Chapitre 11 : Mauvaises manières

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— Debout là-dedans !

Hein ? Quoi ? Je me réveillai en sursaut. Qu'est-ce qui se passait encore ? L'immeuble s'effondrait ? Je savais que le travail des maçons n'était pas impeccable ! Mon cœur s'emballa à la vitesse de l'éclair, et mes yeux détaillaient la pièce à l'affût du danger.

Mais finalement, aucun mur ne semblait s'écrouler sur lui-même. La raison de ce raffut précipité se résumait en une silhouette face à moi, qui souriait sans doute moqueusement après avoir vu mon sursaut paniqué. Mais c'était quoi ce réveil aussi ?

Kai s'approcha de la chaise où j'avais plié mes vêtements la veille pour y déposer un large carton contenant tout un tas de tissus.

— Je t'ai amené d'autres vêtements, tu auras à faire le tri par contre. Et dépêche-toi de descendre dans le camp, que je t'explique ta journée. À moins que tu ne veuilles sortir dehors en sous-vêtements. Ça motiverait peut-être les autres à se lever pour bosser aussi...

En sous-vêtements ? Hein ? Je baissais le regard et dus me rendre à l'évidence : je bougeais un peu trop dans mon sommeil. J'attrapai les couvertures, et couvris bien comme il faut mon corps jusqu'à la poitrine.

Il n'avait aucune pudeur ou quoi ? C'était un détraqué sexuel, lui aussi ? Ok, les femmes étaient apparemment rares ici, mais quand même ! Il avait bien vécu ailleurs avant, et partout, on respectait bien l'intimité des autres non ?

— Le concept d'intimité, ça t'est étranger ? On ne débarque pas comme ça dans les chambres ! m'énervai-je.

— Oh, tout de suite les grands mots, râla Kai.

Il ne bougeait pas, l'idiot. Il me fixait d'un éternel air blasé. Soit il masquait très bien ses centres d'attention, soit je lui faisais le même effet qu'un vieux navet pourri. Dans tous les cas, rien n'était bien flatteur pour moi.

— Tu pourrais t'excuser ! T'as fini de te rincer l'œil maintenant ? lui demandai-je, toujours autant agacée.

— Oh, fit-il en poussant un long soupir. Je ne me rinçais pas l'œil, d'abord. Putain, il va vraiment falloir que j'apprenne à réfléchir avant de faire rentrer une nana dans le camp, ce n'est pas possible d'être autant susceptible. Heureusement que Katie me pose moins de soucis...

— T'es aussi pervers que les trois guignols rencontrés près de la rivière !

Kai calcula à peine mes mots qu'il continua à se parler à lui-même, très sérieusement :

— Le truc de bien avec les autres mecs, c'est qu'ils ne sont pas pénibles pour des broutilles...

— Hé, ce ne sont pas des broutilles ! Je ne sais pas, c'est juste l'intimité.

— Désolé de te décevoir, mais il faudra arrêter de faire la princesse. Il y a peu d'intimité, ici. Parce que crois-moi, quand les gars ont transpiré toute la journée, ils ne se posent pas de question de qui verra leur cul quand ils iront se baigner à la cascade Havasu. Ah oui, parce qu'on n'a pas d'eau courante ici. L'irrigation sert pour les champs et les réserves d'eau pour la cuisine ou pour se faire un brin de toilette. Mais t'inquiète pas, la cascade Havasu n'est pas loin, et tu trouveras forcément quelqu'un pour t'accompagner. Pour se laver, ou se rincer l'œil. Choisis bien ton coéquipier.

— Sale pervers !

— Allez, habille-toi, je t'attends en bas. Ne traine pas, la journée est importante.

Il me fit un clin d'œil et se dirigea vers la sortie. Il m'énervait avec ses sous-entendus. Il allait me faire regretter mon choix d'être venue dans son campement.

ArizonaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant