𝔸 𝕤𝕥𝕒𝕣 𝕝𝕠𝕧𝕖 -ℕ𝕖𝕨𝕥𝕞𝕒𝕤

Chapitre 5

Nous nous attablons aux côtés de Minho et Teresa. Je présente : « Eh bien, je vous présente Chuck, mon colocataire ! Il est en seconde. » Je vois Teresa frétiller de joie et taper dans ses mains. Elle sourit : « Super ! J'adore les jeunes adolescents, vous êtes toujours si amusants ! Tu me fais penser à mon petit frère ! Heureuse de t'avoir parmi nous ! J'espère que tu te sentiras bien dans ce merveilleux lycée !

- Bienvenu, mec ! lance Minho. Bonne chance, avec Tom comme coloc... Il ne fait que bosser ! Il n'est pas drôle.

- Merci de bien vouloir m'accueillir ! rit Chuck. J'avais peur de me retrouver tout seul, mais Thomas est super cool alors, grâce à lui, ça ne m'est finalement pas arrivé ! C'est vrai qu'il y a une classe de cinématographie ? »

Nous mangeons et discutons vivement entre nous. Chuck s'intègre facilement, il est agréable de converser avec lui. Seulement, notre vivacité est soudainement coupée par le flash d'un téléphone. Je lève la tête et ai tout juste le temps d'apercevoir un adolescent ranger son portable dans un sac.

« Désolé, pour le rouquin, là-bas... soupire Minho. C'est Ben, mon cher coloc ! Il est un peu chiant sur les bords, mais ça pourrait être pire... Rien ne pourrait surpasser le suédois maniaque, hautain et hyperactif que j'avais l'année dernière. C'est vrai, que mes cheveux sont trop fins ?

- Ce n'est rien. souffle-je, ignorant ses souvenirs. J'en ai pratiquement l'habitude ; ces évènement pullulent, aujourd'hui...

- En parlant de ça, débute Teresa, je n'ai pas revu Newt, depuis ce midi. Et toi ?

- Moi non plus.... Il a complétement disparu. C'est peut-être mieux ainsi... Je veux dire, si jamais il venait à me recroiser... murmure-je. »

Je rougis et Minho commente : « C'est sûr que ce n'est pas ouf, comme rumeur ! Avoir le monde entier au courant de ta misérable vie sentimentale, c'est triste... » Teresa le dévisage et lui assène un coup de coude. Il grimace et peste : « Bah quoi ? Il est mondialement connu et pourtant, il n'est pas fichu de se trouver quelqu'un ! Fin, je sais pas... pour que l'on croit que lui sorte avec Tom, il faut quand même y aller ! » Teresa lui frappe l'arrière du crâne et je soupire ironiquement : « C'est très aimable de ta part, merci... » Teresa lance un regard noir à Minho et reprend : « Ce que ce gros nigaud veut dire... c'est qu'ils le savent très bien, que vous n'êtes pas ensemble. Ils sont juste en manque d'informations, d'auditeurs et de lecteurs, c'est tout ! » Elle m'offre un sourire qui se veut rassurant mais Minho contredit : « Ce n'est pas du tout ce que je voulais --

- Roh, ferme-là ! le coupe-t-elle. »

Je n'entends plus leurs chamailleries, je suis perdu dans l'immensité de mes doutes. Newton est tout. Chanteur, compositeur, acteur, célèbre. Et je ne suis rien. Un adolescent ordinaire, obsédé par la qualité de son travail, ancré sur terre. Nous n'avons rien à voir. Je n'ai rien qui puisse le charmer. J'en suis un parmi des milliers. Jamais il ne pourrait s'intéresser à une personnalité comme la mienne.

« Thomas Twombly. m'appelle fermement Teresa. Je vois très bien ce que tu es en train de faire. Arrête de te dévaloriser et profite, un peu ! Personnellement, ça ne me dérangerait pas, que tout le monde pense que je sois la petite amie d'une rock star super beau gosse, sympa et drôle ! D'autant plus que ce gars pourrait potentiellement revenir me parler, alors que des milliers de filles voudraient la même chose !

- Elle marque un point ! approuve Minho. Si tout le monde pensait que j'avais un date avec Miley Cyrus... »

Je souris, un peu plus rassuré.

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Chuck et moi souhaitons rentrer à l'appartement lorsqu'un homme nous interpelle. Il est haut, très haut, tapis dans le noir et immobile devant notre porte. Je mets un moment à le reconnaître. Il s'agit du même homme qui m'a enlevé Newton à l'entrée de la cafétéria. Que me veut-il ? Je l'entends hésiter : « Bon, monsieur Tronc... Twombly, c'est ça ? » Je panique lorsque je réponds : « Qu'y a-t-il ? » Il ne me répond pas. L'une de ses grandes mains fouille sa poche arrière et il déplie un papier avant de lire : « Monsieur Isaac Newton vous donne officiellement rendez-vous à sa chambre personnelle, dans le bâtiment A, appartement 5, pour parler... professionnellement, ajoute-t-il, de ce qui... » Il s'arrête dans sa diction et grommelle : « Qu'est-ce qu'ils ont écrit, ces cons... » Il s'agace, perd patience et range le mot avant de poursuivre : « En gros, il veut te causer à propos de tout ce qui se passe avec les médias. Rendez-vous demain soir à dix-huit heures. C'est important. T'as intérêt à te ramener, pigé ?

- J 'y serai... déglutis-je timidement.

- Tâche de te montrer discret, l'intello. »

Et il s'en va, les mains dans les poches. Le soir, je ne travaille pas. Mon esprit est plein d'inquiétudes, de doutes et d'envie. Je suis partagé, je veux y aller, puis change d'avis et recommence. Mes cahiers restent ouverts, mes pages d'exercices vierges. Chaque mot que je lis se transforme en lettre écrite à mon attention. Ma main tremble, je ne peux plus écrire. L'encre se courbe et se tord sur le papier, elle tache mes doigts et mon écriture. Je ne peux pas non plus me concentrer. La voix de cet homme retentit encore et encore dans mes tympans. J'hésite, me pince pour être certain de ne pas avoir tout rêvé. Avant de me coucher, je ne mange pas. Mon estomac est rempli par mes angoisses. La nourriture me repousse et me dégoûte, mes lèvres ne la tolèrent pas. Et la nuit, je ne dors pas. L'excitation et l'appréhension me maintiennent éveillé. J'envisage le pire des scénarios, n'ose pas imaginer le meilleur. Je vois le visage de Newton fermé, parfois souriant, tendre ou aimant. Je rêve de sa voix, de ses mots, de ses songes et de ses secrets. Je rêve de tout, de ce qu'il se passera, de ce qu'il ne se passera pas. Je panique, me réjouis et recommence. Tout cela n'est qu'une ronde séculaire.