Chapitre 10

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À écouter durant la lecture : "Take the crown" de Secession Studios!

Gabriel Agreste se releva, visiblement affaibli. Ses vêtements autrefois propres et lisses étaient salis et son arcade sourcilière était fendue. Pourtant, ce qui perturba le plus son fils fut l'absence de son habituel foulard rouge, autour de son cou. A la place, le miraculous du papillon orné fièrement sur sa chemise. Aussitôt, alors que Ladybug quittait son compagnon pour se précipiter vers ses amis, Gabriel se transforma en échangeant un regard avec Chat Noir. Ce dernier réalisa avec peine que son père n'avait même pas la force de l'affronter avec son vrai visage, lâche jusqu'au bout.

- Alya ! Nino !

Ladybug tomba à genoux devant eux et vérifia rapidement s'ils respiraient toujours. Hypothèse qui fut confirmée quelques secondes plus tard. Elle souffla de soulagement et, au moment de tourner la tête vers son adversaire, Ladybug sentit sa canne appuyée contre sa gorge. Elle déglutit et ne fit aucun mouvement. Elle s'apprêtait à ouvrir la bouche quand son coéquipier la devança.

- Nous ne te donnerons jamais nos miraculous, père.

L'atmosphère autour d'eux s'alourdit. Le ton détaché qu'avait utilisé Chat Noir fit hausser les sourcils de Papillon, aussi surpris que Ladybug de la manière avec laquelle son partenaire adressait la parole à leur plus grand ennemi. Chat Noir était fatigué, épuisé de devoir se battre. Il pensait qu'il allait déborder d'énergie, de rage devant son père ; ce fut en fait tout le contraire. Il en avait marre, exaspéré de devoir tout négocier dans sa vie. Même en sachant pertinemment qu'il allait blesser son fils, son père avait préféré kidnapper ses meilleurs amis. Et il menaçait maintenant Ladybug. Que lui faudrait-il encore ?

- Adrien, tu ne comprends pas ! Je fais tout ça pour nous, pour qu'Emilie revienne et que nous form-

- Nous ne serons jamais une famille, coupa court le héro. Ton souhait est devenu irréalisable le moment où tu as préféré consacré ta vie à te servir du malheur des autres plutôt que de t'occuper de ton propre fils.

Papillon relâcha la pression qu'il exerçait sur la gorge de Ladybug un instant, stupéfait de la façon dont Adrien lui répondait. Ce fut ce qu'il fallait pour que Ladybug se défasse de son emprise et s'éloigne. De son côté, Chat Noir bougeait enfin, avançant sereinement jusqu'à son père ; ses mots plus tranchants les uns que les autres.

- Pendant très longtemps, je m'en suis voulu d'avoir pensé qu'une seule petite seconde que la mort de maman allait nous rapprocher. Comment pouvais-je être aussi cruel d'espérer que tu m'accorderez plus de temps, maintenant qu'elle était partie.

Chat Noir se planta devant lui, la tête haute, les larmes menaçant de couler. Les poings serrés, le visage déformé par la douleur et la gorge nouée, il continua.

- Mais à présent, je me sens juste idiot. Idiot d'avoir cru un seul instant que vous vous intéresseriez à moi, que vous vous rendriez compte de ma présence. J'ai toujours été invisible à vos yeux ! Cria-t-il.

Ladybug détourna le regard, incapable de continuer à endurer ce drame aux premiers rangs. Papillon lui, ne répondit rien. Un silence tomba dans la pièce, aussi glacial qu'une bourrasque en pleine tempête d'hiver. Chat Noir retint ses pleurs et sa respiration en dévisageant l'homme qui ne l'aimerait jamais ; tant qu'il le pouvait, jusqu'à ce que son instinct de survie reprenne le dessus sur sa volonté. Alors, une inspiration entremêlée d'un sanglot qu'il essayait de ravaler brisa le silence. Face au peu de réaction de la part de Papillon, Chat Noir secoua la tête alors que ses larmes s'écrasaient au sol. Dans un dernier élan de courage, il baissa la tête et posa son front contre le torse de son père alors qu'il murmurait :

Avant que tout imploseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant