Prologue ~

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Tout c'était déroulé trop vite.

La première fois qu'Elena s'était effondrée, c'était durant notre année de 3ème. Nous étions en cours de Maths assises côte à côte, en train de faire des exercices. Au bout d'un moment, elle avait soudainement laissé rouler son stylo sur son cahier, et avait porté la main à sa poitrine. Sa respiration était devenue subitement laborieuse, et, alertée, j'avais aussitôt prévenue notre professeur.

Nous avions tout de suite compris que c'était grave.

En arrivant à la clinique, après qu'Elena ait subi quelques tests et radios, nous avions été informés qu'elle était atteinte d'une certaine infection au poumon gauche, qui était très difficile à soigner. Ça avait été un énorme choc pour moi, encore plus que pour mes parents. Je la voyait sur son lit d'hôpital, un masque à gaz sur le visage, et j'avais l'impression de souffrir avec elle. 

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Les années suivantes, son état s'est peu à peu dégradé, et elle a finit par être interdite de quitter l'hôpital. La clinique était alors devenue sa nouvelle maison. C'était insupportable pour moi.

Nous avions tout fait ensembles depuis toutes petites, et nous nous ressemblions comme deux gouttes d'eau. Peu de gens savait nous différencier. Je devais aller en cours sans elle, faire mes devoirs sans elle, m'amuser sans elle. Tout était vite devenu étouffant, malgré le fait que je lui rende visite tous les jours.

Et puis, 2 ans plus tard, alors que je venais de remporter mon bac de français avec brio, on fût appelé en urgence à la clinique. C'était un après-midi couvert, et un vent glacial rendait le paysage encore plus sinistre. Elena allait mourir, et nous le savions tous, pendant que mon père garait la voiture sur le parking de l'hôpital.

Quand nous sommes arrivés, elle avait les yeux ouverts, mais elle ressemblait déjà à un cadavre. Ses yeux bruns étaient vitreux, ses cheveux noirs bouclés étaient sales et emmêlés, et ses joues s'étaient creusées. Le médecin était à ses côtés, et il s'affolait sur des machines qui ne faisaient que biper.

Je pouvais presque voir l'âme d'Elena s'échapper lentement de son corps, et les larmes se sont déversées sur mes joues.

Penchée au dessus d'elle, je pleurais toutes les larmes de mon corps, pensant qu'elle nous avait déjà quitté. Un murmure, à peine audible a cependant atteint mon oreille.

- Promets moi, que tu vivras ta vie et que tu ne me pleureras pas. Je veux que tu sois forte, pour nous deux.

Je fermais les yeux et serrais le bras de ma sœur s'en cesser de pleurer, puis je la regarda.

- Je te le promet.


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