Chapitre 4

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Nous avons tous déjà eu cette impression qu'à notre réveil, le cauchemar que nous étions en train de faire n'était pas tout à fait terminé. Que nous n'étions pas tout à fait en sécurité. Que le tueur qui nous poursuivait se cachait quelque part dans la chambre, attendant dans un coin sombre de pouvoir nous achever. Oui, nous connaissons tous ce sentiment.

Lorsque je parvins enfin à ouvrir les yeux, je ne vis rien. Rien du tout. Tout était noir. Mais j'avais l'habitude, je dormais toujours dans le noir le plus complet. Les ombres ne me faisaient pas peur. Je grimaçai légèrement lorsque je sentis un ressort de mon vieux matelas me rentrer dans les côtes et me tournai sur le côté pour trouver une position plus confortable. Je tâtonnai pour chercher mon oreiller, mais ne trouvai que des morceaux de bois, de métal et une main.

Une main.

Puis tout me revint. Comme un film d'horreur dont il manquait certaines parties. Un puzzle dont les morceaux ne s'imbriquaient plus tout à fait. Un cauchemar éveillé. Je me mis à hurler, à appeler à l'aide, à me débattre. J'étais coincée sous les débris du Wembley Stadium. Des tonnes de métal. Mon corps tout entier me faisait mal. Je crachai un mélange de sang et de salive et me forçai à respirer. Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer. Mes bras bougeaient parfaitement, malgré le pincement au niveau de mon épaule gauche. Elle devait être déboîtée. Ma jambe droite était coincée sous quelque chose, mais la gauche était libre. Mon corps était recouvert de débris en tout genre, mais rien de trop lourd.

Je parvins à me redresser légèrement et essayai de soulever ce qui bloquait ma jambe, mais c'était trop lourd et trop douloureux pour mon épaule. Je devais évoluer à tâtons, parce que je ne voyais absolument rien. J'essayai une nouvelle fois d'appeler à l'aide, je ne pouvais pas être la seule survivante, ça ne pouvait pas être possible. Quelque chose bougea au-dessus de ma tête. J'entendais un raclement et de la poussière me tombait dans les cheveux. Puis un faible rayon de lumière perça dans l'obscurité. Une main tâtonna et se posa sur ma tête.

- Tu peux bouger?

Je reconnus la voix du père de Lizbeth. Il était vivant, et à priori sain et sauf. Cette pensée me rassura et me réconforta, un peu comme une étreinte de la part de mon propre père.

- Je suis coincée.

Ma voix était éraillée, j'avais crié pendant beaucoup trop longtemps. Le père de Lizbeth me caressa les cheveux et interpela d'autres personnes.

- Il y a une survivante, par ici! Venez m'aider à la sortir de là-dessous!

On allait me sortir de cet enfer. On allait m'évacuer vers un hôpital. On allait soigner mes blessures. On allait prendre soin de moi. On allait appeler mes parents.

Je laissai échapper un petit soupir de soulagement en voyant le trou au-dessus de ma tête s'élargir. Plusieurs paires de mains s'activaient en rythme, guidées par la voix du père de Lizbeth. Son visage apparut quelques secondes plus tard. Je lâchai un sanglot et me mis à pleurer. Mon soulagement était tel que je ne pouvais plus me contrôler.

- Tu es bien Richie, n'est-ce pas? Je m'appelle Jem. Ne t'en fais pas, on va te sortir de là.

J'essayai de lui répondre mais ne parvins qu'à émettre un nouveau sanglot. Jem, qui était trop large d'épaules pour passer dans le trou, se décala et un autre homme, un adolescent, se glissa jusqu'à moi. A nous deux, nous parvînmes à soulever ce qui bloquait ma jambe. Je me dégageai rapidement et me laissai porter par mes sauveteurs, trop faible pour faire quoi que ce soit d'autre. Je fus allongée sur un monceau de débris métalliques et Jem déchira mon pantalon pour vérifier ma jambe. Il la fit bouger, me força à plier le genou, tâta ma cheville. Mais il ne trouva rien d'alarmant. Quant à mon épaule, il me la remit en place en tirant d'un coup sec sur mon bras, ce qui m'arracha un nouveau cri de douleur.

Trapped. (One Direction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant