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      Nous retournâmes au lycée pour finir les quelques jours sans école pour s'entraîner au permis provisoire, permis qui nous permettrait d'utiliser nos alters légalement. Nous nous entraînions pour cela dans une salle spéciale, très grande, et dont je n'avais pas retenu le nom. C'était Ectoplasme qui nous entraînait, grâce à son alter qui permettait de créer des clones. Nous devions créer des attaques spéciales, mais je préférais m'axer sur élargir mon alter, pour l'activer sur plus de personne, d'autant plus que mon alter ne me permettait pas de créer d'attaques spéciales.
      Au bout de ces quelques jours, j'arrivais à l'activer sur une dizaine de personnes. C'était d'autant plus facile car je savais déjà le faire sur deux personnes. Je rentrais, crevée de mes journées, mais ces quelques jours étaient incroyables comparativement aux ténèbres qui les précédaient.
      J'avais d'ailleurs mis mon costume de héros pour la première fois. C'était une tenue simple, composée seulement d'une combinaison bleue cobalt, qui était ma couleur préférée. Cela avait suscité diverses réactions. De la perversion de la part de Mineta aux compliments de la part des autres.
      Depuis l'attaque, j'avais évolué psychologiquement et étais beaucoup plus ouverte. Je rigolais et parlais avec tout le monde, et c'était d'un plaisant! Sauf Bakugou, qui, j'avais l'impression, n'était vraiment proche de personne. Je n'arrivais pas à le cerner, ni à le connaître profondément. Et je n'avais même pas vu le championnat en entier ou fais attention à lui auparavant, ce qui faisait que je venais juste de le découvrir. Je voulais lui parler, par rapport à son état -et j'avais l'impression d'être la seule à avoir remarqué qu'il n'allait pas bien-; et, même si ce n'était pas mes affaires, je m'inquiétais tout de même. Lui me regardait quelques fois, comme s'il tentait de m'analyser.
      Et un jour, alors que je passais dans les couloirs après être sortie des toilettes, je lui rentrai dedans alors que lui sortait de la salle pour les modifications de son costume, et je remarquai par ailleurs qu'il était très musclé. Je m'excusai et reculai. Il me regarda quelques instants, avant de grogner:
      << Tu peux pas regarder devant toi ?!
       -Oui, ba désolée, lui répondis-je, agacée.>>
      Je le  quittai et repris ma route. Au bout de quelques pas, je me retournai et vis qu'il me suivait. Je l'attendis donc. Quand il fut à ma hauteur, sans s'arrêter, il beugla:
      << Pourquoi tu m'attends ?!
      -Et bien on va dans la même direction, lui répondis-je en marchant à ses côtés. Ce serait idiot de ne pas rentrer ensemble !
     -C'est toi qu'es idiote ! Et je marche devant, alors reste derrière !
     -Mais quoi ?! Pourquoi je resterai derrière ?!
     -Je deviendrai le numéro un, et il n'y aura personne à mes côtés !
     -Mais on ne fait que marcher là ! >>
      Je soupirai. Pourquoi fallait-il que tout tourne en disputes avec lui ? Mais je n'allai pas derrière pour autant.
      <<T'as pas mal à la gorge à force de beugler ? lançai-je.
      -Ferme ta gueule ou je t'explose !
      -Tu connais que la violence, hein ? >>
      Il avait l'air d'avoir du mal à contenir sa colère. Les poings serrés, Bakugou semblait à deux doigts de me trucider. Alors que je voulais avoir une discussion avec lui sur son mental, on ne faisait que de se disputer. Et ce n'était pas le bon moment pour enchaîner sur ça. À la place, je soupirai et posai ma main sur son épaule en lui lançant:
      << Calme-toi! Je ne faisais que t'embêter ! >>
      Il se dégagea mais ne dit rien. Cela ne faisait qu'une minute qu'on se parlait, mais j'avais l'impression que cela faisait une éternité, et l'on avait à peine atteint le bout du couloir. Nous allions tous deux à l'internat, et le trajet durait 10 minutes approximativement à partir de cet endroit. Ça allait être long. Il s'était installé un silence tendu et je pris le premier sujet qui me vint en tête:
      << Il fait beau aujourd'hui, hein ? >>
      Bakugou me regarda en mode ''mais t'es sérieuse là ?'' et répliqua:
      << La météo ? Sérieusement ?
     -Oui, ba c'est bon, hein ! C'est super dur de parler avec toi !
     -Ça veut dire quoi ça ?!
     -Ça veut juste dire que c'est dur! Tu t'emportes pour un rien !
     -Je vais vraiment te tuer !
     - Mais on va pas recommencer à se
disputer ! >>
      Je commençai à me demander s'il n'était pas mieux que l'on ne se dise rien ou que je reparte de mon côté. Mais ne voulais pas. Je voulais le connaître mieux, le comprendre. Voir au-delà de son apparence colérique. Car j'avais l'impression qu'on se ressemblait plus qu'on ne le pensait. Je posai donc la question qui fâchait (ça ne pouvait pas être pire entre nous de toute façon):
      <<Ça va ?
     -Pourquoi tu me demandes ça ?! Ça fait deux minutes qu'on parle !
     -Parce que la dernière fois tu ne m'as pas dit la vérité. >>
      Il se tut. C'était la première fois que je voyais cette expression sur son visage. Son visage s'était décrispé, son attitude plus réfléchie. Bakugou reprit enfin la parole:
      <<Ça va.
     -Mmh. Tu peux me parler tu sais. C'est plus facile de se confier à des gens qu'on n'aime pas.
     -Puisque je te dis que ça va !
     -Mais tu mens ! C'est un fait. Tu peux ne rien me dire. Mais alors confie-toi à quelqu'un
d'autre !>>
       Son visage avait repris son air de d'habitude. Je continuai:
      <<On garde tout pour soi, jusqu'à tant qu'on explose. Et d'apparence, on ne montre rien. Pourquoi d'ailleurs ? Pourquoi ne se confie-t-on pas ? Ce n'est pas un aveu de faiblesse pourtant. Mais ce qui est sûr, c'est qu'on garde. Et nos pensées nous hantent, comme nos cauchemars la nuit. On s'en rend malade, presque fou.Et... >>
      Je me coupai. Je n'avais pas remarqué qu'on s'était arrêtés. On se faisait face, et Bakugou me regardait, attentivement, de cette attitude que je voulais connaître. D'un air presque doux. On resta comme ça plusieurs secondes, à se regarder, avant que Bakugou brise le silence d'un murmure:
      << C'est juste que.... Bon, il y a plein de choses, que je ne peux pas forcément dire, mais... C'est juste que...>>
      Il cherchait ses mots.
      << Je veux dire... Je suis faible en fait. Je veux dire... C'est moi qui ai causé la chute d'All Might ! Si je n'avais pas été enlevé...>>
      Il secoua la tête et reprit son air habituel en lançant et en repartant:
      <<Enfin je sais même pas pourquoi je te dis ça ! C'est ridicule.>>
      J'étais peut-être sentimentale, mais je le pris dans mes bras alors qu'il était de dos, mes mains autour de son torse, le visage blotti dans son cou. Il ne se dégagea pas. Il sentait la sueur dû à l'entraînement. J'étais attristée pour lui et élevai la voix, qui était étouffée par l'épaule de Bakugou:
      << Ce n'est pas de ta faute. >>
      Je ne pouvais rien dire d'autre, mais cela dû suffire, car il se détendit légèrement et murmura, imperceptiblement: <<C'est ce que je voulais entendre.>>

Ce n'est pas graveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant