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Je ne bouge plus. Je n'ose même pas respirer. Un froid glacial s'insinue dans mon sweat gris et je frissonne malgré moi, mon cœur s'emballe.
Mikey me tient encore en joue avec son arme.
Je peux me recevoir une balle à chaque instant. Alors, je reste immobile.

- Qu'est-ce que tu fais là ? me demande-t-il une nouvelle fois, plus calmement.

- Je...

- Tu tombes vraiment au mauvais moment.

Non, tu crois ?
Je ne panique pas du tout parce qu'un mec en face de moi menace de me descendre d'une minute à l'autre. Trop banale comme situation.
Je ne réponds rien. Peut-être dans l'espoir qu'il me laisse partir sans faire d'histoires. Mais c'est trop demandé, non ?

- Je ne me mettrai pas en l'air aujourd'hui.

Mikey baisse son arme, le regard vide. Du temps que la logique parvient à mon esprit, je comprends ce qu'il a voulu me dire par là.
Je tressaille.

- Attends, tu...?

Mikey me tourne le dos et m'ignore, regagnant sa montagne de ferrailles, mais il s'allonge comme si c'était son lit. Je le regarde faire, impuissant. Il a encore son arme à feu dans la main.

- Tu veux t'asseoir, Takemichou ? Je n'aime pas regarder les étoiles seul.

Aies-je réellement le choix ?
Je ne le fais pas à contrecœur. Je m'approche de Mikey, tout doucement, de peur qu'il ne me fasse une blague et décide de me tirer dessus pour de bon. Ne sait-on jamais.
Je ne sais pas où m'asseoir par contre.
Je cherche rapidement du regard.
Mikey n'a pas l'air de s'impatienter. J'entends à peine sa respiration et ses paupières battent de temps à autre.
Je m'assois finalement à sa gauche, les bras autour des jambes, ne sachant que dire.
Mikey non plus.

Le silence s'installe entre nous. Je ne dirai pas qu'il est gênant. Il est même... reposant ?
Non, vraiment, je n'arrive pas à me détendre à fond à cause de son pistolet.

- C'était le coin pref' de mon frère.

Oh, je ne savais pas qu'il en avait un. En même temps, la vie de Mikey m'est inconnue. Si j'apprends qu'il a 36 frères et sœurs cachés, ça ne m'étonnerait même pas (enfin, si, un peu).
Que répondre ?

- ...c'était ?

La gaffe. Parler à l'imparfait ou au passé, ce n'est jamais bon signe.

- Ouais. Il est décédé y'a genre six ans.

- Mes condoléances.

Dans quel pétrin je me suis fourré ? Je suis la personne la moins recommandable pour réconforter.

- Tu me fais penser à lui, un peu.

- En quoi ?

- Une impression.

- ...je vois.

- Ça ne te dérange pas que je t'appelle Takemichou ?

- Euh, non, non, vas-y.

Je ne saurais dire combien de temps on a parlé. Enfin, c'était étrange. Je n'ai pas l'impression d'avoir beaucoup échangé. Je n'arrive pas vraiment à cerner Mikey. Son regard est insondable mais ses cernes en disent long sur son état. Est-ce qu'il dort, même, la nuit ?
Mikey a fini par partir, me remerciant d'être resté avec lui.
Je ne sais pas ce que je lui ai apporté mais... s'il le dit.
Je suis également rentré chez moi, exténué et À PIED. Chifuyu ne m'a pas donné de nouvelles. Dois-je m'inquiéter ? Non.

Je m'effondre sur mon lit. Ma tête a longtemps tourné mais je suis encore en vie. Demain, le réveil risque d'être un peu dithyrambique.
M'allongeant sur le dos, j'opte pour la position étoile de mer sur ma couette. Je me perds aussitôt dans mes pensées. Rien que de penser à Mikey me trouble. Et si je n'étais pas venu, qu'est-ce qu'il aurait fait ? Son nom serait-il apparu dans la Une du journal local demain ? Je n'en sais rien et je ne veux pas savoir. Ça me rassure d'une part qu'il n'ait rien tenté.
Je ferme les yeux.

Mikey... Qui es-tu vraiment ?

𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐠𝐚𝐫𝐜̧𝐨𝐧𝐬 | ₍ᐢ ̥ ̮ ̥ᐢ₎ 𝐭𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant