Chapitre 4

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A écouter durant la lecture ; "Come, gentle night" de Abel Korzeniowski

En plein Paris, le combat avait cessé. Le marchand de sable avait été temporairement privé de son pouvoir, immobile dans les airs. Chat Blanc, était assis sur un balcon, sa queue bougeant paresseusement dans l'air, attendant les nouveaux ordres. Seuls trois personnes avait découvert l'identité de Chat Noir et pourtant, le temps s'était comme arrêté. Les civils s'étant réfugiés dans les boutiques et maisons ne bougèrent pas, la circulation, les bruits de klaxons avaient disparus, ou s'étaient peut-être fondus dans le silence lourd régnant. Le Papillon et Ladybug étaient des ennemies jurés, cependant leurs réactions face à la découverte de l'identité du héros de Paris furent similaires. Ils étaient trop choqués pour réagir tout de suite.

Ladybug hésitait entre rire ou pleurer. L'ironie du sort avait choisi que son cœur douterait entre deux garçons qui étaient en fait le seul et même. Son meilleur ami, son amoureux ; son partenaire, son camarade ; son soleil et sa nuit. Chat Noir était Adrien. Adrien était Chat Noir. Sa mémoire chercha alors à rembobiner toute l'histoire, avec leurs rôles inversés. Leur première rencontre ; Adrien était la première personne qui avait cru en Ladybug ; Chat Noir lui avait donné son parapluie ; elle avait embrassé Adrien pour le délivrer de l'influence d'un akuma ; Chat Noir lui confectionnant un porte-bonheur en réponse à celui qu'elle lui avait offert ; Adrien admirant Ladybug et lui déclarant son amour ; Chat Noir aveugle face au comportement de Marinette quand elle était près de lui ; le dîner qu'avait préparé Adrien pour Ladybug, en vain ; les danses qu'avaient partagé Chat Noir et Marinette ; Adrien renonçant à son Miraculous à New York ; Chat Noir appelant Marinette leur Ladybug de tous les jours ; Chat Noir s'isolant de plus en plus ; Adrien reprochant à Ladybug de le mettre à l'écart ; Chat Noir consolant Marinette ce soir. La jeune héroïne se sentit tourner de l’œil et serra son yoyo fort dans sa main, se raccrochant à quelque chose de réel. Le vilain rendait les cauchemars vivants et pourtant, une petite voix au fond de Ladybug la fit douter. Était-ce un cauchemar ou bien un rêve ?

Son cœur s'emballa et elle saisit toute l'ampleur de la situation. Chat Noir n'était d'autre que le garçon dont elle était tombée amoureuse ; Adrien n'était d'autre que son fidèle compagnon, à qui elle confirait sa vie sans la moindre hésitation. Deux êtres aussi chers à ses yeux réunis dans une seule et même personne. L'émotion qu'elle ressentit en à peine quelques secondes la fit presque que suffoquer. Une agréable et douce chaleur la parcourit entièrement ; le soulagement l'envahit. Malgré le choc de la révélation, le désarroi et même l'incompréhension, Ladybug n'aurait pas pu rêver mieux. Et ce fut cette réalisation qui fit serrer son cœur. Quand il découvrirait que la brune n'est pas que son amie mais aussi l’héroïne qui lui avait brisé le cœur et l'avait mis sur la touche ces dernières semaines, comment réagirait-il ? A quel point Marinette changerait à ses yeux ?

Ladybug prit alors son courage à deux mains et chassa ses peurs dans un coin de sa tête. Il ne savait pas encore, et ce qui l'effrayait le plus pour l'instant, était le silence dans lequel elle s'était mue depuis qu'elle avait découvert son identité. Ses états d'âme attendraient ; pour l'instant, elle devait porter toute son attention vers Adrien qui allait se briser si elle en croyait ses mains tremblantes, sa respiration forte et les larmes qui affluaient à ses yeux. Elle souffla et avança vers lui, prudemment.

- C'est de ma faute, murmura-t-il.

Ladybug sentit son cœur s'écraser et réalisa que le jeune garçon craignait sa réaction. Elle, qui était toujours à cheval concernant leurs identités secrètes, qui n'avait jamais envisagé leur découverte et qui lui avait fait croire involontairement qu'il était devenu inutile à leur équipe, comprit que son comportement à cet instant même pourrait bien tout changer -si ce n'était pas déjà le cas. Alors, prudemment, elle leva une main vers le visage du blond et sécha de deux doigts la larme qui avait coulé le long de sa joue. Elle secoua la tête de gauche à droite. Elle devait déjà le convaincre qu'il n'était en aucun cas responsable de la situation, bien au contraire : il avait agi comme il l'avait toujours fait, c'est-à-dire lui vouer une confiance absolue.

Avant que tout imploseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant