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      La relation entre Bakugou et moi s'était améliorée. On parlait quelquefois de tout et de rien, et l'on ne se disputait presque plus, bien qu'il n'ait quitté son air colérique.
      Quelques jours avant le permis provisoire, j'étais avec les autres filles à parler de ce dernier lorsque je reçus un message de ma mère:
      '' Nous en avons discuté avec ton père, et nous ne sommes pas d'accord sur les conséquences du divorce. Chacun veut te garder seule à sa charge. Avec qui veux-tu donc vivre, ton père ou ta mère ?''
      J'eus l'impression de prendre une douche froide. Oui, je vivais à l'internat. Ce n'était donc pas très grave de choisir entre ses deux parents, surtout que je pourrais toujours voir l'autre. Mais cela avait une portée symbolique pour moi.
      On me demandait de choisir entre mes deux parents. Quel dilemme pour une enfant ! Alors que je pensais en avoir fini avec les ténèbres de la maison, voilà qu'elles me poursuivaient jusqu'ici. Tout ce que j'avais tenté d'oublier revenait et me tirait vers le fond, dans des boues épaisses. Mon âme déjà obscure s'enfonçait dans les gorges et tentait....
      <<Genkaku! lança Yaoyorozu, me faisant revenir sur terre. Ça va ?
      -Ah, euh... Oui, oui, lui répondis-je en esquissant un faux sourire. Je vous laisse, je suis fatiguée, je vais me coucher.>>

      Je ne dormis pas de la nuit, ni celle d'après. Cela recommençait, en pire. Et les seuls moments où je parvenais à somnoler étaient hantés par des cauchemars qui me rendaient malade. Et la journée, mes pensées se bousculaient tant dans ma tête que je voulais vomir. Et tout me revenait en tête, tout ce que j'avais tenté d'oublier. Et sur mes joues mouillées se réfléchissaient cette boîte blanche.

      Le permis provisoire arriva et se passa comme dans un songe devant mes yeux hantés et fatigués. Je me souvins vaguement avoir réussi à éliminer deux personnes avec mes hallucinations, à passer l'entre-deux, pensive, et à secourir quelques personnes avec des élèves d'autres lycées avant d'aller éliminer les camarades de Gang Orca avec mes hallucinations.

      Et j'avais réussi, mon nom était affiché. '' C'est normal, je suis trop forte'' aurais-je dit autrefois. Mais j'étais las, et je regardai à peine ma feuille lorsqu'on me la tendit, et je rentrai seule, et restai seule, et ne fis pas attention à ceux qui avaient échoué, ou ceux qui avaient réussi. Non. Je rentrai seule pour prendre mes p*tains de médocs pour aller p*tain de mieux, alors que non, ça allait pas, alors que non, car j'avais des co*nards de parents, car la vie était une p*tain de p*te, car personne ne voyait que j'allais p*tain de pas bien et que comme j'étais malheureuse ! Mais avais-je été heureuse, une seule fois dans ma vie ?! On m'avait dit qu'on devient plus fort à force de se relever ! Mais ma vie a été une chute infinie, et j'avais beau me relever, le haut devait être le bas car je ne faisais que tomber plus bas ! Et je me disais... Et si ? Et si ! Mais non, bientôt le rendez-vous. Non.

      << Alors, tu préfères vivre avec ton papa ou avec ta maman ?>>
       Les murs étaient froids, le sol était froid, ma chaise était froide. Et je regardais dans le brouillard le monsieur en face de moi, avec son sourire hypocrite.
      <<Je demande l'émancipation, je dis d'une voix blanche. >>
      Tous parurent marquer un sursaut de surprise, bien que je vivais dans le brouillard. J'avais réfléchi, et c'était la seule chose à faire pour être mieux. J'avais 16 ans et j'avais l'âge.
      <<Quoi ?! s'exclama ma mère. Hors de question ! >>
      Je n'en pouvais plus. Une larme coula.
      <<Je demande d'émancipation. >>
      <<Non ! s'exclama mon père. >>
       <<Je demande l'émancipation. >>

Ce n'est pas graveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant