Chapitre 9

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          Erwin se réveilla lentement. Il jeta un œil sur sa montre, il fut ravi de voir que c'était le matin. Il a encore une chance de dire au revoir à Levi ! Remarquant qu'il n'était plus avec lui, il s'était dit que Levi prenait peut-être son petit-déjeuner. Alors, Erwin se leva, mais fit tomber quelque chose. Il vit la photo de sa défunte mère sur le sol. Quand il la récupéra, il remarqua à quel point Levi était le portrait craché de sa mère. Un sourire attendri s'affichait sur son visage.

          Il descendit les escaliers à la hâte, mettant la photo pliée dans la poche de son pantalon. Mais quelque chose n'allait pas. Erwin vit ses parents, au niveau de l'entrée, observant au loin. Il s'approcha d'eux, inquiet.

" — Que se passe-t-il ? ( Beata et Wilhelm se tournèrent vers lui, dévoilant les bagages de Levi au niveau de l'entrée.) Où est Levi ?

— Chéri, nous sommes vraiment désolés. . .

— Où est Levi ?"

          Il continua à fixer les bagages. Levi devait être ici ! La preuve : ses bagages étaient encore là ! Beata s'approcha de lui, caressant de haut en bas et bas en haut son bras.

" — Il est parti, lui dit-elle.

— Où ça ?

— À la gare," déclara soudainement son père.

          Beata se tourna vers lui, choquée. L'ami de son fils était parti au front, et son mari osait lui mentir ? Erwin fronça des sourcils.

" — Sans ses valises ? constata le blond.

— La police est allée le chercher, car les étrangers sont à présent interdits en France, mentit Wilhelm. Peut-être qu'ils ont peur qu'il y ait des espions. . . Levi a été emporté à la hâte. On a même pas pu lui dire au-revoir."

           Il ne le croyait pas. En tout cas, il refusait d'y croire. Cela n'avait aucun sens ! Connaissant Levi, il aurait protesté, mais il ne se serait jamais laissé faire. Erwin observa le chemin qui conduisait à la sortie du territoire de la famille Smith, la gorge nouée.

" — Je n'ai même pas pu lui dire au-revoir. . .

— Nous le savons, mon cœur. On est sincèrement désolé, ajouta sa mère. Vous aviez l'air très proches tous les deux. ( Elle enroula ses bras autour de son fils.) C'était un homme en or, malgré sa froideur.

— De toute manière, commença Erwin en s'essuyant les yeux larmoyants. ( Il sourit à sa mère.) Je savais qu'il allait partir. Mais je vais le revoir, alors il n'y a pas de quoi s'inquiéter !"

          Honteux, Wilhelm ne répondit pas et fuya le regard de son fils. Beata frotta son dos à l'aide de sa main. Elle continua à se blottir contre lui, espérant réconforter son fils. Erwin la laissa l'étreindre. Mais quelque chose réanima cette joie qui se cachait en lui quand il était aux côtés de Levi. Il se rappela de la photo de sa mère, dans sa poche. Il se promettait de ne jamais abandonner ce portrait qui représentait tant pour lui. C'est le souvenir symbolique qu'il lui restait de son amour.
          Erwin s'éloigna de sa mère.

" — Qu'est-ce que vous en dîtes : on emménage dans notre maison de vacances, dans l'ouest de la France, et on vit comme des vacanciers jusqu'à la fin de la guerre ! s'exclama son père.

— Quand tu es déterminé, on ne peut jamais t'arrêter. . ., sourit Erwin.

— Avoue-le ! C'est une bonne idée !

— Elle me semble juste. . .

— D'accord les garçons, attendons quelques mois pour cela ! gloussa Beata. Il ne me reste plus qu'un voyage d'affaires, puis je prendrai de longues vacances ! Alors attendez mon prochain retour.

— Ça me va," soupira Wilhelm.

          Ses parents allèrent dans le salon, mais Erwin ne bougea pas. Il continua à fixer le bout du chemin. Sa main serra la photo placée dans sa poche, et pensa très fort aux prochains mots.

" — Tu me manques déjà."

We'll Meet Again | Eruri Où les histoires vivent. Découvrez maintenant