L'amour d'une orpheline [EN PAUSE]

Chapitre 14

De retour dans la voiture, le retour fut bien silencieux. Je me ressassais sans arrêt ses phrases qu'il avait dites. Incapable de me détacher de celles-ci. Nous étions restés un bon moment chacun de notre côté, avant que je ne me décide enfin. Il n'avait pas tenté de m'arrêter lorsque je lui avais partagé mon envie de rentrer.

Sa bouche restait fermée et son regard hors de ma portée. Comment se sentait-il lui ? Regrettait-il ses paroles ? Pourquoi m'ignorer alors qu'il semblait déterminé à me faire ouvrir les yeux ? Ce n'était peut-être pas plus mal, et avoir accepté de lui faire confiance, fut une grossière erreur.

Sasha se gara soudainement devant l'appartement, et mon cœur sursauta lorsqu'il remarqua la voiture de Aslan. Celui-ci était-il rentré ? Bizarrement, je ne savais pas réellement comment je me sentais. De l'appréhension, mais pour quelle raison ? J'appréhendais son état ou bien une tout autre chose ?

Ramassant mes affaires, je ne fis pas attention à Sasha qui m'observait discrètement. Il avait lui aussi aperçu l'engin près de la porte. Je devais me dépêcher parce que je ne voulais pas prendre le risque d'être vu avec lui. Cela ne ferait pas plaisir à Aslan. J'ouvris la portière à la volée, seulement, Sasha rattrapa mon poignet rapidement.

- Tes amis agissent comme des sauveteurs, mais ils ne seront pas toujours là pour te servir de bouclier. Si tu veux sincèrement t'en sortir, alors tu dois y mettre du tien aussi.

Puis sans me laisser le temps de riposter, il me poussa délicatement vers l'extérieur et ferma la portière. Sasha me lança un dernier regard, puis s'en alla d'ici me laissant seule avec mes pensées. Il était plutôt doué pour parler, je ne pouvais le nier. Cependant, si le réceptacle ne s'ouvrait pas, alors il était difficile de réceptionner.

Un soupire s'évapora d'entre mes lèvres. Je me décidais finalement à rejoindre l'entrée du bâtiment. Ma poitrine me picotait désagréablement. Je montais les escaliers un à uns, me remémorant ses derniers moments qui m'avaient tant perturbé. Ma salive inondait l'entièreté de ma bouche sans que je ne sache franchement pourquoi. Mon corps réagissait, il me laissait errer dans un brouillard épais où l'horizon n'était pas percevable.

La porte fit son apparition sous mes yeux, provoquant chez moi comme une sorte d'illumination. Aslan était là. Je devais me dépêcher de le rejoindre pour voir comment il allait. Je me ruais presque dessus, non sans prendre la peine de la fermer correctement, puis me dirigeais vers le salon. L'odeur était étrange et je compris rapidement d'où elle arrivait. Une main sur ma bouche, j'étais outrée de le voir ainsi.

Il se trouvait assis dans son fauteuil, près de la fenêtre. Tout mon être s'affola lorsque je me rendis compte de ce détail. J'espérais avec force qu'il ne m'ait pas vu arriver. Aslan était recouvert de sang séché que je m'imaginais bien être le sien. Des ecchymoses recouvraient son corps et certains de ses vêtements étaient complètement déchirés. Il sentait l'alcool et une bouteille de whisky se présentait gracieusement sur la table, celle-ci pratiquement vide.

L'atmosphère se rapprochait des ténèbres, et les volets se trouvant à moitié fermés accentuaient ce ressenti. Il reniflait grossièrement et ne me regardait toujours pas, son regard était si inexpressif. Mes mains tremblotaient, mais je faisais de mon mieux pour me contenir.

- Aslan.. Tu es enfin rentré. Je disais à voix basse.

Celui-ci se tourna enfin vers moi, et je faillis perdre l'équilibre lorsqu'il planta ses yeux dans les miens. Aucune tendresse, aucune affection, ils étaient vide d'amour, mais rempli de haine.