Alice in bordel land

Le trou d'uc en chef

Le lendemain, juste avant de rentrer en classe.

Je sens quelqu'un qui met ses mains sur mes yeux. Je commence à paniquer mais je sens une odeur familière. Cette personne me dit :

"Salut Alice ! C'est qui à ton avis ?"

Je sais très bien qui c'est mais je caresse les mains de mon interlocutrice. Avant de me retourner je lui répond :

"Hum... je reconnais ces mains... C'est toi Anaïs ?"

Elle répond d'un ton boudeur :

"Non...

- Anna ?

- Toujours pas...

- Ah ! Jade ?"

Elle me frappe sur l'épaule. Je ricane.

"Ahah je sais très bien que c'est toi Louise.

- Pourquoi t'as fait exprès alors ?

- Parce que c'est drôle.

- Elles existent au moins ?

- Ouais. Des bons coups.

- Je veux pas savoir.

- Pourquoi tu boudes ?

- Je ne boude pas !

- Hum... Je dois faire quoi pour que tu ne boudes plus ?

- Mais je ne boude pas !"

Je ne dis plus rien et on se regarde. Ce n'est qu'un peu plus tard que Louise détourne le regard. Elle a l'air d'être triste. Je ne sais pas pourquoi, je la prend dans mes bras. Mes mains sont autour de ses épaules tandis que les siennes enlacent mes hanches. J'entend les battements de son cœur (ils vont plutôt vite). Ce câlin me détend. Je me sépare d'elle et lui chuchote :

"On doit rentrer en cours princesse."

Louise acquiesce. Je lui embrasse la joue et je rentre dans la salle sous le regard de Rachel. Louise s'assoit à coté d'elle et moi je m'installe près du radiateur au fond de la classe pour dormir. C'est espagnol de toute façon alors je m'en fous.

Blablabla j'ai rien compris. Je ne comprend vraiment pas l'espagnol. Je sais juste dire "Me gusta el chocolate". Je confond même mon nom et mon prénom sur les feuilles de DS (el apellido et el nombre).

Hop ! C'est déjà l'heure de manger ! Ça va vite hein ? Ça s'appelle :
✨ la magie de l'écriture ✨

Je m'installe, seule mais je vois Louise et Rachel venir à ma table. Louise me sourit alors que Rachel ne me regarde même pas. Louise est la seule à parler. Je regarde mon portable et je vois un message :

Le trou d'uc en chef :

Cc. J'espère que ça va. Pas de nouvelles de ta part. Quelle tristesse de voir son enfant ainsi. Décevant. J'aurais bien aimé t'avoir au tel. Tu m'attristes. Si tu m'avais appelé, tu saurais que je pars en voyage d'affaire pendant un mois. Tu aurais pu venir avant. Un week-end ensemble depuis 7 mois, ce n'est pas la fin du monde. Avec mes parents, je ne me suis jamais comporté ainsi. Toi qui veut faire psy, il y a du boulot. Bonne journée

Je soupire fortement. Ne pas s'énerver, ne pas s'énerver, ne pas s'énerver. Louise s'arrête de parler et me regarde. Je lui parle avec un ton froid :

"Je dois répondre à un message. Ne t'occupe pas de moi.

- Euh... d'accord."

Je cherche mes mots parce que me connaissant, je pourrais lui répondre "ta gueule".

De moi :

Ptdrr ya 2 semaines ça faisait 4 mois, maintenant c'est 7. Je ne vois AUCUN rapport avec la psychologie

Le trou d'uc en chef :

Déjà c'est accepter de se poser les bonnes questions pour essayer de comprendre. Ton comportement de mépris et d'indifférence avec ton père est-il normal ? Ton père a plus d'expérience que toi et tu devrais profiter de ce recul sans penser avoir toujours raison

De moi :

Tu t'étonnes que je ne te parle pas mais si c'est pour me prendre de haut, non merci

Le trou d'uc en chef :

L'humilité tu connais ? Je ne te prends pas de haut, j'essaie de te faire comprendre certaines choses. Arrête de donner des leçons à ton père. Je pense que c'est plutôt l'inverse qui doit se faire. Écoute...

J'ai 54 ans et tu n'en as que 19. Ne l'oublie pas. Je peux t'apporter ce recul que tu n'as pas encore. L'expérience de la vie est un apport bénéfique que je peux t'apporter, même si tu es libre d'en profiter

Je suis à deux doigts de lui claquer "oui père fouras" mais j'ai pas envie qu'il me fasse chier après. Je ne lui répond plus. Je prend mon plateau puis je me lève un peu violemment. Louise affiche un air inquiet. Je m'excuse et je lui dis que je dois prendre l'air. Ce qui est tout à fait vrai.

Je m'installe contre un arbre dans un endroit isolé du lycée. Je sens mon cœur battre dans ma poitrine. Le bruit autour devient de plus en plus insupportable. J'entend beaucoup de voix grave, aigu, qui crie... Je respire un peu plus fort. J'ai la nausée. Je me démange de partout. Je me cache les oreilles de ce brouhaha, je me balance un peu, je me recroqueville, je respire fort, j'ai chaud, bruit, nausée, faut que je respire. Je met mes écouteurs et je me concentre sur la musique. J'inspire. Je ferme les yeux. J'expire. Je me calme.

C'est bientôt l'heure de retourner en cours. Je me lève, toujours les écouteurs dans les oreilles. J'évite Louise le reste de la journée. J'ai besoin d'être seule.

Je reçoit un message de Louise qui m'écrit :

De Lou :

Tu à l'air d'aller mal, ça va ? Tu m'as évité toute la journée. J'ai fais quelque chose de mal ? Je suis là pour toi. Bonne nuit ma puce <3

Je souris un peu à son message mais je ne lui répond pas. Je verrais demain.