bois irrégulières qui la composaient. Jayne fit de même, un peu maladroitement.
- T'étais pas obligée tu sais.
Elle fuyait mon regard et fixait ses doigts, qu'elle bougeait et entremêlait sans cesse. Ses ongles étaient vernis de noir.
- De te parler tu veux dire ? Je sais.
Je l'ai observé pendant qu'elle remettait nerveusement quelques petits cheveux derrière ses oreilles. Elle n'avait pas changé.
Ses longs cheveux châtains clairs étaient ramenés en queue de cheval basique. Son visage s'était un peu aminci, la rendant encore plus femme. Ses yeux noisettes lui donnaient toujours cet air mignon et innocent qui faisait craquer tous les garçons. Elle était toujours aussi mince. Ce jour-là, elle portait un jean simple, ainsi qu'un débardeur blanc et une veste en cuir noire.
Jayne s'est rendue compte que je l'observais, et rougit légèrement.
- Je n'ai pas changé moi, comparé à toi.
Elle faisait sûrement allusion à mon corps amaigrir et à mon visage en mauvais état.
- Je sais.
Elle a changé de position pour se mettre dos à la clôture.
- Tu sais, il y a un gars qui attend ton retour au lycée.
- Un gars ?
Je n'avais pas particulièrement de fréquentations masculines, d'après mes souvenirs. À part le petit copain de Jayne, que j'avais rencontré une ou deux fois. Un certain Zak, je crois...
- Ouais, je crois qu'il s'appelle Rey.
Rey ?!
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Le Deuxième Monde
Fantasy" La pluie dégoulinait sur mon visage. J'avais les yeux fermés, le front baissé vers le sol. J'étais seule au milieu de la rue, trempée et sans parapluie. Cette eau qui dévalait sur mes épaules, me collait les cheveux aux joues et faisait couler mon...