Chapitre 18

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          Hansi courut dans la forêt. Après avoir longuement cherché les documents concernant les décès constatés à la guerre, il eût enfin la réponse à sa question. C'est noël, et Erwin va avoir un gros cadeau pour lui ce soir ! Enfin, s'il arrive à temps jusqu'au point de rendez-vous. Car des patrouilles allemandes surveillaient et parcouraient les bois, à la recherche de résistants.

          Les papiers dans sa sacoche disaient long sur le parcourt d'un certain Erwin Smith, soldat de la guerre mondiale. Hansi les avait emporté avec lui, sans l'autorisation de quiconque. Mais bon, quelle affaire ? Tout ce qu'il voulait, c'était de revoir le sourir d'Erwin une seconde fois, depuis deux ans !

          Essoufflé, le jeune homme s'arrêta en chemin. Bientôt, il se mit à pleuvoir doucement. C'était apaisant. Caché derrière un buisson, Hansi s'attacha plus correctement les cheveux humides par la pluie. Mais une lumière étincela son buisson. Pas directement, pourtant. Une personne éclairait l'endroit où était le résistant.

          L'allemand beugla quelque mots inconnus pour Hansi, qui, à leur tonalité, montraient une forme de menace. Le jeune homme soupira, dégaina son pistolet et se releva d'un coup. À peine que l'allemand put réagir à cette soudaine apparition, Hansi tira dans la hanche de l'homme. Il hurla de douleur en s'effondrant, les mains se pressant contre sa blessure sanglante. Par terre, paniqué, il haletait fortement dû à la douleur mais aussi par l'effroi de quitter ce monde. Le bout d'une botte souillée par la boue s'écrasa contre sa bouche. Éclairé par la lanterne, Hansi se pencha en lui adressant un regard noir.

" — La ferme. Tu vas finir par réveiller tous tes copains si tu continues à brailler comme ça."

          L'allemand, sous un effort sur-humain, planta la lame de son couteau dans la cuisse du résistant. Hansi cria à son tour en s'éloignant. Tellement surpris de voir l'arme blanche dans sa cuisse, il la retira d'un coup sec, ne mesurant même pas l'intensité de la douleur qui allait le traverser. Jetant la dague imbibée de sang par terre, Hansi se tourna vers lui. Avec le dos de sa main, il essuya ses larmes de douleur et puis s'approcha du blessé en boitant. En dégainant son arme et la pointant sur le front de l'allemand, il lui prononça des mots peu commodes.

" — Espèce de sale enfoiré, tu l'auras bien cherché celle-là !"

          À deux doigts d'appuyer sur la gâchette, Hansi fixa les yeux du soldat avec colère.

          Quand, tout à coup, un avion passa juste au-dessus d'eux, frôlant le feuillage des arbres avec une vitesse incroyable. Obnubilé par l'engin, Hansi le suivit du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse hors de sa vue. Restant figé vers la direction de l'avion, il ne baissa tout-de-même pas son arme.

" — Pardon ?" dit-il soudainement, surpris.

          Un coup de feu retentit dans la forêt. Hansi, tout en rengainant son pistolet dans son étui, se mit à marcher vers l'engin pour le voir dans le ciel. En boitant, il traversa quelques rangées de buissons et d'arbres. Puis, une longue et large plaine se dévoilait à lui, sous ce beau ciel étoilé.

          Silencieusement, l'avion apparut de nouveau dans son champ de vision, et il commençait à planer. Son moteur ne tournait plus. Lentement, l'engin longeait la plaine, jusqu'à ce qu'il s'écrasa dans celle-ci. Fort heureusement, les pilotes devaient être sains et saufs.
          Reconnaissant le drapeau français sur l'une des ailes, Hansi se précipita vers l'avion, mais en boitant.  Sa main se pressait contre sa cuisse pour empêcher le sang de couler.

          Le résistant, arrivé près de l'appareil, grimpa sur l'aile pour accéder à la porte.

" — Hého ? Vous allez bien ? Je suis français, ne vous inquiétez pas !"

We'll Meet Again | Eruri Où les histoires vivent. Découvrez maintenant