Alice in bordel land

Le daron poubelle

Je prépare mes affaires pour aller chez mon père. Je prend que le strict nécessaire, c'est à dire sweat noir, jean noir, chaussettes noires et boxer (je ne vous dirais pas la couleur, qui est, soit dit en passant, très difficile à deviner). Je ne reste que le samedi et c'est déjà suffisant. Bien évidemment il n'est pas très content.

Le trou d'uc en chef :

Bien dommage pour ne venir que samedi, sous réserve d'un résultat médical que j'attends mercredi

Aucune nouvelle de ta part et impossible de te joindre. Bizarre comme relation avec son père

Une de ses grandes spécialités : te faire culpabiliser. Ça ne marche pas sur moi mais c'est chiant de l'entendre se plaindre tout le temps. On a jamais eu une bonne relation père/fille de toute façon. Sauf que ça, il ne s'en rend pas compte.

Je monte dans sa voiture. Il me parle de son travail ou un truc comme ça. Je ne l'écoute pas parce que ma musique est plus intéressante.

"Tu ne parles jamais. Fait un effort."

Je soupire.

"Tu veux que je te parle de quoi ? De toute façon tu m'écouteras uniquement si ça t'intéresse.

- Tu as un petit copain en ce moment ?

- Ou une petite copine ?

- Ne recommence pas avec ça.

- Je suis lesbienne, gay, une pédale. Appelle ça comme tu veux mais j'aime les vagins.

- C'est parce que tu es encore jeune. Tu verras quand tu coucheras avec un homme.

- Sauf que ça n'arrivera pas."

Je vois que mon père serre les dents et les poings sur son volant. Il appuie sur l'accélérateur et devient plus brusque dans sa conduite. Si je continue, on va avoir un accident. Même si de base, il ne sait pas conduire. Il se vante d'avoir eu son permis durant un enterrement (du coup il y avait personne). Sa voix redevient mielleuse.

"Ce midi on mange des pommes de terre avec du bifteck. 32 euros le kilo.

- Ok.

- Bah ça va ? On dirait que tu fais la gueule."

Je ne répond pas. Il hausse le ton.

"Aller, tu vas passer du temps avec ton père ? Ça fait longtemps que j'ai pas vu ma fille. Tu ne vas pas rester enfermée dans ta chambre quand même ?

- J'ai une grosse dissert en philo et n'oublie pas que Louise vient. T'avais dit oui.

- Mais ça va prendre toute l'après midi. Elle pourra manger avec nous le soir. Elle viendra vers 16h.

- Pourquoi pas plus tôt ?

- Je vais pouvoir passer au moins un repas avec ma fille non ?

- Le déjeuner ne dure pas jusqu'à 16h."

Il s'agace.

"Ça va faire 10 mois qu'on ne s'est pas vu. Tu arrêtes maintenant.

- Au pire ça fait 4 mois, pas 10. Arrête d'exagérer tout le temps.

- Tu vois pas comment tu parles à ton père ? Je me comportais pas comme ça avec mes parents."

Je marmonne.

"Sauf que tes parents ne sont pas comme toi."

Mon géniteur s'arrête brusquement en plein milieu de la route. Il me regarde, à deux doigts de déverser sa colère. Il hausse un peu le ton.