Chapitre 17 : Leçon de tir

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— Ce n'est pas possible d'être aussi nulle ! fit Kai, complètement hilare.

Une autre flèche tomba au sol, sans même avoir effleuré le cactus situé à une dizaine de mètres de moi. J'accrochai une autre flèche à l'arc et tentai un énième tir. Sans suspens, la flèche vint se planter à son tour dans la caillasse orangée de l'Arizona. La prochaine, il faudrait au moins que je la tire dans le pied de Kai, histoire de le faire taire.

Depuis deux jours, Kai avait en effet entrepris de m'apprendre le tir à l'arc, ce qu'il avait qualifié de « très utile » dans le cadre de la survie. J'étais d'accord avec lui sur ce point, mais il s'était avéré que j'avais un niveau assez médiocre pour le tir à l'arc. Mais avec étonnement, Kai ne perdait pas patience, et m'entraînait sans relâche. Ma mauvaise rencontre avec Estéban justifiait sans doute qu'il veuille m'apprendre à me servir d'une arme à longue distance. Même si au vu de mes compétences en tir, ma survie était toujours aussi faible.

Il fallait cependant avouer que ces exercices avaient l'autre avantage de me faire penser à autre chose que la menace des bombardements au-dessus de nos têtes.

— Bon je reviens te montrer parce que la situation devient critique, ajouta Kai en se levant du petit rocher d'où il m'observait (avec désespoir).

Sauf que je sentis qu'il se plaçait derrière moi, et colla son contre mon dos. Mon souffle se coupa. Pourquoi cet idiot avait en plus décidé de se mettre torse nu parce que rester immobile à m'observer lui tenait trop chaud ? Et je perdis davantage pied quand l'air de rien, il glissa ses mains sur les miennes. Oh, pourquoi j'étais perturbée par un simple contact ? Je suis sûre que Kai n'en faisait pas autant de cas ! C'est sûr, j'allais rater mon prochain tir.

— Alors déjà, tu mets ta main gauche un peu plus haut. Ensuite, tu essayes de viser le centre du cactus... Là, comme ça... Concentre toi...

Je fermais un œil et me concentrais le plus possible sur le cactus (c'était quasi-impossible). En réalité, je me rendais compte que je réfléchissais de plus en plus de la proximité que prenait parfois Kai avec moi. Parce que depuis un mois à vivre dans son camp, à partir souvent avec lui en expédition puisqu'il m'avait pris sous son aile, on était fréquemment ensemble, on rigolait souvent (même si dans ce cas, c'était que Nolan était souvent pas loin), et je le considérais plus comme un ami qu'un chef. Mais parfois, toute cette proximité nouvelle me perturbait. Comme en ce moment.

Au fond, je me disais également qu'il faudrait éviter de trop me rapprocher de lui. Car en Arizona, on n'avait plus rien. Dans ce désespoir, il était facile de s'attacher à une nouvelle personne, mais elle finirait forcément par nous être arrachée. La mort nous guettait à chaque seconde ici (surtout avec Kai avec proximité), mais aussi les fins de peines. Autant ne pas se faire de mal. Mais j'avais l'impression que ma nouvelle relation avec Kai, comme avec Nolan, José ou Derek, était inévitable...

Miraculeusement, la flèche vint se planter dans le centre du cactus. Je ne pus m'empêcher de pousser un cri de victoire :

— J'ai réussi !!

— Pas mal, parce que je commençais sérieusement à désespérer... Continue à t'entraîner, me fit Kai dans un sourire. Si tu en plante cinq dans le cactus, je te ferai une surprise.

— C'est quoi ?

— Je ne te dis pas. Plante en cinq.

L'après-midi se déroula vite, sous une pluie de flèches volantes à travers les cactus. Et malgré les encouragements de Kai, je ne réussis à ne planter que trois flèches. Enfin, quatre, parce que la dernière avait vraiment frôlé le cactus, même si Kai se refusait de la comptabiliser.

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