Chapitre 7 ~ Dispute

48 10 5
                                    

J'ai cru ne jamais sortir du bureau de Mme Milles. Elle m'a bombardé de questions pendant plus d'une heure, et je n'ai répondu à aucune d'entre elles. Elle s'est finalement lassée, au bout d'une heure et demie de monologue.

J'ai toujours étais têtue, et ça ne changera pas aujourd'hui.

Lorsqu'elle m'a enfin laissé sortir, ma mère s'est levée d'un bond de la chaise sur laquelle elle était assise et a lancé un regard noir à Mme Milles. Elle lui a adressé un " Au revoir " un peu trop sec, avant de m'attraper par le bras et de m'entraîner fermement vers la sortie.

-  Prochain rendez-vous demain à 17h, n'oubliez-pas ! nous a t-elle crié depuis le pas de la porte de son bureau.

Ni ma mère, ni moi n'avons répondu.

En passant devant Laurie, toujours assise à l'accueil derrière son bureau, elle me fit un clin d'œil. Je fis mine de l'ignorer et je suivis ma mère jusqu'à la voiture.


~~


-  Cette femme est malpolie !

Ma mère a prononcé cette phrase pour la énième fois depuis le début du trajet, et cette fois, j'ai soupiré bruyamment, énervée.

-  Arrête un peu, tu l'as bien cherché. Tu n'avais qu'à pas répondre à ma place.

Elle a détourné vivement les yeux de la route pour me regarder méchamment.

-  Comment est-ce que tu me parles Wendy ?! Je suis ta mère !

J'ai soupiré de nouveau avant de me reconcentrer sur le paysage défilant à travers ma vitre.

-  En plus, à cause d'elle, je suis en retard au travail !

-  Rien ne t'obligeais de m'attendre, je suis assez grande pour rentrer toute seule tu sais.

-  Ne dis pas de bêtises, c'est à au moins 10 kilomètres de la maison !

-  Les bus et les taxis ça existent ! ai-je dit sèchement en levant les yeux au ciel, déjà lassée de la discussion.

-  Pourquoi es-tu si odieuse ! Je vais en parler avec ton père dès ce soir, et crois-moi, tu retourneras au lycée, que tu le veuilles ou non.

Ses phalanges sont devenues blanches à mesure qu'elle serrait le volant, et ses sourcils étaient tellement froncés qu'une ride s'était formée entre ses deux yeux. Visiblement elle était en colère.

Et elle me menaçait ridiculement.

-  En quoi ça te dérange que je reste à la maison au juste ?

Elle a pincé les lèvres.

-  Rester à la maison à ne rien faire ne t'aideras pas à t'en remettre.

-  Et qui te dit que je veux m'en remettre ? Hein ?!

Ma mère a dirigé la voiture d'un coup de volant vers le bas côté et a stoppé le véhicule. Elle s'est immédiatement tournée vers moi. Ses yeux verts olive reflétaient l'orage qui grondait en elle.

Soudain, elle s'est jeté sur moi et m'a attrapé par le col, avant de me plaquer contre ma vitre.

-  Est-ce que tu penses à nous Wendy ? Est-ce que tu penses à ton père et moi, et à la peine que nous ressentons ? Non tu n'y penses pas, ça t'est complètement égale !

Des larmes se sont mises à couler sur ses joues pendant qu'elle me criait dessus. Je suis restée immobile, incapable de bouger, et je l'ai écouté. Elle me faisait de la peine.

Elle m'a regardé encore quelques minutes en reniflant, puis elle m'a lâché et a redémarré. Elle pleurait toujours. J'en avais le souffle coupé ; jamais je ne l'avais vu dans cet état là.

-   Je ne me rappelle pas avoir eu un enfant aussi égoïste.




Le Deuxième MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant