Chapitre 19

233 16 238
                                    






Mon cœur se voyait capituler, pendant que je patientais silencieusement. Je ne distinguais rien, aucun bruit de pas venant vers moi. Simplement, de la musique avec un volume atrocement élevé. Je compris rapidement qu'ils ne m'avaient sûrement pas entendu. Ils criaient tellement que cela ne m'étonnait pas. Le groupe à lui seul pouvait être très bruyant. Ceci fit remonter l'un de mes vieux souvenirs, où l'on avait crié tellement fort que les voisins avaient appelés la police. Heureusement pour nous, c'était le père de Shera qui s'était déplacé.

Des bons moments, que je regrettais tant. Je me sentais davantage honteuse aujourd'hui, maintenant que j'ouvrais enfin les yeux. Je leur avais fait du mal à eux, ma véritable famille. L'espoir qu'ils puissent me pardonner vint d'une puissante manière s'immiscer en moi. Je voulais me racheter.

Grandement déterminée, j'ouvris la porte d'entrée qui comme je le devinais, se trouvait ouverte. Grâce à mes oreilles, j'en conclus rapidement qu'ils s'amusaient sur la grande terrasse du jardin. Je les imaginais sûrement en train de chanter et danser sur les canapés extérieurs. J'arrivais prudemment et bizarrement, une chose me chatouillait l'estomac. J'angoissais, car leur potentielle réaction m'effrayait. Ma salive se vit passer étroitement dans ma gorge, tandis que je tremblais légèrement.

Un pas de plus et je me trouvais enfin dans le salon qui donnait sur la terrasse. Les grandes baie-vitrées étaient ouvertes au maximum. J'étais visible, mais pour l'instant personne ne me voyait. Leur attention restait ancrée dans ces parties de cartes incessantes. À mes côtés et immobilisé près du mur, il y avait l'imposante sono de Joe.

Je pris une bonne inspiration et avec l'aide de ma main droite, j'appuyais sur le bouton pause de l'enceinte. La musique s'arrêta instantanément, créant la confusion dans le groupe. Seulement, ils leur suffirent d'un instant pour tourner le regard et me remarquer. Il y eut un silence pesant avant que Joe ne se décide de se lever, lâchant ses cartes afin d'amener ses mains à sa bouche. Elle était choquée de me voir ainsi et c'était compréhensible.

- Joe.. Je lâchais à bout, versant finalement des larmes.

Celle-ci courra vers moi et m'observa de la tête aux pieds. Elle osait à peine poser ses mains sur mon corps, tant il était abîmé par les derniers événements. Je sentais les regards sur ma personne, mais surtout la colère des garçons.

- Qu'est-ce que..Mon Dieu, c'est lui ? Elle me demanda aussitôt.

Je lui répondis d'un simple hochement de tête. Je la vis se mordre la lèvre inférieure furieusement, ses yeux changeant du tout au tout comme le reste du groupe. Elle m'emmena délicatement sur l'un des canapés et m'ordonna de m'asseoir.

Entre-temps, mon regard se posa sur Sasha. Le regard vide, il me fixait simplement. Cependant, la façon dont il avait de tenir ses cartes, me prouvait bien que lui aussi il bouillonnait. Il les serrait fermement dans ses mains, les tordant de partout. Désormais, je me sentais mieux parce que ma troupe ne m'avait pas rejeté.

Je me sentais enfin prête et c'était nouveau pour moi. Sans rien me demander, je me mis à raconter la totalité des événements. Chaque chose que je subissais, qu'il me faisait endurer depuis tout ce temps. Je ne m'arrêtais plus, car cela me délivrait d'un poids colossal et inimaginable. Comme si, lentement, je me relevais n'ayant plus rien pour me maintenir à terre comme une misérable.

Je délivrais chacun de mes secrets, la voix des fois tremblante et hésitante. Rose appuyait sa main sur la mienne comme à son habitude. Elle me réconfortait en silence. L'intérêt qu'ils me portaient m'encourageait, me faisant presque oublier ce manque de confiance en moi que je transportais partout dans mes bagages depuis que je partageais ma vie avec Aslan.

L'amour d'une orpheline [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant