Chapitre 10

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Je ne m'étais pas élevée de deux mètres au-dessus du sol que j'avais déjà les mains en sang. Je n'arrêtais pas de m'enfoncer des morceaux pointus dans la peau, je me coupais sur des bords aiguisés et je devais serrer les dents de toutes mes forces pour ne pas laisser échapper des gémissements de douleur.

Mais je devais continuer de grimper pour pouvoir atteindre mon objectif: un trou entre les piliers, juste assez grand pour me permettre de passer. Si ce tunnel devait mener quelque part, c'était bien vers les coulisses. Même si cette partie du stade s'était également effondrée, atteindre la sortie serait sûrement plus simple en passant par là, parce qu'il n'y avait pas autant de piliers, de plateformes et d'échafaudages.

Je m'imaginais déjà passer ma tête dans une ouverture entre les décombres et sentir l'air frais me caresser le visage. Je me voyais dégager une sortie assez large pour évacuer les blessés, aller chercher tous les autres, leur annoncer la bonne nouvelle...

Des cris de joie qui n'existaient pas encore résonnaient dans mes oreilles. Maintenant que j'étais loin du groupe, mon ouïe était décuplée. J'entendais mon sang cogner dans mes veines, j'entendais une vague agitation quelque part au-dessus de ma tête, j'entendais mes ongles crisser sur le métal, j'entendais ma respiration rendue difficile par l'effort, j'entendais le métal grincer sous mon poids...

Je m'arrêtai un moment, le temps d'évaluer la distance que j'avais parcourue et de réajuster ma prise sur ma bouteille d'eau. Je n'étais pas montée très haut, je voyais deux ou trois personnes assises par terre qui me regardaient progresser. Sans doute se demandaient-elles ce que j'étais en train de faire.

J'étais en train d'agir.

Je bus une longue gorgée d'eau, réduisant ma réserve à un fond de bouteille, et je m'essuyai le front avec mon T-shirt. Mon regard se perdit dans la contemplation des restes de peinture sur mes bras. Une légère trace verte témoignait de la présence d'un drapeau irlandais juste sous mon poignet. J'entendais encore les rires de Carmenn, Louisa et Skylynn.

Aurions-nous pu être amies, si tout ça n'était pas arrivé? Aurions-nous gardé contact?

Skylynn, qui n'était qu'à quelques centimètres de moi quand le stade avait commencé à s'effondrer... Si je l'avais traînée par la main, peut-être aurait-elle survécu. J'aurais pu la sauver. En y repensant, j'aurais pu sauver beaucoup de monde. Mon abri était assez grand pour accueillir une poignée de personnes de plus.

Je secouai la tête pour en chasser la culpabilité et la peur qui me rongeaient et me remis à escalader cette montagne de fer. Je me concentrais pleinement sur mes prises, qui se faisaient de plus en plus rares.

- Tu vas loin pour pisser.

Ma main dérapa sur le métal, y laissant de grosses gouttes de sang lorsque ma peau se déchira. Je laissai échapper un cri de douleur en reprenant mon équilibre et baissai la tête vers Zayn, qui n'était qu'à quelques centimètres de moi, sur ma droite.

- Putain de merde, Zayn!

C'était la seule chose qui m'était venue à l'esprit. J'essuyai ma main sur mon pantalon et contemplai la coupure qui partait de mon annulaire et descendait jusqu'à mon poignet. Une sacrée blessure, qui me laisserait une sacrée cicatrice.

En plein dans la ligne de vie.

Et mon père qui disait toujours que les coïncidences n'existaient pas. J'en avais une belle sous les yeux.

Zayn se hissa jusqu'à moi et me fit les gros yeux. Je lui rendis son regard, avec intérêts.

- Sale con.

Trapped. (One Direction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant