Chapitre 11

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Il est actuellement dix-huit heures, je pleure depuis sept heures et quatre minutes, enfoncé dans mon canapé, enroulé dans un plaid. Chuck est furieux, Teresa ne sourit plus, Minho fait les cents pas. On m'apporte une tasse de thé, des biscuits et des magazines. Je ne dis rien, tente de sourire, mais n'y parviens pas. Mon monde s'est écroulé. Je suis exténué, honteux de ma naïveté. Dire que nous avons failli nous aimer, que nous ne le sommes soufflés, et qu'il a embrassé cette jeune femme sur scène le soir même. Je suis trahi, je n'ai plus confiance en moi, en ce qui m'entoure, en ce que l'on me dit. J'ai été humilié devant des millions de personnes. Mon calvaire ne fait que débuter. Minho attrape finalement un ukulélé et s'éclaircit la gorge : « T'inquiète pas mon Tom-TOM, c'est qu'un conna-NNARD qui mérite de se faire voir-VOIR, ragnaGNA ! Tu vaux tellement plus que ça-CA, te laisse pas aba-BATTRE, ce Blondie est juste pourri-RI ! sa poufiasse il va la dégager-GER quand il va voir ce qu'il a perdu-DU, et ra, et ra, et ra-gna-GNA ! Tu vas t'en remettre-METTRE, mon cher pote à la compote-POTE ! Sache qu'on est là pour toi-TOI et qu'on te love-LOVE ! » Il joue un instant musical et achève sa chanson, le dos incliné. Chuck rit de son rire de jeune enfant, Teresa a plaqué une main sur sa bouche pour empêcher le sien d'en sortir. Je ris malgré mon chagrin, ouvre grand les bras pour l'accueillir. Il se blottit contre moi et embrasse ma joue. S'enchaîne un câlin collectif, que Teresa brise en annonçant : « Maintenant, place à la parole. Vas-y, lance tout ce que tu penses, là, tout de suite.

- Je hais les garçons... murmure-je.

- Ô, moi aussi ! rejoint Minho. Quels gros salopards... Tous les mêmes !

- Continue, je t'en prie. me sourit Teresa. Ça fait un bien fou, je t'assure.

- C'est un connard de manipulateur. Je rêve qu'il aille se faire foutre dans les limbes des Enfers. »

Minho s'étrangle devant ma vulgarité soudaine et je poursuis : « Ce n'est qu'une tête de pipe malapprise. » Je me tais un moment, repense à son visage, à sa beauté, et soupire : « Je ne fais que mentir... C'est un homme doux et admirable, au visage d'ange. Je n'ai jamais imaginé plus beau.

- J'avais prévu ça, mon pote... me rassure Minho. »

Il plonge sa main dans sa poche arrière et en sort en papier qu'il me tend. Je le déplie délicatement et rougis en reconnaissant Newton.

« Fais-toi plaise et gribouille sa sale gueule ! m'explique-t-il.

- Ouais ! s'exclame Chuck. Tu le recouvres de noir jusqu'à ce qu'on ne le voie plus, et après, tu pourras le chiffonner, marcher dessus, le brûler et jeter les cendres par la fenêtre !

- Vous êtes imprévisibles mais adorables... souffle-je.

- Allez ! Do it ! m'encourage Minho. »

Pendant que je recouvre la photo imprimée de marqueur indélébile, Teresa caresse mon dos et je me laisse pleurer : « Je l'aime tellement... » Chuck et Minho quittent la pièce et nous laissent seuls. Teresa embrasse doucement ma tempe et me chuchote : « Je sais... Mais ça ira mieux, je te le promets.

- Et si tout cela n'était qu'un malentendu ? espère-je.

- Que ferais-tu, si c'en était un ?

- Je... Je ne sais pas... J'aimerais que tout ça ce ne se soit jamais produit... »

Minho revient vers nous, mon téléphone en main.

« Ce connard de ses morts a osé l'appeler et lui envoyer des milliers de messages ! Tu te rends compte du culot de cet imbécile d'anglais de wish ? C'est décidé, je vais aller lui éclater sa sale gueule !

- Que dit-il ? demande Teresa.

- Il veut voir Thomas. crache Chuck entre ses dents.

- "Tommy, il faut absolument qu'on parle" ... imite-t-il avec un accent anglais. »

Je me redresse brusquement et hypothèse : « Il va peut-être me donner des explications --

- Nan, nan ! Résiste, prouve que tu existes ! me coupe Minho.

- Mais je meurs d'envie de le voir... »

Teresa me prend dans ses bras et s'exclame : « Olala, mon Thomas... Tu es vraiment amoureux de lui ! c'est mignon comme tout !

- Mignon, certes, mais douloureux... Dire que hier soir encore, tout était parfait... »

Quelqu'un toque à la porte. Mes yeux grossissent instantanément. Je veux aller ouvrir mais Teresa m'en empêche et Minho s'en charge à ma place. Il entrouvre la porte et lâche : « Beurk. » avant de la refermer. Newton parvient à interposer sa chaussure et je me redresse aussitôt. Teresa me maintient sur le canapé et m'ordonne : « Assis ! » Newton se lève sur la pointe des pieds et demande : « Puis-je entrer ?

- Tu veux quoi ? baragouine Minho qui lui bloque le passage.

- Je dois voir Thomas. Je le cherche depuis ce matin.

- Hm... Pour quoi faire ?

- Nous devons parler.

- Aladin a dit : "mieux vaut réfléchir avant d'agir que regretter après avoir agi", espèce de faux blond ! Maintenant, à la revoyure ! »

Il s'apprête à fermer la porte mais Newton la bloque à nouveau.

« Cette citation ne vient non pas d'Aladin mais de Démocrite d'Abdère, ensuite, je suis vraiment blond !

- Pff, crâneur... Désolé, mon non-pote à la compote, mais si j'ai fait le ménage, c'est pas pour ramener des sales bactéries chez moi par la suite, même si c'est pas mon appart ! Alors tu prends ta jolie petite tête blonde puis ton air innocent, et tu dégages de ce satané palier !

- Tu ne peux pas m'interdire de voir la personne que j'aime ! Laisse-moi entrer, je t'en prie ! J'ai besoin de m'expliquer ! Je n'arrive plus à réfléchir tranquille ! »

Minho secoue lentement la tête et crache : « Espèce de gros fils de --

- Minho, j'en ai pour quelques secondes, je te remercie. coupe-je. »

Je sors sur le pallier et referme la porte derrière moi. Newton murmure : « Oh, Tommy... » et se jette aussitôt sur mes lèvres. Je recule et me cogne contre le mur. Il me presse, m'embrasse sans relâche et soupire de satisfaction. Je le repousse brusquement, surpris par un tel acte que cette situation ne permet pas. Il chuchote : « Excuse-moi... j'avais besoin de retrouver le goût de tes lèvres après... après... tu sais... » Il rougit honteusement et se lamente : « Tout ça est un horrible malentendu... j'en suis navré, Tommy, tellement navré... Je ne me le pardonnerai pas. Je t'aime tant... Donne-moi l'opportunité de m'expliquer, je t'en prie...

- Attends, Newton. Je voulais simplement te demander d'arrêter de m'harceler par message.

- Tu... Tu ne souhaites pas écouter ma version des faits ?

- Je suis désolé, Newton. »

J'ouvre la porte et m'enferme à l'intérieur.

« Mais, Tommy... »

Je ferme les yeux, m'adosse contre la porte et ne dis plus rien. Je ne l'entends que poursuivre : « Mais je t'aime... » Il n'insiste pas et s'en va lentement. Moi, je ne fais plus attention aux regards navrés de mes amis, plus rien d'autre ne peut me démanger autant que ses mots. Et je réponds pour moi-même : « Moi aussi, putain... »

𝔸 𝕤𝕥𝕒𝕣 𝕝𝕠𝕧𝕖  -ℕ𝕖𝕨𝕥𝕞𝕒𝕤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant